Kirghizstan (ou Kirghizie)

Kirghizstan (ou Kirghizie)

Très aligné sur Moscou, le petit Kirghiz(i)stan est tiraillé entre les élites industrielles du nord et les structures plus claniques du sud.

199 951 km2

République autoritaire

Capitale : Bichkek

Monnaie : le som

5,8 millions de Kirghiz

Totalement enclavé, le Kirghiz(is)tan possède près de 3 900 km de frontières, partagées avec l’Ouzbékistan (près de 1 100 km) à l’ouest, le Kazakhstan (1 050 km) au nord, le Tadjikistan (870 km) au sud-ouest et la Chine (près de 860 km) à l’est et au sud. Très majoritairement montagneux, le pays est divisé en deux par les reliefs : le passage du Nord-Est au Sud-Ouest s’effectue par des cols situés à plus de 2 700 m d’altitude. Au Sud-Est, la chaîne des Tian Shan marque la frontière avec la Chine et culmine au Jengish Chokusu (ex-pic Pobedy, à plus de 7 400 m). À l’Ouest et au Sud-Ouest, la vallée de Ferghana (partagée avec l’Ouzbékistan et le Tadjikistan) est dominée par la chaîne du Ferghana et les monts Alaï. Aux deux tiers rurale, la population vit majoritairement dans les zones qui sont les moins élevées : Bichkek à proximité de la frontière kazakhe au nord, Och et Djalalabad dans le Ferghana au sud. Le climat varie selon les zones : subtropical et très chaud en été dans la vallée du Ferghana, tempéré au nord, continental à polaire dans les Tian Shan.

65 % de la population est d’ethnie kirghize. Les autres habitants sont principalement Ouzbeks (15 % en moyenne, mais 40 % au sud) et Russes (9 %, essentiellement dans le nord). Une demi-douzaine d’ethnies réunit plus ou au moins 1 % chacune : Dounganes (proches des Hui de Chine), Ouïghours, Tadjiks, Meskhets, Kazakhs, Coréens…

75 % des Kirghiz sont musulmans (sunnites), plutôt de tradition modérée soufie au nord, davantage ouverts aux thèses de l’islam radical au sud. 20 % des habitants sont chrétiens orthodoxes.

Arrivé au pouvoir à la suite d’affrontements ethniques entre majorité kirghize et minorité ouzbèke dans la région de Och, Askar Akaïev est élu Président du Kirghizstan indépendant en octobre 1991, avec 95 % des voix. L’un des premiers défis auquel il doit faire face est le départ de plusieurs dizaines de milliers de russophones en direction de l’Europe. Réformateur économique affirmé, il amorce également un début de démocratisation politique, à la différence de la plupart de ses homologues régionaux : alors qu’il était seul candidat en 1991, il affronte ainsi deux rivaux – anciens dignitaires du PC soviétique – aux présidentielles de fin 1995, qu’il remporte avec plus de 70 % des suffrages (et une participation supérieure à 80 %). Il laisse aussi s’exprimer une presse d’opposition et des ONG.

Askaïev se montre en revanche intransigeant avec l’islamisme radical, alors que le pays est confronté à cette menace dès la fin de la décennie. En août 1999, plusieurs centaines de combattants du Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO) enlèvent quatre géologues japonais, leur interprète et deux militaires (dont un général) dans le sud du pays, peu de temps après que les gardes-frontières russes ont quitté leurs fonctions, à la suite d’un accord entre Bichkek et Moscou ; l’offensive survient aussi au moment où le pays accueille un sommet sur la sécurité régionale, en présence de la Chine et de la Russie. A la suite de cette attaque, les cinq pays participants conviennent d’une aide mutuelle dans la protection contre les troubles pouvant les affecter, décision qui conduira à la naissance de l’Organisation de la coopération de Shangaï (OCS, cf. Asie centrale).

