OCEANIE

Papouasie Nouvelle-Guinée

L’hétérogène ensemble insulaire est agité par les ambitions sécessionnistes de l’île de Bougainville.

462 840 km²

Monarchie parlementaire, membre du Commonwealth

Capitale : Port-Moresby

Monnaie : le kina

9,8 millions de Papouans-Néo-Guinéens

Placée entre la mer de Corail et l’océan Pacifique, la PNG n’est qu’à quelques encâblures des îles australiennes du détroit de Torrès qui la sépare de l’île-continent au Sud. Le pays est constitué de deux grands ensembles : d’une part, une petite moitié orientale (372 000 km²) de l’île de Nouvelle-Guinée, considérée comme la deuxième plus

grande du monde (après le Groenland), la moitié occidentale étant indonésienne ; d’autre part des îles périphériques, dont les plus importantes sont celles de l’archipel Bismarck – la Nouvelle-Bretagne (36 520 km², 500 000 habitants) et la Nouvelle-Irlande (8 650 km²) – ainsi que l’île de Bougainville (10 000 km², 300 000 habitants) ; située au nord de l’archipel des Salomon (lui-même indépendant), elle constitue une région autonome (cf. Encadré). La PNG compte plus de 5 000 km de côtes et un peu plus de 820 km de frontière terrestre avec l’Indonésie en Nouvelle-Guinée.

Le relief de la grande île est constitué d’un ensemble de montagnes, la Chaine centrale, s’étendant d’est en ouest sur plus de 1 600 km et culminant à plus de 4 500 m en PNG (et près de 4 900 m dans la partie occidentale). A ces « Highlands » s’ajoutent des plaines côtières et des collines vallonnées, couvertes de forêts tropicales, caractéristiques du climat. Comme toute la « ceinture de feu » du Pacifique, la zone est soumise à un volcanisme actif.

La population de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l’une des plus hétérogènes au monde. Le pays compte plusieurs centaines de groupes ethniques, pratiquant plus de huit cent langues, soit plus de 10 % de celles parlées dans le monde ; la plupart ont toutefois moins de mille locuteurs. Trois ont le statut de langue officielle : la plus parlée est le tok pisin (pidgin de base anglaise), loin devant l’anglais et le hiri motu (pidgin basé sur le motu, une des langues papoues). Les ethnies papoues représentent 78 % de la population, devant les Mélanésiens et les « Négritos ». 80 % des habitants vivent dans les campagnes, essentiellement sur les hauts plateaux et dans les zones côtières. De nouvelles tribus isolées y sont encore épisodiquement découvertes.

Plus de 95 % de la population est de confession chrétienne : 26 % catholique et plus de 64 % appartenant à diverses obédiences protestantes (luthériens 18 %, adventistes du septième jour, pentecôtistes…).

En 1972, l’ancien enseignant Michael Somare est élu sur la promesse d’obtenir l’indépendance des anciennes colonies anglo-australiennes et allemandes que l’Australie a réunifiées en 1914 : l’est de la Nouvelle-Guinée, ainsi que l’archipel Bismarck et le nord des îles Salomon (cf. Le monde malais avant les indépendances). De fait, l’ensemble accède à l’autonomie en 1973 et à la pleine souveraineté deux ans plus tard. Confiée au père de l’indépendance, la gouvernance du nouvel État n’est pas des plus simples : la scène politique est émiettée en nombreuses formations, représentatives de l’extrême diversité ethnique du pays, émiettement qui favorise le clientélisme et la corruption.

Parti en 1985, avant que n’éclate la sécession de Bougainville (cf. infra), Somare fait son retour sur le devant de la scène en 2002, à la tête de son Alliance nationale et se maintient au pouvoir jusqu’en 2011. Malade, il est remplacé, l’année suivante, par le chef – pro-chinois – du Congrès national populaire. Réélu en 2017 – après une campagne législative ayant fait deux cents morts – ce dernier doit céder sa place deux ans plus tard à un dissident pro-australien de sa propre formation, James Marape, leader du Pangu Pati et membre de l’Église adventiste. En juillet 2019, une vingtaine de personnes, dont des enfants et des femmes enceintes, sont tuées à la machette ou aux armes automatiques, lors d’affrontements tribaux dans l’ouest du pays, région en proie à des violences courantes, parfois séculaires : aux contentieux anciens, découlant de viols, de vols ou de conflits territoriaux, se sont ajoutées des rivalités pour le contrôle de terres riches en matières premières.

En dépit de l’instabilité de ses soutiens politiques, Marape est reconduit en 2022 à la tête du gouvernement, à l’issue de législatives une nouvelle fois entachées de fraudes et marquées par la violence : une cinquantaine de personnes trouvent la mort, dont une femme tuée, avec son bébé dans les bras, par la police qui tire sur des électeurs mécontents de ne pas pouvoir voter. En février suivant, le pays connait une première : les ravisseurs d’un petit groupe d’étudiants et d’un archéologue néo-zélandais, enlevés dans les montagnes exigent le paiement d’une rançon, qui ne sera finalement pas versée, bien que les otages aient été libérés.

