Mexique

Mexique

Le Mexique, berceau des civilisations Maya et Aztèques, est devenu un quasi narco-Etat

1 963 475 km²

République fédérale[1] présidentielle

Capitale : Mexico

Monnaie : peso mexicain

131 millions d’habitants (Mexicains)

[1] Les États-Unis mexicains (nom officiel du pays) comptent 31 « États libres et souverains » et la ville-capitale.

Le pays compte 4 389 km de frontières terrestres, avec les États-Unis au nord (3 155), le Guatemala (958) et le Belize (276) au sud-sud-est. Il est bordé par 9 300 km de côtes : sur la mer des Caraïbes à l’est et le golfe du Mexique au nord-est (séparés par la péninsule du Yucatán), par l’océan Pacifique à l’ouest et le golfe de Californie au nord-ouest.

Le Mexique est traversé par deux grandes chaînes de montagne : la Sierra Madre occidentale (prolongement de la Sierra Nevada californienne) et la Sierra Madre orientale (prolongement des montagnes Rocheuses). Séparées par le plateau mexicain, elles sont bordées au sud par la cordillère Néovolcanique (où culmine le pic d’Orizaba, à 5 675 m). Le Mexique compte d’autres reliefs montagneux comme la chaîne californienne, la sierra Madre del Sur, la sierra Madre de Oaxaca, la sierra Madre de Chiapas, et la Meseta Central de Chiapas. Situé de part et d’autre du tropique du Cancer, le pays présente trois grands types de climats : plutôt tempéré (subtropical humide et méditerranéen), tropical ou semi-aride, voire désertique.


En l’absence de données ethniques dans les recensements, la répartition de la population – dont un quart vit dans le grand Mexico – est estimée à 62 % de Métis, 28 % qui se considèrent comme indigènes (membres d’une soixantaine de peuples) et 10 % d’étrangers divers (majoritairement européens). Pays le plus hispanophone du monde, le Mexique compte également environ 10 % de locuteurs de langues amérindiennes. Parmi les soixante-quatre que reconnait une loi de 2002, les plus importantes sont, dans l’ordre, les parlers mayas (yucatèque, tseltal, tzotzil, ch’ol, huaxtèque), les langues otomangues (mixtèque, zapotèque, otomi, tlapanèque..), les langues nahua, le totonaque, le mixe-zoque et le tarasque. Le pourcentage d’indigènes dépasse un quart de la population totale dans plusieurs États (Oaxaca, Yucatán, Chiapas, Puebla, Guerrero, Veracruz, Morelos, Michoacán, Tabasco et Tlaxcala). Curiosité linguistique : le vénitien est encore utilisé dans la ville de Chipilo (Puebla). Des langues mayas sont également parlées au Belize (par environ 10 % des habitants) ainsi qu’au Guatemala (une vingtaine de langues, telles que le q’eqchi’, le quiché et le cakchiquel, employées par un peu moins de 30 % de la population).

Les 89 % de Mexicains déclarant une religion sont à 78 % catholiques et à 11 % protestants, dont des communautés mennonites utilisant encore le bas-saxon.

SOMMAIRE


Une indépendance tumultueuse

Descendants d’Espagnols et d’Européens nés hors d’Espagne, les créoles vont être le fer de lance de l’indépendance mexicaine, proclamée en 1821 sous la forme d’un Empire. Trois ans plus tard, une nouvelle Constitution en fait une république représentative populaire fédérale. Le pays s’agrandit du Chiapas, la seule des six provinces de l’ancien capitainerie générale du Guatemala à rejoindre le régime de Mexico (les autres devenant progressivement indépendantes, cf. Amérique centrale). En 1829, les Espagnols nés au Mexique deviennent les maîtres du pays après l’expulsion de la plupart des peninsulares (natifs de l’Espagne). La même année, Madrid effectue une tentative de reconquête, en faisant débarquer des troupes à Tampico. Mais elles sont repoussées par les forces du général Santa Anna qui, auréolé de ce succès, dirigera le pays à plusieurs reprises à partir de 1835. L’Espagne ne reconnaîtra l’indépendance du Mexique qu’à la fin de l’année suivante.