A l’approche de la fin de son mandat, et sachant que la Constitution lui interdit d’en briguer un nouveau, Askaïev durcit son pouvoir et favorise l’accaparation des ressources nationales par son clan familial. En février 2005, l’opposition dénonce des fraudes massives lors des législatives, après avoir obtenu moins de 10 % des sièges, alors qu’avec une majorité des deux tiers, le Président sortant peut modifier la Constitution et se représenter en octobre 2005. Conduits par Koumanbek Bakiev, un ancien Premier ministre sudiste qui avait démissionné après des émeutes en 2002 et par des chefs tribaux méridionaux, l’opposition organise un pouvoir alternatif dans les régions d’Och et de Djalalabad, au Ferghana. Le mouvement traduit de fait la division du pays entre un nord de culture industrielle et kirghizo-russe et un sud de culture rurale, plus clanique et plus autoritaire (le « khanstvo », par référence au pouvoir despotique des khans turco-mongols).

Avec l’appui des étudiants, appuyés par divers mouvements démocrates américains, cette « révolution des tulipes (ou des citrons) » prend aussi le pouvoir à Bichkek, contraignant Akaïev et sa famille à s’enfuir en Russie. Le nouveau régime n’est pas pour autant révolutionnaire : il est dominé par des opposants de fraîche date, ayant auparavant appartenu à la nomenklatura locale. En juillet 2005, Bakiev est élu Président de la République avec près de 89 % des voix, devenant ainsi le premier homme du sud à accéder à la magistrature suprême.


En novembre 2006, le nouveau chef de l’État doit affronter des manifestations de rues qui l’accusent de corruption et de népotisme en faveur des clans du sud. Des contre-manifestants sont acheminés de province, mais Bakiev doit lâcher du lest et accepter une réforme constitutionnelle qui restreint ses pouvoirs et renforce ceux du chef du gouvernement, représentant du nord : désormais nommé par le Parlement, le Premier ministre devient également le responsable des services de sécurité. A l’automne 2008, de nouvelles secousses touchent le sud : des émeutes éclatent dans la région d’Och, après le refus de l’administration locale de laisser célébrer la rupture du jeune du ramadan. Y voyant des liens avec les islamistes du Hizb-ut-Tahrir, mouvement transnational qui prône l’instauration d’un Califat en Asie centrale (cf. Ouzbékistan), la justice condamne une trentaine d’émeutiers à des peines de neuf à vingt ans de prison.

Bakiev est réélu en 2009, avec plus de 80 % des voix, à l’issue d’un scrutin jugé inéquitable, comme son élection de 2005 et les législatives de l’automne 2007. A l’image des dirigeants du nord qui l’avaient précédé, il a progressivement limité les droits d’expression et favorisé l’enrichissement de ses proches. Son propre fils est accusé d’être l’acteur principal d’un trafic de carburant instauré autour de Manas : acheté à « prix d’ami » aux Russes, le pétrole était revendu aux prix internationaux à la base américaine de la ville. Le pays subit par ailleurs les contrecoups de la crise économique frappant la Russie, alors qu’un tiers de ses revenus provient des migrants partis travailler chez l’ancien parrain. En mars 2010, des manifestations éclatent à Talas et se propagent dans le nord du pays, tant pour célébrer le cinquième anniversaire de la « révolution des tulipes » que pour dénoncer la multiplication des hausses de prix (eau chaude, gaz, électricité, essence). La répression d’une de ces marches, devant le palais présidentiel, ayant fait plus de quatre-vingts morts, le chef d’État doit s’enfuir, d’abord dans son fief du sud, puis en Biélorussie, sous la double pression des Russes et des Américains.

Dirigé par une ancienne ministre des Affaires étrangères passée à l’opposition, le nouveau pouvoir promet des élections générales, précédées d’un référendum constitutionnel. Mais il peine à exercer son autorité face à la montée des tensions ethniques, sans doute attisées par les partisans du Président déchu : dès avril 2010, des centaines de jeunes Kirghizes attaquent des Turcs Meskhet afin de s’emparer de leurs lopins de terre dans la banlieue de Bichkek.

