Jamaïque

Jamaïque

Plaque tournante du trafic d’esclaves, la troisième plus grande île des Caraïbes est devenue celle du trafic de drogue.

10 991 km²

Monarchie constitutionnelle membre du Commonwealth

Capitale : Kingston

Monnaie : dollar jamaïcain

2,8 millions de Jamaïcains

Comptant plus de 1 020 km de côtes sur la mer des Caraïbes, l’île située au sud de Cuba n’offre que quelques plaines côtières, au pied d’un relief fait de plateaux et de montagnes (les Blue Mountains culminent à près de 2300 m à l’est). Le climat est tropical.

Plus de 92 % de la population descend de Noirs africains. Le reste est métisse ou originaire d’Asie du sud. Les langues officielles sont l’anglais et le créole jamaïcain. Près des deux tiers des habitants se déclarent protestants (adventistes et une douzaine d’autres Églises), les autres confessions (catholiques, Témoins de Jéhovah, rastafariens) réunissant à peine plus de 5 % de la population.

Dès leur colonisation, au début du XVIe siècle, les Espagnols réduisent les autochtones Tainos en esclavage, dans des conditions telles qu’ils ont quasiment disparu en cent ans, victimes de la maltraitance et des maladies. Jusqu’alors nommée Santiago, l’île retrouve un nom proche de l’arawak Xamayca (« terre du bois et de l’eau ») lorsque les Anglais commencent à la coloniser, à partir de 1655. Devenue le deuxième exportateur mondial de sucre (après Saint-Domingue), la colonie se transforme en plaque tournante de la traite des Noirs. Ils sont au moins 250 000 quand l’esclavage est aboli en 1834.

En 1958, la Jamaïque adhère à la Fédération des Indes occidentales créée par Londres, mais la quitte trois ans plus tard pour devenir pleinement indépendante en 1962 (tout en restant membre du Commonwealth). Ce n’est pas le cas des trois îles Caïmans, situées à l’ouest, qui lui avaient été rattachées administrativement mais qui demeurent territoire britannique.

Dans les années 1970, la dégradation des conditions économiques entraîne une montée de la violence. Elle émane en particulier de gangs rivaux (les « posses ») qui, comme à Haïti, servent de milices aux principaux partis politiques, le Parti travailliste jamaïcain (JLP) et le Parti national du peuple (PNP, d’inspiration socialiste jusqu’à son recentrage dans les années 1990). En 1980, la campagne électorale victorieuse du travailliste Edward Seaga s’accompagne de la mort de huit cent personnes, tuées notamment par le Shower Posse, le bras armé du JLP (« shower » en référence à la pluie de balles dont il « arrose » ses victimes). Lorsque le Premier ministre social-démocrate essaie de désarmer les gangs de Kingston liés au JLP, en 2001, les affrontements entre la police et les voyous font une vingtaine de morts. En 2010, sous la forte pression des États-Unis (dont les touristes font tourner l’économie jamaïcaine), le gouvernement travailliste doit se résoudre à interpeler et extrader le chef du Shower Posse, considéré comme un bienfaiteur par la population de certains quartiers ; son arrestation génère plusieurs jours d’émeutes, qui font plus de soixante-dix morts dans la capitale.

Fin 2022, l’état d’urgence est instauré à Kingston et dans plusieurs provinces pour lutter contre les gangs, responsables de plus de 1400 morts violentes en un an. Émancipées de leurs parrains politiques, les bandes mafieuses se sont considérablement renforcées et enrichies, grâce au trafic de drogue et au blanchiment d’argent, la Jamaïque occupant une position intéressante entre la Colombie et le Mexique.

Crédit photo : Office 326 / Pixabay