ASIE, Sous-continent indien

Le Baloutchistan, terre de rébellions

Région de montagnes et de déserts de tout temps rétive à l’autorité, le Baloutchistan est aujourd’hui partagé entre trois pays : il couvre 347 000 km² au sud-ouest du Pakistan (soit près de 40 % de la superficie du pays), 182 000 km² au sud-est de l’Iran et une petite partie du sud-ouest de l’Afghanistan.

Ses habitants initiaux sont les Brahouis, un peuple dravidien que les Arabes ont converti à l’islam. A partir du XIe siècle, ils se sont mélangés avec les Baloutches, des Iraniens ayant quitté la Caspienne pour fuir les invasions turques. Ces différentes populations sont organisées en tribus, souvent rivales, qui se livrent à des razzias, en particulier dans la province perse de Kerman. Ayant réussi à unifier une grande partie de ces groupes au début du XVIIe siècle, un prince brahoui chasse les Pachtouns de Quetta et fonde le khanat de Kalat au centre du Baloutchistan : il y jouit d’une quasi-indépendance, d’abord en tant que vassal du shah de Perse (auquel il prête assistance militaire), puis de l’Afghanistan (qui a commencé à l’envahir). Au début du XVIIIe siècle, les tribus reviennent à leurs rivalités et à leurs razzias, mais le khanat renaît en 1758, avec l’aval de son suzerain afghan.

La situation évolue un siècle plus tard : à la suite d’une série d’escarmouches survenues dans les années 1860 avec l’Afghanistan, le shah de Perse demande aux Britanniques d’officialiser la frontière entre les États iraniens et afghans, arbitrage qui avait été prévu quelques années plus tôt par le traité de Paris. Tracée en 1871, la « ligne Goldsmid » coupe le Baloutchistan en deux : la partie orientale conserve une autonomie interne, sous protection de la Grande-Bretagne, tandis que la Perse récupère la zone occidentale ; elle n’en prendra le contrôle effectif qu’à la fin des années 1920. Entretemps, à la fin de la décennie 1870, le Baloutchistan « britannique » a également été découpé : le nord – y compris Quetta – a été placé sous administration directe de Londres, tandis que le sud restait autonome, sous la forme du khanat de Kalat et de trois États princiers dépendant plus ou moins de lui. Un dernier découpage intervient en novembre 1893, à l’occasion de la délimitation des quelque 2 400 km de frontière séparant les Indes britanniques de l’État afghan ; cette « ligne Durand », que Kaboul n’a jamais reconnue, restitue une petite partie du Baloutchistan à l’Afghanistan.

Quand l’Empire des Indes éclate et se divise entre Union indienne et Pakistan, le khan du Kalat (100 000 km²) décide de profiter du choix que l’occupant britannique a laissé à ses protectorats : adhérer à un des deux nouveaux États ou bien accéder à l’indépendance. En août 1947, il choisit cette dernière option, avec l’accord initial du père de l’indépendance pakistanaise, avant que celui-ci ne change d’avis. Au début du printemps 1948, les soldats pakistanais interviennent et contraignent le khan à renoncer à son projet, en échange d’un statut d’autonomie. Mais son frère et de nombreux sardar (chefs tribaux) ne l’entendent pas ainsi et déclenchent, depuis l’Afghanistan, une guérilla qui va connaître de très nombreuses répliques, a fortiori à partir de 1952 : cette année-là sont découvertes d’énormes réserves de gaz (représentant plus de 40 % de celles du pays[1]) qui viennent s’ajouter aux nombreuses ressources minières déjà identifiées dans la province (charbon, or, cuivre, argent, platine, aluminium et surtout uranium). Représentant les trois quarts de la façade maritime pakistanaise, le Baloutchistan bénéficie par ailleurs d’une zone économique exclusive maritime de 180 000 km², potentiellement riche en pétrole et en minéraux.

