93 028 km²
Démocratie illibérale
Capitale : Budapest
Monnaie : le forint
9,8 millions de Hongrois[1]
[1]Près de 3 millions de Hongrois ethniques vivent à l’étranger
Totalement enclavée, la Hongrie partage 2 106 km de frontières avec sept pays : 128 avec l’Ukraine et 424 avec la Roumanie à l’est, 164 avec la Serbie et 348 avec la Croatie au sud, 94 avec la Slovénie et 321 avec l’Autriche à l’ouest, 627 avec la Slovaquie au nord.
A l’exception des collines et petits sommets longeant la frontière slovaque (avec un point culminant à 1014 m), le relief de la Hongrie est principalement composé de la vaste plaine dite pannonienne, qui constitue la partie centrale du bassin du moyen-Danube. A l’est, elle se prolonge en Roumanie jusqu’au plateau de Transylvanie, bordé par la chaîne des Carpates, un arc de 209 000 km² qui court du nord-est de l’Autriche jusqu’au centre-ouest de la Roumanie en passant par l’ex-Tchécoslovaquie, le sud de la Pologne et l’Ukraine (région de Ruthénie subcarpatique au nord-est de la Hongrie). Le territoire hongrois est traversé du sud au nord par deux cours d’eau (le Danube au centre et son affluent la Tisza à l’est) qui délimitent trois grandes zones géographiques. Dans celle de l’ouest s’étend le lac Balaton (590 km²). Le climat du pays est tempéré.
Plus de 84 % de la population est d’ethnie hongroise (ou magyare). Officiellement, les Roms ne sont que 2 %, mais ils seraient en réalité entre 5 et 10 %. Environ 1 % des habitants sont d’origine germanique. La langue officielle est le hongrois, langue qui – en raison de l’histoire du royaume de Hongrie (cf. infra) – est également parlée par un peu moins de trois millions de personnes vivant en dehors de ses frontières. La plupart résident dans les pays limitrophes, principalement la Roumanie (plus de 1,2 million), la Slovaquie (près de 500 000), la Serbie (plus de 240 000 dans la province de Voïvodine) et l’Ukraine (environ 160 000 en Transcarpatie, ex-Ruthénie subcarpatique). Le hongrois y bénéficie généralement d’une reconnaissance officielle, a minima comme langue d’usage.
Sur 44 % de personnes déclarant une religion, 30 % sont catholiques (dont plus de 27 % d’obédience romaine), près de 10 % calvinistes et plus de 3 % d’autres confessions chrétiennes (luthériens, orthodoxes…).
Des Illyriens aux Avars
Vers 500 AEC, différents peuples s’installent dans le territoire qui constituera la Hongrie : des Illyriens en Pannonie (les Pannoniens, à l’ouest du Danube), des Thraces dans le bassin de la Tisza et des Sarmates Agathyrses dans la plaine danubienne. Vers -350, ils sont suivis par des Scythes et des Celtes puis, au 1er siècle EC, par des Romains, qui occupent la rive occidentale du Danube (Transdanubie) et instaurent les provinces de Pannonie : supérieure (autour de Vienne en Autriche) et inférieure, laquelle est divisée en deux en 296, de part et d’autre de la Drave : la Pannonie Valeria (l’actuelle Hongrie) au nord et la Pannonie seconde au sud (avec la Voïvodine et des parties de Croatie et de Bosnie). En 395, l’ultime division de l’Empire romain attribue la Pannonie à celui d’Occident. En pratique, les Romains ne contrôlent plus que la rive danubienne fortifiée et quelques îlots de ce territoire, où se pressent des peuples germaniques tels que les Vandales et les Gépides, fuyant la surpopulation des bords de la Vistule (en Pologne).
Autour de 440, les autorités romaines évacuent les dernières villes, menacées par des envahisseurs venus d’Asie centrale, les Huns, qui repoussent vers l’ouest les différents peuples installés en Pannonie. Celle-ci devient la base de lancement des raids qu’Attila mène sur les empires d’Orient (future Byzance) et d’Occident. Après ses échecs, le chef des Huns se replie dans la plaine hongroise, où il meurt en 453. Son royaume ne lui ayant pas survécu, la région est envahie par de nouveaux venus germaniques, tels que les Ostrogoths et les Lombards. Venus des rives de l’Elbe, ces derniers se sont installés à la fin du Ve siècle en basse Autriche (Norique) et en Pannonie, où ils ont signé un traité de collaboration (foedus) avec les Byzantins, après avoir repoussé les Celtes au-delà du Danube et soumis le Royaume des Hérules.
