12 189 km²
République parlementaire
Capitale : Port-Vila
Monnaie : le vatu
318 00 Ni-Vanuatu (ou Vanuatais)
Situé en mer de Corail, au nord-est de la Nouvelle-Calédonie et au sud des Salomon, l’ex-archipel mélanésien des Nouvelles-Hébrides est composé de 83 îles, pour la plupart d’origine volcanique (point culminant à près de 1 880 m). Représentant 2 528 km de côtes, elles occupent un espace maritime de 682 220 km². Le climat est tropical. Le Vanuatu conteste la souveraineté de la France sur les îles (méridionales) de Matthew et Hunter, qui sont rattachées à la Nouvelle-Calédonie.
Le Vanuatu est divisé en six provinces autonomes, dotées de conseils provinciaux élus : ils sont chargés d’établir les taxes locales et d’agir dans des domaines tels que le tourisme et le déploiement de certains services de base.
Mélanésiens et/ou Polynésiens à 99 %, les Ni-Vanuatu parlent plus de 130 langues, ce qui fait du pays celui ayant la plus forte densité linguistique au monde. A leurs côtés existent trois langues officielles : le bichelamar (pidgin à base anglaise), employé par 15 % de la population, ainsi que l’anglais et le français, en pratique très peu parlés.
Environ 56 % des habitants sont chrétiens : protestants à 40 % (presbytériens 27 %, adventistes 15, anglicans 12 %), catholiques à 12 % ou membres d’autres Églises. Parmi les 3 % de pratiquants de religions traditionnelles figurent les adeptes des cultes du cargo, croyances apparues au tournant des XIXe et XXe siècles.
Les premiers habitants de l’archipel sont des Mélanésiens venus de Nouvelle-Guinée et des îles Salomon. Des traces de populations Lapita, datées d’environ 1 400 avant notre ère, ont été trouvées à côté de Port Vila. Vers l’an 1000 de notre ère, un système de chefferies se développe dans les îles et vers 1600, le chef Roi Mata en unifie quelques-unes sous son autorité.
Six ans plus tard, un Portugais explore Espiritu Santo et s’y installe, mais pour peu de temps. Les véritables explorateurs européens arrivent dans les années 1760 et l’archipel — baptisé Nouvelles-Hébrides — devient fréquenté par les baleiniers. L’intérêt des Européens pour le bois de santal provoque des heurts avec les autochtones, dont la moitié des hommes sont capturés dans les années 1860 par des planteurs d’Australie, des Fidji, de Nouvelle-Calédonie et des Samoa ayant besoin de main d’œuvre non salariée sur leurs exploitations. L’archipel étant convoité par la France et la Grande-Bretagne, les deux pays s’accordent, en 1878, pour qu’il soit une zone neutre.
En 1906, Paris et Londres font des Nouvelles-Hébrides un condominium, régime d’administration conjointe dans lequel cohabitent deux systèmes en matière de lois, de police, de monnaie, d’éducation et de santé. Durant la deuxième Guerre mondiale, les Britanniques profitent de la défaite de la France face aux nazis pour exercer un contrôle accru sur l’archipel. Les Américains y stationnent jusqu’à 50 000 soldats, qui génèrent les « cultes du cargo » lorsqu’ils se retirent et vendent leur équipement : certains autochtones pensent que la prière les aidera à bénéficier de l’abondance que des cargos procurent aux Occidentaux.
Le condominium est rétabli au lendemain du conflit mondial, mais Paris et Londres divergent sur les suites à lui donner : les Français se montrent réticents à l’idée d’une indépendance que les Britanniques commencent à pousser dans les années 1960, alors que naissent des mouvements indépendantistes locaux, parfois sécessionnistes. C’est le cas dans l’île de Tanna qui se déclare indépendante du Condominium en 1974. Une intervention de troupes françaises met fin, au bout de deux mois, à la sécession de la deuxième plus grande île de l’archipel.
Finalement, des élections se tiennent en 1979 et voient la victoire du Vanua’aku Pati (Parti de notre terre), majoritairement anglophone, dirigé par le pasteur anglican Walter Lini et bien implanté dans l’île centrale d’Efaté, la troisième plus grande de l’archipel. En réaction, Tanna et quatre autres îles méridionales déclarent l’indépendance de Taféa (nom formé des initiales de leurs noms) en janvier 1980. Cinq mois plus tard, le Mouvement Nagriamel, majoritairement francophone et catholique, proclame la souveraineté du Vemarana dans l’île de Espiritu Santo, la plus grande des Nouvelles-Hébrides. Mais les sécessions ne durent pas : elles prennent fin dès l’été, après une intervention de troupes de Papouasie-Nouvelle Guinée, appelées à l’aide par le gouvernement de l’archipel, devenu indépendant en juillet 1980, sous le nom de Vanuatu. Pour tenir compte des velléités séparatistes de certaines îles, le pays est divisé en six provinces bénéficiant d’une large autonomie.
Depuis, les antagonismes se sont atténués, mais la scène politique reste dominée par des tensions entre partis anglophones et francophones et par de fréquentes scissions au sein de chaque camp. Les coalitions gouvernementales sont fragiles et, depuis 2008, une douzaine de Premiers ministres ont été contraints de renoncer à leurs fonctions, victimes de motions de censure ou de procédures judiciaires.
Sur la scène internationale, le Vanuatu s’efforce de conserver de bonnes relations avec l’Australie et s’est rapproché de la France (en dépit de leur contentieux territorial). Mais il a aussi signé, en 2006, un accord de coopération économique avec la Chine, qui finance de nombreux investissements dans l’archipel, au risque d’aggraver sa dette. Une partie de celle-ci est comblée par la vente de passeports de complaisance à des individus douteux (fugitifs, criminels, escrocs, dirigeants sulfureux ou hommes d’affaires troubles).