La même année 1836, le Texas proclame son indépendance du Mexique, avec la volonté de rejoindre les États-Unis d’Amérique qui l’incorporent, de fait, en 1845. Considérant qu’il s’agit d’une violation des accords passés neuf ans plus tôt, Mexico revendique que sa frontière avec le Texas soit établie non pas sur le río Bravo del Norte (río Grande pour leurs voisins) mais sur le Rio Nueces, 300 km plus au nord. La guerre ayant été déclarée, le Mexique est envahi par les Américains. Vaincu, il doit signer en 1848 un traité qui impose le río Grande comme frontière (sur 2 000 de ses 3 000 km) et l’oblige à céder plus de 40 % de son territoire aux États-Unis, soit près de deux millions de km² comprenant les États actuels de Californie, du Nouveau-Mexique, d’Arizona, du Nevada, d’Utah, ainsi que la majeure partie du Colorado et le sud-ouest du Wyoming.

En 1857, deux ans après le renversement du régime autoritaire de Santa Anna, une nouvelle Constitution est promulguée. D’esprit libéral, elle établit une République fédérale composée de vingt-cinq États, d’un « territoire » (la Basse-Californie) et du district fédéral de Mexico. Les réformes les plus controversées sont celles qui concernent le statut de l’Église catholique : l’interdiction de l’acquisition de propriétés par les corporations ecclésiastiques, l’exclusion des prêtres de la fonction publique, l’imposition de l’enseignement laïque, la liberté de cultes… Ceci déclenche la rébellion des conservateurs et la scission du pays : les États de Jalisco, Guanajuato, Querétaro, Michoacán, Nuevo León, Coahuila, Tamaulipas, Colima et Veracruz soutiennent la Constitution de 1857 et le gouvernement de Benito Juárez ; à l’opposé, les États de Mexico, Puebla, San Luis Potosí, Chihuahua, Durango, Tabasco, Tlaxcala, Chiapas, Sonora, Sinaloa, Oaxaca et Yucatán appuient le gouvernement conservateur de Félix Zuloága.

Les libéraux finissent par l’emporter en 1860, après deux ans de « Guerre de réforme ». Mais lorsque, l’année suivante, Juárez décide de suspendre le paiement de sa dette extérieure, la France, qui est l’un des créanciers du Mexique, en profite pour intervenir militairement, avec la bénédiction du pape. L’objectif de l’empereur français Napoléon III est d’instaurer un nouveau régime catholique qui soit son allié contre l’influence grandissante des États-Unis. Victorieuses, les troupes françaises entrent à Mexico en 1863 et installent sur le trône de l’Empire du Mexique un frère de l’empereur autrichien. Mais la situation de Maximilien est précaire. Elle le devient encore plus quand Juárez retrouve un soutien nord-américain, une fois la guerre de Sécession terminée, et quand Napoléon III doit rapatrier ses troupes, alors que la guerre menace en Europe. Abandonné par son principal allié, Maximilien est fusillé en 1867 par les révolutionnaires mexicains, qui rétablissent la république.


La révolution mexicaine, acte fondateur

Après le décès de Juárez, la présidence échoit à Porfiro Diaz qui la conserve, élection après élection. Ses mandats, connus sous le nom de Porfiriat, sont notamment caractérisés par des lois qui, au motif de moderniser l’économie, permettent aux étrangers de posséder le sous-sol et d’investir dans les infrastructures, les mines, le pétrole, les plantations, l’industrie… L’une des conséquences de cette politique est la concentration des terres aux mains d’une minorité de propriétaires, au détriment des paysans. En 1847, les Mayas se révoltent et commencent à massacrer les Créoles, les Métis et les Ladinos (Indiens hispanisés) au Yucatán, par ailleurs aux rivalités entre indépendantistes et partisans de l’appartenance à la Fédération mexicaine. Si cette seconde option l’emporte rapidement, la « guerre des castes » déclenchée par les Mayas ne prendra fin qu’avec le massacre des derniers révoltés en 1908. En 1856, une loi nationalise non seulement les terres de l’Église, mais aussi les terres collectives créées durant la période coloniale. Leur récupération va nourrir des mouvements de villageois, tel celui qu’anime Emiliano Zapata dans l’État central de Morelos et celui voisin du Guerrero. Le gouvernement mexicain doit aussi compter avec la rébellion des Yaquis, Indiens irréductibles vivant à cheval sur les États de Sonora et d’Arizona. Déjà rebellés en 1730 (quand le colonisateur espagnol avait expulsé leurs protecteurs jésuites), ils se révoltent à nouveau de 1868 à 1887 (puis en 1927).

