49 035 km²
République parlementaire
Capitale : Bratislava[1]
Monnaie : l’euro
5,6 millions habitants (Slovaques)

[1] Jusqu’en 1919, la ville s’appelait Pozsony en hongrois et Pressburg en allemand. La double croix qui figure sur le drapeau (et celui de la Hongrie) fait référence à l’évangélisation de la région de Grande Moravie par les saints Cyrille et Méthode au IXe siècle.

Totalement enclavée, la Slovaquie partage 1 587 km de frontières terrestres avec cinq pays : 105 avec l’Autriche à l’ouest, 241 avec la Tchéquie au nord-ouest, 517 avec la Pologne au nord, 97 avec l’Ukraine à l’est et 627 avec la Hongrie au sud. Son relief est montagneux au nord et au centre (avec le plus haut sommet de toute la chaîne des Carpates, à 2655 m) et plat au sud. Le climat est tempéré.
Près de 84 % de la population se déclare d’ethnie slovaque. Les principales minorités sont les Hongrois (un peu moins de 8%, au sud et à l’est) et les Roms (officiellement 1.2%, mais plus probablement 7 à 11 %), loin devant les Tchèques, les Ruthènes et Ukrainiens, les Russes, les Allemands, les Polonais… 40 % des Roms vivent dans des enclaves spécifiques, à l’écart des villes, et tous ont une espérance de vie inférieure de plus de dix ans à celle des autres habitants.
Sur les 76 % d’habitants déclarant une religion, près de 56 % sont catholiques romains et 11 % membres d’autres confessions chrétiennes (évangéliques, grecs catholiques, réformés…).

La Slovaquie se sépare de la Tchéquie à l’amiable, en janvier 1993 (« divorce de velours »), sous la houlette de Vladimír Mečiar, leader du Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS). Son exercice autoritaire et national-populiste du pouvoir conduit l’Union européenne à retarder l’adhésion du pays (qui n’interviendra qu’en 2004, en même temps que celle à l’OTAN). Bien que son parti soit arrivé en tête des élections d’octobre 1998 et de 2002, Mečiar ne parvient pas à former de coalition et doit laisser l’opposition gouverner. En 2006, la Slovaquie n’échappe pas à la vague populiste qui gagne l’Europe centrale : les législatives sont remportées par les populistes sociaux-démocrates du Smer-SD de Robert Fico (29 %) et les nationalistes anti-hongrois du Parti national slovaque (SNS), au détriment des libéraux et démocrates chrétiens sortants et du Parti-populaire-HZDS de Meciar, alors que le Parti de la coalition hongroise frôle les 12 % (score que le MKP n’atteindra plus ensuite, au point de disparaître du Conseil national avec seulement 4 % des voix). Le Smer et les nationalistes du SNS et du HZDS forment un gouvernement « rouge-brun » qui ne survit pas au scrutin suivant : bien qu’elle arrive toujours en tête, la formation de Fico doit en effet céder le pouvoir à l’opposition, du fait du net repli du SNS et de l’effondrement du HZDS.
En dépit d’un fort recul (de 44 à 28 % des suffrages), le Smer-SD revient aux affaires en 2016, à la faveur d’une nouvelle coalition hétéroclite : à l’inamovible SNS s’ajoutent cette fois #SIEŤ (devenu le Parti conservateur slovaque) et Most-Hid (parti socialiste libéral, issu du MKP, qui prône le dialogue avec la minorité hongroise), deux des multiples nouvelles formations apparues au Parlement. Celui-ci voit en effet l’irruption d’un parti libertarien (SaS, Liberté et Solidarité, qui arrive deuxième) et de mouvements ouvertement xénophobes telles que Notre Slovaquie (L’SNS, héritier de la Fraternité slovaque, formation dissoute en 2006, dont les membres arboraient des uniformes noirs rappelant la Garde Hlinka, une milice pro-nazie).
En 2018, un journaliste est assassiné (ainsi que sa compagne) alors qu’il enquêtait sur l’implantation croissante de la mafia calabraise dans le pays et sur ses relations avec l’entourage du Premier ministre. L’affaire provoque le départ du ministère de l’intérieur, soupçonné de liens avec la corruption, puis la démission de Fico, sous la pression du parti pro-gouvernemental de la minorité hongroise. L’impact de ce double assassinat se fait ressentir sur les élections de 2020, qui sont remportées par un parti anti-corruption et populiste, le Mouvement des gens ordinaires et des personnalités indépendantes (OLaNO), fondé par un homme d’affaires très conservateur sur les questions de société (au point que certains de ses partisans sont qualifiés de « catholibans »). Avec 7% de plus que le Smer-SD, mais seulement 25 % des voix, il doit former un gouvernement de coalition avec les libéraux conservateurs du SaS, ainsi qu’un parti anti-migrants (« Nous sommes une famille ») et les centristes de « Pour le peuple ».
Le SaS s’étant retiré de la coalition à l’automne 2022, en raison de divergences sur la politique économique, le gouvernement devient minoritaire et succombe à une motion de censure. Les législatives anticipées de septembre 2023 voient une nouvelle victoire du Smer-SD, devant Slovaquie progressiste, un parti libéral-social pro-européen formé en 2017. N’ayant obtenu que 23 % des suffrages, Fico forme un gouvernement avec deux formations partageant sa rhétorique hostile à l’immigration mais au soutien que l’Union européenne apporte à l’Ukraine, dans sa guerre contre la Russie : ces deux partis sont l’incontournable SNS et le HLAS-SD (scission du Smer, fondée en 2020 par l’homme qui était devenu Premier ministre après la démission de Fico en 2018).
Photo : les Monts Tatras, dans les Carpates, à la frontière avec la Pologne