Leurs 750 km de côtes sur la mer d’Oman confèrent aux deux Baloutchistan un intérêt stratégique majeur : un accès direct à l’océan Indien, en cas de blocage du détroit d’Ormuz, par lequel passent 20 % du trafic international de tankers, ainsi qu’un tiers du pétrole mondial. Ce positionnement attise les convoitises des grandes puissances régionales qui aident chacune un des pays à développer ses infrastructures routières et un port en eaux profondes : dans le cadre de ses « nouvelles routes de la soie », la Chine contribue au développement de Gwadar au Pakistan (complétant ainsi son « collier de perles » de bases maritimes, allant du détroit de Malacca jusqu’au Moyen-Orient) ; de son côté, l’Inde investit dans le développement du port iranien de Chabahar, distant d’une centaine de kilomètres. Ce qui est en jeu derrière cet activisme économique, c’est la desserte de l’Asie centrale et du Xinjiang chinois mais aussi, côté pakistanais, la recherche d’une moindre vulnérabilité vis-à-vis de l’Inde : en 1999, lors de la crise cachemirie de Kargil (cf. Cachemire), la marine indienne avait en effet bloqué le grand port de Karachi. Le Baloutchistan est également sur le tracé du TAPI, un gazoduc devant relier le Turkménistan, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde. La province pakistanaise sert aussi de décor aux essais nucléaires pakistanais et, de 2001 à 2011, un de ses aérodromes a été utilisé par la coalition occidentale déployée en Afghanistan pour faire décoller des drones destinés à frapper les islamistes afghans et pakistanais.

Pourtant, en dépit de leurs ressources et de leur intérêt stratégique, les deux Baloutchistan souffrent de sous-développement par rapport à la moyenne de leur pays d’appartenance. Bien que son potentiel économique soit supérieur à celui de son pendant iranien (où 60 % de la population est au chômage), le Baloutchistan pakistanais vit à 70 % dans la pauvreté, alors que la moyenne du pays est à 39 %. Cette situation favorise l’essor d’une économie parallèle, en particulier dans le trafic d’armes et d’opium afghan, largement facilités par la topographie locale.

Les deux provinces ont en commun d’être faiblement peuplées et d’être majoritairement habitées par des Baloutches, musulmans sunnites de rite hanafite, une école suffisamment tolérante pour leur laisser pratiquer certains de leurs rites traditionnels. Présents jusqu’au Khorasan et au Turkménistan, les Baloutches représentent environ les deux tiers de la population de la province iranienne du Sistan-Baloutchistan : habitée par un peu plus de 2,5 millions de personnes, elle a été créée par le régime monarchiste de Téhéran afin de mettre un terme aux rébellions régulières des chefferies tribales baloutches, qui affichaient un discours marxisant et étaient soutenues par les formations politiques du Baloutchistan pakistanais. Pour y remédier, les Pahlavi ont intégré les Baloutches dans une province unique avec les Sistanis, des chiites sédentaires et persanophones installés plus au nord ; sur le plan religieux, ils ont laissé se développer un réseau d’écoles sunnites de pensée déobandie qui fait contrepoids aux thèses marxistes des séparatistes et ont fini par supplanter l’autorité des chefs tribaux.

Avec une douzaine de millions d’habitants, le Baloutchistan pakistanais est un peu plus peuplé : un peu plus de la moitié de sa population globale est autochtone, essentiellement composée de Baloutches (les Brahouis étant moins de 5 %). Les Pachtounes (plus de 35 %) arrivent en deuxième position et sont même majoritaires dans le nord de la province, ainsi que dans la capitale régionale Quetta, à telle enseigne que leurs partis nationalistes donnent à la région le nom de « sud Khyber Pakhtunkhwa ». Accentué par les guerres d’Afghanistan, l’afflux de réfugiés (Pachtounes, mais aussi Hazaras) accroit le ressentiment des autochtones : craignant de devenir minoritaires sur leurs propres terres, ils accusent également le pouvoir fédéral de confisquer la majeure partie de leurs richesses, alors qu’ils sont les premiers à souffrir des conséquences de leur exploitation (expropriations, recours à des travailleurs d’autres ethnies, modification de la structuration tribale de la société…). Pour essayer d’atténuer cette situation, le pouvoir fédéral a laissé les chefs tribaux exercer un certain nombre de pouvoirs – notamment de police – dans de larges secteurs de la province, sous le contrôle « d’agents politiques » fédéraux.

