Koweït

Koweït

Convoité par l’Irak, l’émirat essaie de gérer la baisse de ses revenus pétroliers et le blocage de ses institutions.

17 818 km2

Monarchie constitutionnelle

Capitale : Koweït city

Monnaie : dinar koweïtien

4 millions d’habitants à 30 % Koweïtiens

Dépourvu de toute réserve d’eau douce, le Koweït compte près de 500 km de côtes sur le golfe Persique. Il est formé à 95 % d’une partie continentale et à 5 % de neuf îles dont la plus vaste, Bubiyan (863 km²), est voisine du Chatt-el-Arab, le delta irako-iranien du Tigre et de l’Euphrate. Le pays partage 240 km de frontières avec l’Irak au nord et 222 km avec l’Arabie saoudite au sud.

Plus de 55 % de la population est arabe (les Koweïtiens, ainsi qu’environ 28 % des étrangers). Les 42 % d’immigrés restant proviennent très majoritairement d’Asie du Sud et du sud-est.

74 % des habitants sont musulmans (44 % de sunnites, 30 % de chiites), 14 % chrétiens (essentiellement catholiques), un peu plus de 8 % hindouistes et moins de 3 % bouddhistes.

En 1961, les Britanniques accordent l’indépendance à leur protectorat, mais elle est rapidement contestée par l’Irak qui argue que, sous les Ottomans, le Koweït dépendait de la zone de Bassora. La revendication des Irakiens est d’autant plus appuyée que leur pays ne dispose que d’une façade étroite sur la mer, ce qui le conduit notamment à réclamer des droits sur les îles de Warba et de Bubyan et à contester les frontières, terrestres comme maritimes, le séparant du nouvel Etat.

Le régime de Bagdad finit par le reconnaître, en 1973, mais ne renonce pas à ses prétentions : il l’envahit et l’annexe en août 1990. Ce n’est qu’au prix d’une lourde intervention arabo-occidentale en janvier-février 1991, sous mandat de l’ONU et commandement américain (des dizaines de milliers de combattants irakiens et peut-être 100 000 civils tués), que la dynastie Sabah retrouve son trône et la gouvernance correspondante : le gouvernement est dirigé par le prince-héritier, ses membres ont le droit de vote au Parlement et les ministères de souveraineté sont aux mains de la famille régnante.

Après avoir un moment favorisé les islamistes de toutes obédiences, pour contrer les libéraux, le gouvernement a ensuite pris diverses mesures pour limiter leur influence politique : en 2005, il a naturalisé plus de 100 000 bédouins jusqu’alors apatrides et accordé le droit de voter (et d’être élue) aux femmes. Restant marquée par de fortes allégeances claniques et tribales, la représentation parlementaire n’en a pas été bouleversée pour autant : elle varie au fil des scrutins, privilégiant tantôt l’opposition sunnite, tantôt les chiites, avec une poignée d’élus libéraux et tribaux (les partis constitués étant interdits). Toutefois, en novembre 2016, l’opposition islamiste (salafistes et disciples des Frères musulmans) a obtenu près de la moitié des sièges, à l’issue d’un scrutin très suivi : plus de 70 % des électeurs ont voté… et renvoyé chez eux la moitié des élus sortants, signe de la crise économique que commence à connaitre le pays, du fait de la stagnation, voire de la baisse, de ses revenus pétroliers.

Entretemps, à partir de 2002, le Koweït a connu son lot d’attentats islamistes, principalement à connotation anti-américaine, les États-Unis stationnant des milliers de soldats dans le pays. En janvier 2005, plusieurs affrontements armés ont lieu entre des policiers koweïtiens et des terroristes islamistes (dont certains ayant fui l’Irak), alors que le pouvoir koweïtien avait fait preuve jusque-là d’une relative clémence à leur égard, eu égard au poids politique des islamistes locaux. En juin 2015, le groupe Etat islamique (EI) revendique un attentat meurtrier contre une mosquée chiite de Koweït city.

En septembre 2020, l’émir cheik Sabah, décédé à l’âge de 91 ans, est remplacé par son demi-frère cheikh Nawaf al-Ahmad al-Sabah, à peine moins âgé (83 ans). Les législatives qui suivent, en décembre, voient une telle progression des candidats de l’opposition qu’ils frôlent la majorité absolue. Fortement rajeuni, le Parlement ne compte en revanche plus aucune femme. La crise politique ne trouvant pas d’issue, une nouvelle dissolution intervient à l’été 2022, suivie de nouvelles élections fin septembre. Cette fois, l’opposition – islamistes compris – remporte plus de la moitié des sièges : trois ministres sont battus et deux femmes entrent au Parlement. Mais la stabilité politique n’est pas davantage au rendez-vous que les années précédentes : en conflit avec le Parlement, le gouvernement démissionne dès le mois de janvier 2023. Un fragile consensus se met en place, en juin, entre l’Assemblée toujours dirigée par l’opposition et le Premier ministre, fils de l’émir. Ce dernier décède en décembre suivant, à l’âge de 86 ans. Il est remplacé par son demi-frère, âgé de 83 ans.

L’Assemblée ayant de nouveau été dissoute, de nouvelles élections se déroulent en avril 2024 et redonnent une majorité à l’opposition islamiste et indépendante. Le Premier ministre choisi ayant échoué à former un gouvernement, l’émir Mechaal dissout le Parlement et suspend ses activités le mois suivant, pour une durée maximale de quatre ans. Ses attributions seront exercées par une équipe gouvernementale nommée par le souverain, avec mission de réviser une Constitution inchangée depuis 1961.