Sur le plan diplomatique, le régime renforce ses liens avec l’Inde et avec les Occidentaux (Union européenne, Israël), afin de contrer l’influence chinoise dans la région. En mai 2023, il signe avec les États-Unis un pacte de sécurité qui prévoit un accès aux ports et aux aéroports papouasiens pour les forces américaines, en échange d’un accès de la Papouasie-Nouvelle-Guinée aux satellites de surveillance américains. Les États-Unis lui verseront aussi une aide pour lutter contre le crime organisé, le changement climatique et le virus du sida, ainsi que des équipements de protection pour son armée. En décembre, la PNG signe un accord avec l’Australie, destiné à renforcer les moyens de sa police et de sa justice contre le trafic de drogue et d’armes, ainsi que les violences tribales. L’accord comprend également des dispositions sur le changement climatique, la cybersécurité et les secours en cas de catastrophe.

En janvier 2024, des troubles font une quinzaine de morts à Port-Moresby et à Lae, la deuxième ville du pays située plus au nord. Déclenché par des policiers, soldats et gardiens de prison dont le salaire n’a pas été versé – du fait d’une erreur administrative – le mouvement tourne à l’émeute, des habitants profitant du retrait des forces de l’ordre pour se livrer au pillage et au saccage de bâtiments publics et de magasins. Malgré de considérables potentialités minières et énergétiques (or, cuivre, nickel, argent, cobalt, gaz…), le pays demeure un des pays les moins développés du monde, la chasse et la cueillette y subsistant encore aux côtés de l’agriculture vivrière. Le développement des investissements et des infrastructures y est freiné par une corruption et une violence endémiques : les ruraux qui se sédentarisent dans les villes y apportent parfois les traditions guerrières de la brousse, à l’image des centaines de bandes de « raskals » qui sévissent à Port-Moresby.

Séculaires, les violences tribales ne disparaissent pas pour autant dans les campagnes. Les affrontements pour le contrôle des terres ne s’y effectuent plus seulement avec des machettes et des couteaux, mais aussi avec des armes à feu, des mercenaires et des drones, fournis par des politiciens locaux et des hommes d’affaires, sur fond de trafics divers (drogue, argent, femmes). C’est particulièrement le cas dans la province d’Enga, dans les Hautes-Terres, où une quinzaine de tribus sont engagées dans une vendetta sans fin, depuis les législatives agitées de 2022 : une embuscade y fait plus de soixante-dix morts en février. Entre 2018 et 2022, plus de cent-cinquante conflits tribaux auraient causé la mort de 1900 personnes, souvent découpées à la machette, brûlées ou torturées.


La sécession bougainvillaise

A partir de 1988, des tentations séparatistes refont surface dans cette île montagneuse et couverte de jungle, qui doit son nom à l’explorateur français l’ayant explorée en 1768 et qui, géographiquement, dépend de l’archipel des Salomon. La crise naît des revendications des tribus autochtones, qui réclament une meilleure prise en compte de leurs intérêts dans l’exploitation des mines locales, en particulier celle de Paguna, assurée par une société australienne : respect de l’environnement, partage des profits, recours à moins de main d’œuvre extérieure. De simple conflit foncier, le différend dégénère en guerre civile et, en 1990, la Bougainville Revolutionnary Army (BRA) proclame l’indépendance de la République de Mekamui, ce qui conduit le gouvernement de Port-Moresby à intervenir, avec l’aide de troupes australiennes.

En 1994, une Conférence de paix instaure un gouvernement transitoire de Bougainville, mais les heurts reprennent de plus belle après l’assassinat de son chef en 1996. Elles opposent les factions, souvent tribales, de la BRA aux soldats gouvernementaux, à des milices d’auto-défense et à des francs-tireurs qui vengent leurs morts. A l’été 1996, les tensions prennent même une coloration internationale, lorsqu’un incident naval oppose une vedette des Salomon et un patrouilleur de PNG qui aurait pénétré dans les eaux de son voisin, dont la population mélanésienne est apparentée à celle de Bougainville. En 1997, le Gouvernement fédéral recourt à des mercenaires, essentiellement sud-africains, pour mettre fin à la rébellion, ce qui déclenche une mutinerie de l’armée, mal payée et mal équipée, et contraint le Premier Ministre de l’époque à démissionner.

Après des affrontements ayant fait 20 000 morts, soit 10 % de la population d’alors, les belligérants signent finalement une trêve, qui se transforme en accord de paix en janvier 2001 : il accorde l’autonomie à Bougainville (effective en 2005) et prévoit d’organiser un référendum pour demander aux habitants de choisir entre une autonomie accrue et une indépendance totale. Tenue en novembre 2019, la consultation a livré un résultat sans appel : 98 % des votants (85 % de participation) se sont exprimés en faveur d’une pleine souveraineté. Mais le référendum n’ayant pas de caractère contraignant, les modalités sur le futur statut de l’île sont toujours en cours de discussion.

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