Le mois suivant, l’état d’urgence est décrété dans le Ferghana, à Djalalabad et dans le district voisin de Souzak, à la suite d’affrontements ethniques entre Kirghizes et Ouzbeks. Des milliers de Kirghizes de souche, armés de bâtons et de clubs de golfs, investissent l’université de Djalalabad pour réclamer l’arrestation du dirigeant local, un Ouzbek, accusé d’avoir fait incendier la demeure familiale de Bakiev et d’avoir prôné la création d’une région autonome. Le gouvernement accuse les pro-Bakiev d’avoir fomenté ces troubles, avec l’appui de bandes mafieuses qui, par ce biais, détournent l’attention des services de sécurité sur le trafic de drogue transfrontalier auquel elles se livrent. En juin, de nouvelles violences font entre quatre-cent cinquante et huit cents morts à Och et Djalalabad : la grande majorité des victimes sont ouzbèkes… comme le sont les personnes poursuivies par la justice, après avoir été arrêtées par des forces de l’ordre exclusivement composées de Kirghiz. Considérés comme des nantis, les membres de la communauté minoritaire sont méthodiquement attaqués et tués par des hordes de jeunes de la majorité ethnique, appuyés par des snipers et armés de fusils mitrailleurs, de lance-grenades et même d’un char, prétendument volés à l’armée[1]. Des dizaines de milliers de personnes fuient en Ouzbékistan qui ferme sa frontière, tandis que les grandes puissances se contentent de dénoncer la situation. Appelée à la rescousse, la Russie ne fait qu’’envoyer des renforts sur sa base de Kant, pour y sécuriser ses ressortissants. Quant à l’OTSC, elle se dit prête à équiper à l’armée kirghize, mais refuse d’intervenir, arguant que les « affaires internes » ne relèvent pas du traité l’ayant fondée.


Le calme étant revenu, un référendum constitutionnel peut être organisé en juin 2010 : plus de 90 % des électeurs (72 % de participation) y approuvent la diminution des pouvoirs présidentiels, en particulier la limitation de sa gouvernance à un mandat unique de six ans et la nomination du Premier ministre par le Parlement. Mais la situation politique reste instable, dans un pays où la structure clanique demeure omniprésente et structure l’organisation des partis. Aux législatives d’octobre, c’est la formation Ata Jurt, proche de l’ancien président Bakiev, qui arrive en tête, à la faveur d’une forte participation dans le sud alors que, dans le reste du pays, à peine plus d’un électeur sur deux a participé au scrutin. Un gouvernement de coalition est formé par diverses formations, dont le Parti social-démocrate de la présidente Otumbaeva, arrivé deuxième.

Un an plus tard, en octobre 2011, c’est le candidat de ce parti, le Premier ministre Almazbek Atambaïev, qui est élu Président de la République avec près de 63% des voix : homme d’affaires originaire du nord, il distance largement les deux principaux candidats « sudistes » qui dénoncent les résultats. Des tensions subsistent par ailleurs au sujet de la gestion des mines d’or, qui assurent environ la moitié des exportations du pays mais qui sont aussi suspectées d’alimenter la corruption au sein de la classe politique et que les éleveurs et agriculteurs locaux accusent de générer des pollutions massives. En mai 2013, l’état d’urgence est décrété autour de la mine de Kumtor, exploitée par un groupe canadien à 4 000 mètres d’altitude dans les Tian Shan, dans la région orientale du lac Issyk Koul et dont la population réclame depuis des mois la nationalisation.