La confiscation de terres est aussi un des déclencheurs de la révolution mexicaine qui éclate en 1910, lorsque Diaz se présente pour un nouveau mandat. Refusant d’admettre sa défaite, en partie liée à des irrégularités, son riche adversaire Madero entre en rébellion et finance, notamment, un ancien hors-la-loi du Chihuahua, « Pancho » Villa, qui s’empare de Ciudad Juarez en 1911. Voulant éviter une guerre civile, Porfirio Diaz s’exile, laissant Madero accéder à la Présidence. Mais le nouveau chef d’État est rapidement confronté à la désillusion de certains de ses partisans, dont Zapata, ainsi qu’à l’opposition des conservateurs et d’anciens porfiristes. En février 1913, il est assassiné après un coup d’État militaire orchestré par le général Huerta. Devenu Président, le putschiste est à son tour contesté par plusieurs forces : la División del Norte de Pancho Vila au Chihuahua, l’Ejército Libertador del Sur (Armée libératrice du Sud) de Zapata au Morelos et l’Armée constitutionnaliste de Venustiano Carranza, gouverneur porfiriste de l’État de Coahuila. Après plusieurs défaites de l’armée fédérale au printemps 1914, Huerta s’enfuit dès le mois de juillet, abandonnant le pays aux factions révolutionnaires qui vont se déchirer entre elles. Le meilleur entre villistes, zapatistes et carrancistes va être pris par ces derniers, sous le commandement du général Obregón, originaire de l’État de Sonora. Replié dans le Morelos, où il a entrepris de mener à bien sa révolution agraire, Zapata est militairement battu en 1916. De son côté, Pancho Villa est affaibli, mais il parvient quand même à mener un raid contre une ville frontière des États-Unis, qui ont pris parti pour Carranza. Les troupes américaines du général Pershing entrent alors au Mexique pour l’arrêter, mais n’y parviennent pas et rencontrent l’hostilité de la population.

Débarrassé de toute opposition sérieuse, Carranza devient Président, en mai 1917, dans le cadre d’une nouvelle Constitution qui prévoit, notamment, le suffrage universel, la réforme agraire et une nouvelle restriction des privilèges de l’Église (sécularisation de l’enseignement, interdiction des ordres monastiques et du droit de vote des ecclésiastiques…). Deux ans plus tard, il fait assassiner Zapata pour mettre définitivement fin aux troubles du Morelos. Mais son pouvoir est contesté par son ancien chef militaire Obregón, qui se présente à la présidentielle de 1920. Ne pouvant se représenter, Carranza essaie de promouvoir un dauphin. En vain. Il meurt assassiné au mois de mai. Quatre mois plus tard, Obregón est élu à la Présidence mais doit, lui aussi, faire face à l’hostilité d’un de ses anciens partisans, Adolfo de la Huerta, qui avait convaincu Villa de déposer les armes en 1920. Redoutant que l’ancien guérillero ne reprenne le combat, Obregón le fait exécuter en 1923. Le bilan de la révolution mexicaine est estimé à deux millions de morts (sur un peu plus de 15 millions d’habitants), mais le Mexique n’en a pas fini avec la violence.