Au tournant des Ve et VIe siècles, de nouvelles tribus sont arrivées en Pannonie, en provenance des actuelles Pologne et Russie : des Slaves qui, à la fin du VIe siècle, deviennent vassales du khanat Avar. Potentielles descendantes des Jouan-Jouan mongolo-toungouses du nord de la Chine (cf. Monde sino-mongol), les tribus Avars issues des bords de la Volga se sont installées au milieu du VIe siècle dans les steppes pontiques (au nord de la mer Noire) où, en échange de terres et de subsides, elles se sont mises au service de l’empereur byzantin Justinien, pour éliminer la menace représentée par les hordes post-hunniques (cf. « Russie » historique). A partir de 565, les Avars commencent à se déplacer vers la Pannonie et le bassin des Carpates, où ils sont rejoints par des Huns dits Hephtalites, chassés d’Inde et Asie centrale. Leur État atteint une telle puissance que, en 568, leurs anciens alliés Lombards préfèrent prendre leurs distances et partir à la conquête de la majeure partie de l’Italie. Pourtant, le royaume Avar s’effondre au début du IXe siècle, victime de ses conflits internes et des contre-attaques des Bulgares (à l’est) et des Francs Carolingiens qui, à l’ouest, les ont empêchés de s’implanter en Bavière et en Lombardie. Les vaincus s’éparpillent en Hongrie orientale et dans les Balkans, où ils se fondent dans la population et disparaissent en tant qu’Avars.
Le sud-est de la Pannonie et le bassin oriental de la Tisza se retrouvent alors intégrés au khanat bulgare du Danube, tandis que la Pannonie occidentale tombe sous la domination de l’empire Carolingien : celui-ci y crée des « marches » qui seront gouvernées par le duc de Frioul, au nom de l’empereur, avec le concours de princes slaves. Parmi ces derniers figure la noblesse de la principauté du Balaton (Blatnozérie), qui émerge peu après la création de la Grande-Moravie, au nord du Danube : ce nouvel État ayant absorbé la principauté voisine de Nitra (en Slovaquie), le prince déchu se réfugie auprès des Francs, qui lui attribuent des territoires situés en Basse-Pannonie, sur les bords du « lac boueux » (signification de blatnozero en langue slave). Née en 839, la nouvelle principauté forme un « État tampon », allié de la Francie orientale, contre les menaces que représentent les Slaves de Grande-Moravie et de Bulgarie. La Blatnozérie passe ensuite aux mains directes des Francs, puis de la Grande Moravie, avant d’être conquise en 901 par les Magyars.
La prise de pouvoir des Magyars
Sans rapport avec les Huns (ni avec les Avars), les Magyars ne sont pas turcophones : ils parlent une langue de la famille dite finno-ougrienne (dont fait également partie le finnois). Toutefois, une confusion va s’établir entre les deux peuples, de sorte que les Magyars vont être appelés Hongrois, en référence aux Onoghours, des groupes post-hunniques ayant probablement fait partie de leur encadrement militaire. D’abord installés dans une Magna Hungaria, sur les bords de la Volga, ils l’ont quittée dans la première moitié du VIIIe, sans doute sous la pression d’autres peuples, pour s’implanter plus à l’ouest, comme vassaux et supplétifs des Khazars : qualifié par les historiens contemporains de « Lébédie » (en référence au nom de leur chef), leur territoire englobe les steppes du Don et les steppes ukrainiennes à l’est du Dniepr. La guerre civile que connait le khanat Khazar dans les années 830 entraîne une nouvelle migration des Magyars. Ils se déplacent à l’ouest du Dniepr, dans une région du bas-Danube qu’ils dénomment Etelköz et où ils deviennent les mercenaires de diverses puissances régionales : ainsi, en 894, ils écrasent les Bulgares pour le compte des Byzantins. Une nouvelle fois menacés sur leur flanc oriental, cette fois par les Turcs Petchenègues, les Magyars gagnent les Carpates qu’ils franchissent en 895, pour s’installer dans le bassin danubien.
Sous la direction d’un chef dénommé Árpád, ils en font la base arrière des nombreux raids qu’ils vont mener en direction de l’Europe occidentale et des Balkans. En 907, près de Bratislava, ils infligent une défaite si cuisante au royaume de Grande-Moravie qu’il ne s’en relèvera pas. Un duc hongrois en profite pour conquérir, en 925, la partie slovaque de l’État vaincu. Dans le domaine des Carolingiens, les Magyars ravagent l’Allemagne, la vallée du Rhône et le sud de l’Italie (en 922-24, 933 et 947), ramenant un énorme butin et d’innombrables prisonniers. En 934, ils pillent la Thrace et menacent Constantinople. Leurs razzias prennent fin dans la seconde moitié du Xe siècle. A l’ouest, ils sont battus en 955 par le futur empereur germanique Otton le Grand, lors de la bataille du Lechfeld, près d’Augsbourg en Souabe ; à l’est, les Byzantins les contraignent à cesser leurs incursions.
Les Magyars se sédentarisent alors dans la plaine danubienne et y assimilent les Slaves, ainsi que les Avars encore présents. A la fin du Xe siècle, le duc Géza impose sa domination à toutes les tribus et autorise l’entrée de missions chrétiennes sur ses territoires, dont les habitants sont adeptes du tengrisme (cf. Animisme). Il se fait même baptiser avec son fils Vajk qui, en 1001, est couronné roi de Hongrie, sous le nom d’Étienne 1er ; ceci lui permet d’asseoir son autorité et d’assurer l’indépendance de son pays, en particulier face au Saint-Empire romain germanique, champion incontesté de la chrétienté dans la région. A la place de l’organisation traditionnelle des Magyars en tribus, Étienne structure son royaume en comitats et en banats (marches).