Respectueux de la Constitution, Atambaïev se retire à l’issue de son mandat en 2017 et favorise la victoire au premier tour de son poulain, le sudiste Sooronbai Jeenbekov, associé au Premier ministre sortant, originaire du nord. Mais la situation se dégrade rapidement : non seulement le nouvel élu ne laisse pas son ancien mentor tirer les ficelles, mais il fait arrêter son colistier et nomme de nombreux sudistes dans les administrations d’État. En juin 2019, il fait voter une loi qui lève l’immunité jusqu’alors accordée à tous les anciens chefs d’État. Atambaïev est aussitôt inculpé pour corruption, puis arrêté car accusé d’avoir préparé un coup d’État. Son interpellation ne se fait pas sans difficulté : pour y parvenir, les forces spéciales doivent affronter un millier de partisans du Président déchu. La tension remonte en octobre 2020, quand l’opposition dénonce les fraudes ayant favorisé la victoire des partis gouvernementaux aux législatives : celui du jeune frère du Président et celui d’un magnat, soupçonné d’avoir fait fortune lorsqu’il était directeur adjoint des douanes ; tous deux ont acheté des centaines de milliers de voix, en échange d’argent ou de sacs de charbon, dans un contexte de pauvreté aggravé par la pandémie de Covid-19. Le siège du pouvoir est investi et Atambaïev libéré de la cellule où il purgeait une peine de onze ans, notamment pour avoir fait libérer un chef de clan délinquant. D’abord pacifiques, les protestations dégénèrent en affrontements avec la police, mais également en pillages, à Bichkek et dans d’autres parties du pays où des mines d’or et de charbon sont attaquées par des bandes armées. Le résultat des élections est finalement annulé et le Premier ministre remplacé par un sulfureux chef populiste du nord : élu par les parlementaires, Sadyr Japarov purgeait depuis 2017 une peine de dix ans pour avoir organisé la prise d’otage d’un gouverneur régional par un clan mafieux, en vue de faire nationaliser la plus grosse mine d’or du pays. L’opposition désigne alors un autre Premier ministre, mais c’est bien Japarov qui est confirmé à la tête du gouvernement par les parlementaires, tandis qu’Atambaïev est de nouveau arrêté et que Jeenbekov démissionne.

La Constitution interdisant à un Premier ministre en exercice de briguer la tête de l’État, Japarov fait adopter une révision constitutionnelle qui lui permet, par la même occasion, d’être élu Président de la République en janvier 2021 : 79 % des participants ont voté en sa faveur, mais seuls 40 % des électeurs se sont déplacés. Pour se faire élire, le candidat a notamment promis de réduire la dépendance du pays face à la Chine (la dette chinoise représente 40 % du PIB) et de trouver du travail au million de Kirghizes exilés, dont les transferts assurent pourtant un quart du PIB national. Ainsi, un décret force tout « nouvel investissement d’importance dans le sous-sol » à émaner d’une société à 100 % kirghize. Dès le mois d’avril, un nouveau référendum (suivi par moins de 40 % des électeurs) valide une nouvelle Constitution, railleusement qualifiée de « khan-stitution », en vertu de laquelle le Président peut désormais effectuer deux mandats de cinq ans ; le nombre des députés du Jogorkou Kenech est également réduit, de même que leurs pouvoirs : le chef de l’État retrouve notamment le droit de nommer le gouvernement.

Les rares voix discordantes sont condamnées au silence. En octobre 2022, une vingtaine de personnalités politiques et de hauts fonctionnaires sont arrêtés pour « tentative de coup d’État » : en réalité, il s’étaient publiquement opposés à un projet de modification de la frontière avec l’Ouzbékistan, en vertu duquel Bichkek cèderait à son voisin le stratégique réservoir d’eau de Kempir-Abad (ou Andizhan), dans la région d’Och, en échange de quelques territoires et d’une gestion partagée du barrage. La même affaire vaut au chef, nationaliste, du principal parti d’opposition d’être poursuivi, en mai 2023, pour « émeutes », « prise de pouvoir par la force » et « abus de pouvoir ». Le mois suivant, la dirigeante du Eldik Kenech (Conseil populaire, un parti non représenté au Parlement) et une trentaine d’autres personnes sont arrêtées : toutes sont accusées d’avoir projeté de s’emparer du pouvoir, en organisant des émeutes avec de l’argent étranger, sans autre précision. En mars 2024, le pouvoir fait voter une loi, similaire à celle qui existe en Russie, obligeant les associations à déclarer leurs financements extérieurs.

[1] Une Commission d’enquête conduite par un député finlandais dénoncera la collusion des forces de sécurité kirghizes avec les auteurs des pogroms.