Dans l’impossibilité de briguer un second mandat en 1924, le chef de l’État promeut un de ses seconds, l’ancien général révolutionnaire Calles. Devenu le Jefe máximo de la Revolución (chef suprême de la révolution), il lance de grands travaux d’infrastructure et mène d’importantes réformes à caractère social. Profondément athée et inspiré par le marxisme, il décide de mettre complètement en œuvre les mesures de laïcisation de la Constitution de 1917, dont l’application était jusqu’alors timide. Cette décision déclenche la guerre des Cristeros (ou de Cristiada). D’abord locale, la rébellion des milieux populaires catholiques se transforme en soulèvement à partir de janvier 1927, en particulier dans les États de Jalisco et Guanajuato au centre-ouest. A son apogée, le mouvement compte 50 000 combattants bien entraînés, dont la moitié de femmes, qui affrontent des milices rurales et l’armée fédérale au cri de « Vive le Christ-Roi ! Vive la Vierge de Guadalupe ! ». En 1928, un étudiant extrémiste catholique assassine Obregón, qui venait de faire son retour à la Présidence.

Un accord entre le gouvernement et l’Église est finalement signé l’année suivante, à l’initiative des États-Unis : sans annuler les dispositions de 1917, il stipule qu’elles ne seront pas appliquées, ce qui permet au clergé catholique de retrouver un certain nombre de droits. La démobilisation des Cristeros n’est pas immédiate et s’accompagnera de purges, contraignant à l’exil plusieurs milliers de leurs membres. Le conflit aurait fait 150 000 morts parmi les civils et 90 000 parmi les combattants (dont les deux tiers dans l’armée fédérale). La situation ne s’apaisera vraiment qu’en 1940, avec l’élection du Président Camacho, un catholique pratiquant. Comme ses prédécesseurs, il appartient au Parti national révolutionnaire (fondé en 1919), qui va intensifier l’hispanisation du pays.

Guérillas et narcotrafic

Devenue Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) en 1946, la formation gouvernementale va dominer le pays sans partage, en oubliant peu à peu ses origines socialistes. Poussées dans une paranoïa anticommuniste par les Américains, alors en pleine guerre froide avec l’URSS et son allié cubain, les autorités tirent, en octobre 1968, sur des étudiants d’extrême gauche qui manifestaient dans le quartier de Tlatelolco, dix jours avant l’ouverture des Jeux olympiques à Mexico. Bien que désarmés, plus de trois cents manifestants sont tués et des centaines disparaissent.

Le gouvernement doit également faire face à des guérillas dans quelques États du pays, comme celle du parti ouvrier clandestin Union du Peuple – Parti des pauvres (PROCUP-PDLP) dans les années 1970 et celle des Forces de libération nationale (FLN), fondées en 1969 au Nuevo Leon. D’inspiration castro-guévariste, le mouvement va essaimer dans plusieurs États, y compris au Chiapas, l’un des plus pauvres du pays. C’est là, dans la forêt Lacandone, que quelques militants de l’ELN fondent l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) pour défendre les populations indigènes. D’abord confidentielle, l’organisation prend son essor à la faveur de la corruption du régime (en 1988, le Président Gortari n’est élu que grâce à une fraude massive) et de la libéralisation effrénée de l’économie : en 1992, une réforme met ainsi fin au caractère inaliénable des terres indiennes. Les néo-zapatistes finissent par déclarer la guerre au gouvernement le 1er janvier 1994, jour de l’entrée en vigueur de l’Alena, le traité de libre-échange associant le Mexique aux États-Unis et au Canada. Les combats, qui ne durent qu’une douzaine de jours et font entre 150 et 200 morts, sont suivis d’un accord de paix.

Mais le gouvernement ne l’applique pas, bien au contraire : il fonde une unité de contre-insurrection (dont une partie des effectifs formera plus tard le groupe criminel des Zetas) et arme des groupes paramilitaires, pour lutter contre l’EZLN, mais aussi contre l’Armée populaire révolutionnaire (EPR), apparue en 1996 dans les montagnes du Guerrero, un an après le massacre d’une quinzaine de paysans par la police. C’est l’une de ces milices, formées de partisans du PRI et d’anciens maoïstes, qui assassine quarante-cinq hommes, femmes et enfants en pleine prière, fin 1997 : ils étaient membres d’une association chrétienne tzotzil, liée aux zapatistes. Bien que prévenue, la police locale, qui arme les miliciens, n’a pas bougé. Ce massacre d’Acteal fait descendre des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Mexico et de grandes villes, à l’appel de l’opposition de gauche, conduite par le Parti de la révolution démocratique (une scission de centre-gauche du PRI). Mais rien ne change. Faute d’accord national sur l’autonomie des communautés indigènes, l’EZLN crée ses propres municipalités autonomes, les « caracoles », dans lesquelles elle met en œuvre ses réformes. En parallèle, des affrontements de basse intensité continuent à opposer zapatistes et anti-zapatistes, propriétaires terriens mais aussi indigènes : la guérilla a en effet rallumé de vieilles querelles ethniques pour le contrôle des terres. En juin 2023, sept personnes sont tuées par balles dans le Chiapas, à la suite d’un conflit foncier entre communautés indigènes : les victimes sont des Tzotzils qui avaient été déplacés depuis le centre du Mexique, pour fuir un conflit agraire !