Le Baloutchistan pakistanais n’en est pas moins en proie à une agitation nationaliste récurrente. Un soulèvement des principales tribus a lieu en 1955, quand le pouvoir fédéral évoque la suppression des provinces historiques du Pakistan occidental. La rébellion ne prend fin qu’en 1970 et reprend trois ans plus tard, après que le Premier ministre pakistanais a dissout les institutions baloutches et arrêté ses dirigeants, au motif qu’ils sont politiquement proches du parti National Awami ayant conduit le Pakistan oriental à l’indépendance. Quelque 55 000 sarmachars (combattants en langue baloutche) reprennent le maquis, pour ce qui demeure la plus grande révolte connue dans la province (8 000 morts entre 1973 et 1977). Le Front de libération du peuple baloutche reçoit même le soutien de Moscou, engagé dans une course vers les « mers chaudes » de l’Océan indien, mais l’URSS ne rencontrera pas davantage de succès au Baloutchistan qu’avec les autres mouvements marxistes de la région (Toudeh iranien, rebelles omanais du Dhofar, communistes d’Afghanistan). Le calme revient à la fin des années 1970, avec le coup d’Etat du général Zia ul-Haq : ayant libéré les prisonniers politiques, il négocie une trêve et oppose au nationalisme baloutche une politique active d’islamisation, caractérisée par la multiplication des madrasas et des milices religieuses. La voie de la religion a également été suivie par l’ayatollah Khomeiny, qui s’est emparé du pouvoir en Iran : bien que tenant de la plus stricte des orthodoxies chiites, il fait en effet des « mawlawi » (religieux sunnites baloutches formés au Pakistan ou en Inde) les interlocuteurs officiels de son régime et érige la capitale provinciale, Zahedan, en équivalent sunnite de Qom.

Au Pakistan, le retour de la démocratie, dans les années 1990, favorise celui des partis baloutches aux affaires : en 1997, ils s’emparent même de l’exécutif provincial. Mais ce succès n’est pas du goût du général Musharraf qui, après avoir truqué les élections locales de 2002, réinstaure la loi martiale, lance les travaux du port de Gwadar (vécus comme une nouvelle dépossession de leurs terres par les autochtones) et engage une politique active d’enlèvement de nationalistes : réalisée par l’ISI, les paramilitaires du Frontier Corp et des milices soutenues par l’armée, cette stratégie de « kill and dump » conduit à la disparition de plusieurs milliers de personnes. La situation s’envenime également en Iran, avec l’élection en 2005 du Président Ahmadinejad, ardent promoteur du chiisme et du nationalisme persan : les rapts et les affrontements réguliers avec les forces de l’ordre reprennent, de la part de séparatistes sunnites qui sont parfois liés aux talibans afghans et qui sont souvent investis dans les trafics d’opium afghan et d’armes.

Au Pakistan, les exactions ne cessent qu’à la chute de Musharraf en 2008. La rébellion en sort d’autant plus affaiblie qu’elle n’a jamais réussi à s’unir : elle est en effet constituée de mouvements divisés sur des bases tactiques, mais surtout géographiques et tribales[2]. Les groupes sont principalement animés par les « sardars », les chefs des grandes tribus, soucieux de garder leurs prérogatives claniques : Mengal au sud, Marri et Bugti des Monts Souleiman au nord et à l’est. Tactiquement, le Parti national baloutche plaide en faveur d’une large autonomie, alors que l’Armée de libération baloutche (BLA), le Front uni de libération du Baloutchistan (BULF), le Parti républicain baloutche (BRP) et le Mouvement national baloutche sont engagés, par la voie des urnes ou des armes, dans des actions en faveur de l’indépendance du Baloutchistan historique, parties iranienne et afghane incluses. En net reflux dans les montagnes, le combat nationaliste gagne en revanche les villes. En témoignent les émeutes qui y éclatent, ainsi que dans les quartiers baloutches de Karachi et du Sind, après la mort du principal chef nationaliste baloutche Nawab Akbar Bugti, tué dans un bombardement de l’armée pakistanaise en août 2006. La cause est embrassée par des étudiants qui, malgré leur niveau de formation, ne bénéficient pas des bienfaits du développement économique régional. Le pouvoir fédéral essaie d’y répondre en lançant de nouveaux projets, mais aussi en augmentant la part des richesses nationales redistribuées aux provinces (passée de 47 à 56 % en 2010). Cette accalmie bénéficie aux partis politiques baloutches qui, seuls ou en coalition, exercent le pouvoir provincial depuis 2013.