Un environnement régional délicat

En 2001, les Etats-Unis prétextent de leur lutte contre les islamistes en Afghanistan pour obtenir l’aménagement d’une base d’avions de combats, sur l’ancien site soviétique de Manas, près de Bichkek, afin de soutenir leurs troupes engagées sur le sol afghan. Pour les Occidentaux, la gestion de ce type d’infrastructure est d’autant plus importante que les voies d’acheminement de logistique via le Pakistan s’avèrent de plus en plus périlleuses. Ils arguent aussi que les pays d’Asie centrale constituent un terrain de repli pour les groupes islamistes qui pourraient être chassés d’Afghanistan ou des zones tribales pakistanaises. Pour ne pas indisposer le voisin russe, le Kirghizstan lui ouvre une autre base à Kant, à l’est de Bichkek, afin d’accueillir la force de réaction rapide de la CEI. En 2009, après avoir obtenu diverses aides russes, il menace même de fermer Manas, dont l’exploitation est finalement reconduite, en échange d’une forte augmentation du loyer américain. La base a finalement été fermée en 2014.

Pour contrer la menace que peuvent représenter des mouvements armés, islamistes ou ethniques, ou les bandes criminelles qui s’en prennent aux concessions minières dans le pays, le pays est plus que jamais arrimé à Moscou :  le nom de Poutine, le Président russe, a été donné à un sommet de la chaîne des Tien Shan et Bichkek se montre favorable aux différentes organisations économiques mises en place par la Russie. En mai 2023, le pays annonce un développement des installations russes sur son territoire.

La relation est plus complexe avec la Chine, dont les ressortissants peuvent être victimes d’attaques islamistes[1], du fait de répression exercée par Pékin à l’encontre de ses minorités musulmanes du Xinjiang voisin. La relative emprise de Pékin sur le pays est également un enjeu de politique intérieure : quand la population découvre, en 2002, que Askaïev a cédé trois ans plus tôt près de 1 300 km² du territoire kirghiz à la République populaire (cf. Asie centrale, d’une dépendance à l’autre), l’opposition en fait un de ses chevaux de bataille contre le régime ; elle argue, notamment, qu’une telle décision pourrait inciter le Kazakhstan ou l’Ouzbékistan à faire valoir eux aussi des prétentions vis-à-vis du Kirghizstan. Les quelque 10 000 à 30 000 ressortissants chinois – dont certains sont d’ailleurs d’ethnie kirghize ou ouïghoure – deviennent les boucs-émissaires des crises et sont pris pour cibles par certaines manifestations : en août 2019, des échauffourées font des blessés dans la province centrale de Naryn, où des villageois réclamaient la fermeture de la mine de Solton-Sary exploitée par un groupe de Chine.

Les relations sont également tendues avec les voisins ouzbek et tadjik. En avril 2021, des heurts meurtriers entre garde-frontières et groupes d’habitants font une cinquantaine de victimes dans l’enclave tadjike de Voroukh, située en territoire kirghiz à la suite des découpages effectués par le régime stalinien dans la vallée de Ferghana (cf. Article dédié). Plus d’un tiers des 970 kilomètres de frontière entre les deux pays n’ayant pas été délimité, les sujets de friction sont nombreux, plus particulièrement pour le contrôle des points d’eau et l’accès aux pâturages. De nouveaux heurts se produisent en septembre 2022, alors que les Présidents des deux pays assistent à un sommet de l’OCS : menés avec des armes lourdes et des drones, les affrontements font près d’une centaine de morts dans la région de Batken, au sud-ouest du Kirghizstan. Ce dernier affirme que son ennemi a même eu recours à des mercenaires afghans. Après plusieurs réunions, 889 des 972 kilomètres de frontières avec le Tadjikistan sont délimités en février 2024 ; l’intégralité est finalisée en décembre suivant.

[1] Le consul de Chine est assassiné en plein Bichkek en 2002. Quatorze ans plus tard, un kamikaze fait exploser sa voiture piégée dans l’enceinte même de l’ambassade chinoise.