Congo (république du)

Congo (république du)

En six décennies d’indépendance, le Congo-Brazzaville en a connu quatre sous la coupe du même Président.

342 000 km²

République autoritaire

Capitale : Brazzaville

Monnaie : franc CFA

6 millions de Congolais

Ouvert sur l’océan Atlantique au sud-ouest (169 km de côtes), le Congo dit Brazzaville possède 5 554 km de frontières terrestres avec cinq pays : 494 avec le Cameroun et 487 avec la République centrafricaine au nord, 2 567 km avec le Gabon à l’ouest, 231 km avec l’enclave angolaise de Cabinda à l’extrême-sud et 1 775 km à l’est et au sud avec le Congo dit Kinshasa (RDC). Les deux capitales congolaises se font face de part et d’autre du fleuve Congo.

Le relief est constitué d’une bande côtière, de plaines (en particulier dans les bassins du Congo et de l’Oubangui au nord) et d’un ensemble de plateaux culminant à un peu plus de 1 000 mètres. Les deux tiers du territoire sont occupés par une forêt tropical humide. Le climat est tropical.

Environ 70 % des habitants demeurent à Brazzaville et dans la seconde ville, Pointe-Noire, ainsi que le long de la voie ferrée qui les relie. Aucune des ethnies, quasiment toutes bantoues, n’est majoritaire, mais celles du groupe Kongo (Bakongo) représentent plus de 40 % de la population. Elles sont suivies du groupe Téké (17 %, également présent au Gabon) et des différentes ethnies Mbochi (13 %, également présentes en RDC et Gabon) et Sangha (6 %). Environ 8 % de la population est étrangère. La langue officielle est le français. Le kituba (créole du kikongo) et le lingala servent de langues véhiculaires, dans un pays qui compte une quarantaine d’idiomes différents.

Sur les quelque 90 % de Congolais déclarant une religion, environ 80 % sont chrétiens (33 % de catholiques, 22 % d’évangéliques, 20 % de protestants divers, 1,5 % de kimbanguistes…).

Élu Président de la république après l’indépendance, effective en août 1960, Fulbert Youlou annonce en 1963 qu’il va instaurer un régime à parti unique. Il n’en a pas le temps, puisqu’il doit démissionner à la suite d’émeutes et d’une grève générale. Son objectif se réalise toutefois sous son successeur, avec le Mouvement national de la révolution (MNR), orienté à gauche ; son secrétaire général, Pascal Lissouba se dit même marxiste. Bien que parti unique, le MNR connait des dissensions auxquelles l’armée met fin, en la personne du capitaine Marien Ngouabi, un Mbochi qui devient chef de l’État en 1969. L’année suivante, le pays prend le nom de République populaire du Congo et le MNR devient le Parti congolais du travail (PCT).

Engagé sur la voie du socialisme, le régime reste divisé et Ngouabi est assassiné en 1977, peut-être à l’instigation du voisin zaïrois Mobutu, soutenu par les États-Unis et la France. Un de ses compagnons Mbochi, jusqu’alors ministre de la Défense, lui succède en 1979 : élu à la tête du PCT, le colonel Denis Sassou Nguesso devient chef de l’État. Bien que s’affirmant l’héritier du Président assassiné, il engage progressivement le pays dans la voie du libéralisme économique. Son pouvoir étant de plus en plus contesté, il accepte en 1991 l’instauration du multipartisme et la tenue d’élections l’année suivante. Au passage, la république du Congo abandonne l’adjectif « populaire ».


Les scrutins, législatif puis présidentiel, sont remportés par l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) et son chef, Pascal Lissouba : membre de la petite ethnie Nzebi, l’ex-marxiste devient Président de la république. Mais, ne disposant pas de majorité à l’Assemblée, il décide de la dissoudre dès le mois de novembre, face à l’alliance que le PCT a nouée avec Bernard Kolelas, un ancien proche de Youlou arrivé deuxième à la présidentielle, devant Sassou Nguesso. Tenu en mai 1993, le premier tour des législatives donne une avance au camp présidentiel, mais l’opposition argue de fraudes et refuse de disputer le second tour. Une guerre civile s’engage alors entre les « Ninjas » de Kolelas – essentiellement des Kongo de la région de Brazzaville – et les milices de l’UPADS (« Aubevillois », « Zoulous », « Cocoyes » et autres « Mambas »), qui recrutent majoritairement dans le « Nibolek », le nom générique donné aux régions situées entre le littéral et le Pool (du nom du lac formé sur le cours inférieur du fleuve Congo à hauteur de Brazzaville).

Les deux ennemis finissent par se rapprocher à partir de 1994 et Kolelas devient même Premier ministre de Lissouba trois ans plus tard. A partir de 1997, leurs milices sont alliées contre les « Cobras » de Sassou-Nguesso, revenu de son exil en France. Rejointes par une partie de l’armée et soutenues par des militaires angolais (passés par l’enclave de Cabinda), des soldats tchadiens et des mercenaires rwandais, les forces de l’ancien Président l’emportent en octobre 1997, mettant fin à une guerre civile qui a fait 400 000 morts. Une « troisième guerre de Brazzaville », de moindre intensité, va se prolonger dans la région de Pool, sous l’égide du pasteur Ntumi, chef de miliciens Ninja, jusqu’à la signature d’un accord de paix en 2013.


Redevenu Président, Sassou Nguesso fait adopter une nouvelle Constitution qui instaure un mandat présidentiel de sept ans, au lieu de cinq. Réélu en 2009, dans un climat de fraude, il l’est de nouveau dans les mêmes conditions en 2016. Entretemps, « L’Éléphant » a fait adopter par référendum une révision constitutionnelle supprimant la limite d’âge de 70 ans et lui donnant la possibilité de renouveler deux fois un mandat présidentiel, de nouveau ramené à cinq ans.

En 2016, des combats reprennent entre les forces de l’ordre et les anciens « Ninjas Nsiloulou » de Ntumi dans les quartiers sud de Brazzaville, où des bâtiments publics sont incendiés. En réaction à ces violences, le régime bombarde la région du Pool, y compris avec des hélicoptères, y faisant des dizaines de victimes civiles. Un nouvel accord de paix est signé en décembre 2017, suivi d’un désarmement des miliciens, en même temps que sont abandonnées les poursuites contre les chefs de l’insurrection. En parallèle, le régime poursuit sa répression de toute opposition intérieure. En 2018, le général Mokoko qui s’était présenté contre « L’Empereur » Nguesso deux ans plus tôt, est arrêté et condamné à vingt ans de prison pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État ». Un autre ex-­candidat, purge la même peine pour les mêmes faits.

Après trente-sept ans de pouvoir, Sassou Nguesso est encore largement élu en 2021, dans des conditions toujours aussi suspectes. Évoquant un fichier électoral qui comportait des personnes décédées, l’épiscopat congolais avait demandé à pouvoir envoyer des observateurs dans les bureaux de vote pour vérifier les procès-verbaux, mais cette requête lui avait été refusée, seuls quelques observateurs de l’Union africaine étant autorisés à suivre le scrutin.