Dans un pays où 15 % de la population pense que seule la lutte armée peut faire bouger les choses, certaines situations demeurent insurrectionnelles, dans la région de Mexico et les États méridionaux d’Oaxaca et du Guerrero. En 2006, des violences opposent la police de Texcoco, dirigée par le PRD, au Front du peuple en défense de la terre (FPDT), apparu en 2001 pour empêcher la construction d’un deuxième aéroport à Mexico. A Oaxaca, la répression violente d’une manifestation d’enseignants – exigeant la revalorisation de leur salaire – fait plusieurs morts : les meurtriers sont des individus cagoulés, suspectés d’être des policiers aux ordres du gouverneur PRI local. A l’été 2007, l’EPR – bien que traversée par les scissions – refait parler d’elle en faisant sauter des gazoducs de la compagnie nationale Pemex, provoquant la paralysie de milliers d’entreprises pendant une semaine. En juin 2016, la répression par la police d’une manifestation d’enseignants radicaux, hostiles à une réforme sur l’évaluation des professeurs, fait encore huit morts.

Depuis 2006, le pays connait aussi une violence endémique due au trafic de drogue. Fin 2023, le bilan des victimes s’élevait à 400 000 morts et plus de 120 000 disparus, avec un pic en 2019 (plus de 35 500 morts). La criminalité est favorisée par l’impunité (seuls 10 % des délits généraux dénoncés dans le pays font l’objet d’un jugement), par la corruption (qui touche tous les échelons de la classe politique et de l’appareil sécuritaire) et par la pauvreté (qui frappe notamment sept Indiens sur dix, soit deux fois plus que la moyenne de la population).

La perte inédite du pouvoir par le PRI en 2000 – avec l’élection d’un candidat du Parti d’action nationale (conservateur) – n’a rien changé à la gouvernance générale du pays, d’autant que le PRI a repris les rênes douze ans plus tard. En 2018, le Mexique a toutefois enregistré un changement politique majeur, avec l’élection d’un Président de gauche : après deux échecs comme candidat du PRD, Andrés Manuel López Obrador a remporté le scrutin à la tête de sa propre formation, le Mouvement de régénération nationale (Morena). Ne pouvant se représenter en 2024, « Amlo » met en avant sa dauphine, Claudia Sheinbaum, une scientifique descendant de Juifs venus d’Europe : ancienne maire de Mexico, elle devient la première Présidente du Mexique, avec près de 60 % des voix, presque deux fois plus que sa principale concurrente, pourtant investie par les trois grands partis d’opposition.

En octobre, un semaine après son entrée en fonctions et quelques jours après la décapitation du maire de la capitale du Guerrero, la Présidente annonce le contenu de son programme de lutte contre la drogue (cf. Les cartels mexicains). En février 2025, menacé de sanctions économiques par la nouvelle administration conservatrice américaine, le gouvernement renforce ses moyens de surveillance à la frontière avec les États-Unis et intensifie ses saisies de drogue. En juin, au motif d’en finir avec la corruption de la justice, le régime organise l’élection d’une grande partie de son appareil judiciaire, y compris de la Cour suprême et du Tribunal électoral : mais l’opération est complexe et sujette à discussion, de sorte que seuls 13 % des Mexicains se déplacent pour voter.

Photo de « une » : Chichen Itza / Crédit : Any Chancel