Entretemps, la violence a pris un autre visage : celui de l’islamisme radical, favorisé par les services secrets pakistanais pour contrer le nationalisme des Baloutches. Avec la complicité de l’ISI et des Frontier Corps, Quetta et les districts du nord deviennent une base de repli pour les talibans afghans et pour les extrémistes sunnites du Pendjab, du Cachemire et des zones tribales pachtounes. Selon l’organisation HRW, 15 000 personnes – proches de la mouvance séparatiste – auraient disparu entre 2006 et 2011, victimes des services de sécurité pakistanais ou de leurs supplétifs fondamentalistes. Après la relative pacification de Karachi, le Baloutchistan devient aussi le théâtre majeur des violences commises à l’encontre des chiites : ceux-ci sont à la fois les cibles des séparatistes baloutches – qui vengent ainsi la répression que subissent leurs frères d’Iran – et des extrémistes sunnites.   Les attentats se multiplient dans la capitale provinciale, visant un billard, des marchés, un hôpital ou la seule Université accueillant des filles ; les victimes sont des civils – notamment des réfugiés Hazaras – mais aussi des sauveteurs, policiers ou journalistes arrivés sur les lieux d’un premier massacre.

A partir de 2006, la violence s’accentue également au Baloutchistan iranien, sous l’égide du Joundallah (Soldats de Dieu) qui attaque des convois officiels, dresse de faux barrages sur les routes, fait exploser des bus de soldats à Zahedan. En 2009, après avoir perdu plus de 3 300 hommes en vingt ans (essentiellement contre les trafiquants de drogue), la police et l’armée cèdent leur place aux Pasdarans et aux bassidji. Ceci n’empêche pas le Joundallah de continuer ses actions meurtrières : en octobre de la même année, sept hauts dirigeants des Gardiens de la Révolution, ainsi que des chefs de tribus, sont tués dans un attentat-suicide commis à Pishin, près de la frontière pakistanaise, à l’occasion d’un « rassemblement unitaire de leaders tribaux chiites et sunnites » : celui-ci était destiné à rallier les tribus sunnites modérées contre les djihadistes, sur le modèle mis en œuvre par les Américains en Irak. Les mosquées chiites deviennent également une cible privilégiée des insurgés : le plus lourd bilan est enregistré, en juillet 2010, contre une mosquée de Chabahar, en pleine cérémonie du deuil de l’Achoura. Le mois précédent, le chef de Joundallah a été pendu, mais certains membres du mouvement en fondent un nouveau en 2012, Jaïsh al-Adl (« Armée de la Justice ») qui, à partir de 2017, s’en prend aux forces de l’ordre en piégeant des véhicules ou par le biais d’attentats-suicide. Téhéran accuse les séparatistes d’être entraînés par les États-Unis et la Grande-Bretagne « dans les pays voisins », à commencer par le Pakistan qui, inversement, accuse Téhéran d’héberger les séparatistes du Baloutchistan pakistanais[3]. De fait, il arrive que des garde-frontières, militaires et pasdarans enlevés côté iranien soient drogués pour être emmenés côté pakistanais. La porosité de part et d’autre de la frontière est particulièrement forte entre les groupes affiliés à l’État islamique.

