267 667 km²
République autoritaire
Capitale : Libreville
Monnaie : franc CFA
2,5 millions de Gabonais
Ouvert à l’ouest sur l’océan Atlantique (avec 885 km de côtes), le Gabon partage 3 261 km de frontières terrestres avec trois pays : 349 avec le Cameroun et 345 avec la Guinée équatoriale au nord, 2 567 avec la République du Congo à l’est et au sud. En raison de la possible présence de pétrole, la Guinée équatoriale conteste la souveraineté du Gabon sur trois îles proches des côtes gabonaises : Mbanié, Cocotier et Conga.
Au-delà d’une étroite plaine côtière, le relief est majoritairement composé de collines (point culminant à un peu plus de 1000 m), couvertes de forêt vierge ou de savanes, à l’est et au sud. Le climat est tropical.
Le pays, un des moins densément peuplés d’Afrique, compte une cinquantaine d’ethnies, dont aucune n’est majoritaire. Les plus nombreux sont les Fang (environ 24 %, présents dans le tiers nord, ainsi qu’au Cameroun et en Guinée équatoriale) devant les Shira-Punu’Vili du Sud (21 %), les Myéné / Mpongwé du littoral au sud de Libreville (15 %), les Mbede et Téké de l’Est (14 %, également présents dans les deux Congo), les Nzebi-Duma établis sur le fleuve Ogooué… Environ 16 % de la population est étrangère. La moitié des habitants vit à Libreville et dans la seconde ville du pays, Port-Gentil. La langue officielle est le français, parlé par environ 80 % de la population.
Sur les 93 % de Gabonais déclarant une religion, environ 80 % sont chrétiens, dont 37 % évangéliques / pentecôtistes et 30 % catholiques. Les musulmans, essentiellement des immigrés d’Afrique de l’ouest, sont environ 11 %.
Premier ministre du gouvernement gabonais à la fin de l’occupation française, le Fang Léon Mba devient Président de la république du Gabon, après son indépendance en 1960. D’abord partisan d’un régime démocratique, pour attirer les investisseurs, il évolue vers un mode de gouvernement autocratique et dissout l’Assemblée nationale en 1964. Cette décision provoque un coup d’État militaire auquel l’armée française met fin, au nom des accords passés entre les deux pays. Mba décède en 1967 d’un cancer. Il est remplacé par son vice-Président Bernard Bongo (qui prendra ensuite le prénom d’Omar, quand son pays adhèrera à l’organisation des pays pétroliers et qu’il se convertira à l’islam). Dès l’année suivante, ce fils d’agriculteurs d’origine Téké et Obamba instaure un parti unique, le Parti démocratique gabonais (PDG).
Face à la montée des oppositions, Bongo restaure le multipartisme au début des années 1990, ce qui ne l’empêche pas d’être confortablement élu en 1995, 1998, 2002 et 2005, face à des opposants désunis et au prix de fraudes répétées.
A sa mort, en 2009, une élection consacre l’arrivée au pouvoir de son fils Ali, qui est réélu en 2016, avec 49,8 % contre 48,2 % à son ex-beau-frère, passé dans l’opposition. Selon les résultats officiels, le sortant a notamment obtenu plus de 95 % des suffrages à Franceville et dans son fief du haut-Ogooué, avec 99,9 % de participation… alors qu’elle n’atteint pas 60 % dans les huit autres provinces. L’annonce de la réélection d’Ali Bongo provoque des émeutes dans la capitale et l’incendie de l’Assemblée nationale. Les affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre font entre trois et cinquante morts selon les sources et entraînent des centaines d’arrestations. In fine, la Cour constitutionnelle, dirigée par une ancienne maîtresse officielle de Bongo père, valide les résultats et donne même à son fils une avance un peu plus substantielle qu’annoncé, en annulant les résultats de quelques bureaux de la capitale.
L’élection de 2023 sera celle de trop. Ali Bongo est destitué par un Comité de transition et de restauration des institutions (CTRI) dirigé par le chef de sa Garde républicaine, alors que sa réélection venait d’être annoncée, à l’issue d’un scrutin tenu dans la plus grande opacité (absence d’observateurs étrangers, couvre-feu, coupure d’internet). Sûre de la large victoire de son candidat, l’opposition dénonce les résultats et exige un recomptage des bulletins qu’elle n’obtiendra pas. La junte annule purement et simplement l’élection et nomme le général Oligui Nguema comme Président de transition.
Ancien aide de camp d’Omar Bongo, il avait été écarté par Ali, avant d’être rappelé à la suite d’une tentative de putsch en 2019. Devenu chef de la Garde républicaine, il était entré en conflit avec la femme du Président, qui assurait une forme de « régence » du fait des problèmes cardio-vasculaires de son mari et de ses fréquentes absences du pays pour se faire soigner. Nguema et d’autres soupçonnaient d’ailleurs le chef de l’État de ne briguer un troisième mandat que pour prolonger le régime dynastique en place et préparer l’avènement de son fils Noureddin. Celui-ci, ainsi que six proches, sont d’ailleurs arrêtés dans le cadre d’enquêtes ouvertes pour « haute trahison », « détournement massif des deniers publics » et « trafic de stupéfiants ».
Officiellement, le chef des putschistes affirme que l’armée a agi pour ne pas avoir à à réprimer les mouvements que « des résultats truqués » auraient pu faire naître. Mais, pour beaucoup d’observateurs, le coup d’État n’est qu’une révolution de palais, destinée pérenniser les privilèges de l’oligarchie, quitte à se défaire des héritiers Bongo. Il est aussi un moyen de redonner davantage de pouvoir à l’ethnie majoritaire des Fang, à laquelle appartient en partie le nouvel « homme fort » gabonais (sa mère, une cousine de Bongo, étant Téké). Formé de militaires, de quelques membres du PDG et de quelques opposants, le nouveau gouvernement évoque une période de transition de vingt-quatre mois. En attendant, la coalition d’opposition Alternative 2023 reçoit la Présidence du Sénat, tandis que d’anciens proches de Bongo, suspectés de corruption, sont libérés ou blanchis.