Les religions iraniennes

Les religions iraniennes

Des plus anciennes (le mazdéisme) à la plus récente (la foi Baha’ie).

La religion originelle des Aryens ayant migré vers le plateau iranien, dans le courant du deuxième millénaire AEC, est le MAZDÉISME. Polythéiste comme le védisme (la foi des Aryens ayant rejoint l’Inde), la religion mazdéenne propose un univers hiérarchisé (animaux, hommes, anges, divinités), articulé autour d’une opposition duale entre des divinités faisant le bien (les Ahura, Asura en sanskrit) et d’autres faisant le mal (les Daêva, Deva en sanskrit). Au sommet du panthéon mazdéen trône le dieu de la lumière, Ahura Mazda, qui combat Ahriman, le prince des ténèbres.

Au tournant du premier millénaire, le mazdéisme évolue sous l’influence d’un « prophète », Zarathoustra, dont l’existence réelle est discutée (il aurait vécu dans l’est de l’Iran entre le XIIe et le VIe siècle avant notre ère). Dans l’Avesta (recueil des textes sacrés du ZOROASTRISME), Ahura-Mazda devient un dieu quasi-unique, aux côtés de quelques divinités secondaires comme Mithra (dieu guerrier et pasteur, dont le culte se développera dans l’armée romaine lors des guerres contre les Parthes). Dans la religion zoroastrienne, chaque être humain est doté d’une âme éternelle et de libre arbitre ; après la mort, les âmes encourent un jugement et vont au ciel ou au purgatoire. Le zoroastrisme devient la religion prédominante de l’immense Empire fondé, au VIe siècle AEC, par la dynastie perse des Achéménides, sans toutefois être religion d’État.

C’est une autre foi qui va accéder à ce statut, sous la dynastie perse des Sassanides, au IIIe siècle de notre ère. Alors qu’il cherche une religion nationale pour son Empire, le deuxième roi de la dynastie accorde sa confiance à un prophète nommé Mani (ou Manès), qui entend faire la synthèse du mazdéisme, du judaïsme, du christianisme et du bouddhisme. Bien que le MANICHÉISME soit aussi une religion duale, axée sur l’opposition entre le Bien et le Mal, il ne rallie pas les suffrages du clergé zoroastrien (les mages). A la mort du chah qui le protégeait, le « prophète de Lumière » est emprisonné et meurt torturé (vers 276). Le zoroastrisme étant devenu religion officielle de l’Empire, les disciples du manichéisme sont pourchassés et se dispersent en Afrique du nord romaine, où ils vont également être traqués (notamment sous la houlette de Saint-Augustin, un ancien adepte converti au christianisme). Les manichéens se répandent aussi en Asie centrale, notamment au sein du kaghanat Ouïghour, ainsi qu’en Chine, où leur religion finira par être interdite au XIe siècle. Le manichéisme va néanmoins laisser quelques traces dans le taoïsme chinois, ainsi que dans certaines croyances considérées comme hérétiques en Europe (bogomilisme, catharisme…).

De leur côté, certains zoroastriens vont fuir la Perse, après sa conquête par les Arabes et la diffusion de l’islam dans le pays aux VIIe et VIIIe siècles. Établis en Inde, dans les régions de Bombay et de Gujarat, ils vont prendre le nom de Parsis, en référence à leur région d’origine (l’actuelle province iranienne du Fars). Les adeptes du PARSISME sont aujourd’hui moins de 200 000 dans le monde, quelques dizaines de milliers vivant toujours en Iran.

Le zoroastrisme (et le mithraïsme) se prolongent aussi dans la religion YÉZIDIE, monothéisme syncrétique pratiqué chez les Kurdes (aux côtés de pratiques en partie voisines, comme le yarsanisme et le shabakisme). Ses adeptes croient en un Dieu unique qui aurait créé l’univers avec l’aide de sept anges, dont le plus important est « l’ange-paon » (animal que les musulmans assimilent à Satan, ce qui leur vaut de qualifier les yézidis d’« adorateurs du diable »). Le yézidisme a pris des éléments de culte à différentes religions environnantes : le dualisme aux zoroastriens (dont ils se réclament d’un point de vue historique), le baptême et la cène aux chrétiens, les règles alimentaires aux juifs, la métempsycose aux druzes.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’Iran a également vu naître le BAHA’ISME, à l’origine une dissidence du chiisme musulman. Estimant qu’il ne doit y avoir aucune barrière entre les races, les ethnies, les croyances ou les nationalités, la Foi Baha’ie se présente comme une religion universelle et non violente, visant au bonheur et à l’épanouissement de chacun. Ses adeptes sont pourchassés par tous les dirigeants iraniens qui les considèrent comme des « ennemis de Dieu » : ils présentent en effet leur père-fondateur, le prince persan Baha’u’llah, comme la dernière manifestation de Dieu sur Terre, après Abraham, Moïse, Zarathoustra, Krishna, Bouddha, Jésus-Christ et Mahomet. Ils sont également accusés de collusion avec Israël, du fait que leur lieu saint se trouve à Saint Jean d’Acre, où Baha’u’llah est mort emprisonné en 1892. Les Bahaïs seraient entre 5 et 8 millions dans le monde, dont la moitié en Asie, principalement en Inde. Quelques centaines de milliers vivent encore en Iran, malgré les discriminations, voire les persécutions, dont ils y sont victimes.

Légende photo : la « route sans nom » dans la province de Yazd. Crédit : Sarah Bakshi / Unsplash