En dépit de leurs revers, les nationalistes du Baloutchistan pakistanais restent capables de mener des actions d’envergure : en janvier 2015, ils font sauter une ligne à haute tension, dans un district reculé de la province, ce qui provoque une panne géante d’électricité dans 80 % du pays, Islamabad comprise. Trois mois plus tard, une vingtaine d’ouvriers pakistanais, travaillant à la construction d’un pont, sont tués par un commando du BLF, qui les abat à bout portant après avoir vérifié qu’ils n’étaient pas originaires du Baloutchistan. Les paramilitaires affectés à la protection du chantier se sont enfuis devant les assaillants. Les insurgés s’en prennent également aux intérêts locaux de la Chine, qui s’occupe de mettre en valeur les richesses provinciales. La violence s’exerce sous la forme de sabotages d’infrastructures et d’agressions, parfois meurtrières, contre les coopérants chinois. En novembre 2018, la BLA attaque même le consulat de Chine à Karachi, c’est-à-dire en dehors du Baloutchistan lui-même (4 morts) puis, en mai suivant, un hôtel de luxe de Gwadar, surtout fréquenté par des Chinois (5 morts). Les séparatistes – qui se sont alliés au sein de la Baloutche Raaji Ajoi Sangar[4]dénoncent une « colonisation » qui les dépossède de leurs terres et de leurs eaux poissonneuses et ne leur fournit ni emploi ni progrès, tout cela au nom de projets censés désenclaver la province du Xinjiang, dont les habitants musulmans sont persécutés par le régime chinois. Préoccupée par cette évolution, Pékin force Islamabad à créer une force de plusieurs milliers d’hommes affectés spécifiquement à la défense de ses intérêts, ce qui n’empêche pas un commando de la BLA de tuer plusieurs policiers lors de l’attaque, en juin 2020, de la Bourse de Karachi, détenue à 40 % par la Chine. Six mois plus tard, c’est un groupe sindhi (la Sindhudesh Revolutionary Army), qui essaie d’assassiner des ressortissants chinois dans la même ville.

La crise est en effet accentuée par des enjeux internationaux. Ainsi, le Pakistan accuse l’Inde d’attiser les velléités séparatistes de sa province, comme en témoigne la proposition faite au BRP, en 2016, d’accueillir un gouvernement en exil sur le sol indien. En avril 2019, Téhéran et Islamabad ont, en revanche fait taire leurs divergences à la suite d’une attaque ayant tué une douzaine de soldats et miliciens pakistanais : le Président iranien et le Premier ministre pakistanais ont annoncé un projet de force de réaction rapide commune, destinée à lutter contre les mouvements terroristes que chacun accuse l’autre d’héberger.

Côté iranien, la situation reste hautement inflammable au Sistan-Baloutchistan. En septembre 2022, alors que tout l’Iran est touché par des manifestations consécutives à la mort d’une jeune Kurde victime de la police des mœurs, des affrontements opposent manifestants et forces de l’ordre à Zahedan : les insurgés s’en prennent notamment à des commissariats, à la suite du viol d’une adolescente baloutche de confession sunnite par un chef de la police de Chabahar. Plus de quatre-vingt dix personnes sont tuées en une seule journée à la fin du mois de septembre. Alors que le mouvement de contestation s’essouffle dans le reste de l’Iran, il continue début 2023 dans la province, sous la houlette du chef des sunnites locaux qui, pourtant, avait soutenu le candidat conservateur aux présidentielles iraniennes.

De l’autre côté de la frontière, l’État islamique « s’invite » dans le cortège de violences qui secouent le Baloutchistan pakistanais : il revendique l’attentat-suicide qui y tue neuf soldats, en mars 2023. Six mois plus tard, un attentat-suicide fait plusieurs dizaines de morts à la sortie d’une mosquée, où était célébré l’anniversaire de la naissance de Mahomet.

En décembre, Jaish al-Adl revendique l’attaque d’un commissariat de police dans la province du Sistan-et-Baloutchistan, dans laquelle une dizaine de policiers iraniens sont tués. Accusant d’Islamabad de ne rien faire pour stopper les incursions des djihadistes depuis le territoire pakistanais, Téhéran bombarde, en janvier 2024, le quartier général supposé du mouvement au Baloutchistan pakistanais. Le Pakistan, qui proteste contre une violation de son territoire, réplique en tirant des missiles sur des groupes baloutches pakistanais en Iran. Les deux pays s’accusent d’avoir tué des civils, dont des enfants.

[1] Ce qui n’empêche pas des districts voisins du gisement d’être privés de gaz.

[2] Une quinzaine de tribus principales.

[3] Le Baloutchistan iranien possède 1700 km de frontière avec le Pakistan et l’Afghanistan.

[4] Fondée en novembre 2018, la BRAS regroupe BLA, BLF et Armée républicaine baloutche.

Pour en savoir plus : Un territoire convoité

https://www.ritimo.org/Baloutchistan-Region-pakistanaise-insoumise

https://www.cairn.info/revue-herodote-2010-4-page-99.htm#

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