Au début du XIe siècle, ses troupes étendent leur emprise jusqu’à la chaîne des Carpates, puis au-delà, en Transylvanie (le « pays au-delà des forêts »), plateau entouré par l’arc des Carpates qui formait le cœur de l’ancienne Dacie romaine ; le processus d’intégration est achevé à la fin du XIIe. Ayant évincé les Bulgares de ces régions, les Magyars y soumettent les populations locales, majoritairement slaves et valaques romanisées (« roumaines »). Les historiens hongrois ont une autre version : selon eux, la première des tribus magyares aurait posé les pieds au Xe siècle dans une région depuis longtemps désertée par ses éléments romains ou romanisés et seulement traversée par des envahisseurs ; les « Roumains » venant du sud ne seraient apparus en Transylvanie qu’au XIIIe siècle. Toujours est-il que la Transylvanie est transformée en voïvodat du royaume de Hongrie, comme le duché slavo-roumain de Marmatie situé au pied des Carpates, dans le haut bassin de la rivière Tisza (aujourd’hui à cheval sur le Maramures, au nord de la Transylvanie roumaine, et la Ruthénie subcarpatique en Ukraine). Dans les deux cas, les nobles valaques et slaves sont progressivement intégrés dans la noblesse hongroise, notamment par renoncement à l’orthodoxie et conversion au catholicisme. Du XIe au début du XVIe siècle, la Transylvanie est une principauté dotée de ses propres institutions et lois, vassale du royaume de Hongrie. Pour développer ses mines, les souverains hongrois font venir des colons allemands qualifiés de Saxons, bien qu’ils ne viennent pas tous de Saxe (environ 10 % sont Wallons et Lorrains).
Outre les Magyars, des mercenaires de langue hongroise sédentarisent dans la partie orientale de la Transylvanie, le long des Carpates orientales : les Sicules. Colons aux origines incertaines (finno-ougriennes ou bien turco-mongoles), ce peuple « d’hommes libres » prend en charge la garde des frontières du royaume de Hongrie. Ils pourraient être à l’origine d’une petite communauté magyarophone vivant toujours en Roumanie, les Csángó.
L’heure des souverains étrangers
Tous les enfants d’Étienne étant décédés, sa mort (en 1038) est suivie d’une trentaine d’années de guerre civile, sur fond de rivalités entre nobles hongrois et de tentatives de restauration du paganisme. Brièvement devenu vassale de l’Empire germanique, la Hongrie recouvre son indépendance sous le règne d’André Ier (1047-1060) et s’étend même sous ses différents successeurs, avec la conquête de la Slavonie et des villes dalmates, puis la vassalisation de la Serbie et de la Bosnie[1] , ainsi que des régions Valaques de Valachie et de Moldavie. Lors du schisme de 1054, les Magyars adoptent majoritairement la forme catholique du christianisme, qu’ils vont imposer de gré ou de force dans leurs possessions. A la fin du XIe, la Hongrie intervient en Croatie, à la demande de la veuve du souverain qui vient d’être assassiné : un arrangement avec les tribus croates aboutit, en 1102, à un accord qui lie les couronnes de Hongrie et de Croatie par une union personnelle, tout en préservant l’autonomie des institutions de la seconde. Au XIIe siècle, le roi de Hongrie Geza II fait par ailleurs venir des colons « Saxons » (allemands) pour protéger sa frontière orientale de Transylvanie contre les raids des Tatars. C’est ainsi que sont construites des villes fortifiées telles que Sibiu et Brasov (Kronstadt).
A son apogée sous Béla III (entre 1172 et 1196), le royaume amorce ensuite un déclin. Subissant la pression de Byzance, la monarchie doit aussi composer avec les grands féodaux, auxquels elle est contrainte de concéder divers privilèges. La noblesse s’insurge notamment contre l’asile que le roi a accordé à des Coumans (Turcs Kiptchak), battus par les Mongols dans les steppes ukraino-russes, et qu’il a installés dans deux régions entre Danube et Tisza. Ils rejoignent les multiples auxiliaires dont se sont entourés les Magyars (Sarmates Iazyges, Sicules de Transylvanie, mercenaires Petchenègues de la garde royale…). Béla IV ayant refusé d’expulser ses hôtes et de se soumettre aux Mongols de Subötaï, ceux-ci pénètrent en Hongrie en 1241. Le jour de Noël, ils détruisent la capitale et centre économique du royaume, Esztergom, forçant le roi à déplacer son siège à Buda, au sud de la Hongrie, à proximité d’une ville qui était la capitale de la Pannonie romaine. Ayant ravagé les campagnes occidentales et poussé jusqu’aux frontières de l’Autriche et aux côtes dalmates, les envahisseurs opèrent ensuite un demi-tour, laissant derrière eux un champ de ruines. En 1242, ce sont les Coumans qui ravagent la Hongrie, à la suite de l’assassinat de leur khan par des barons hongrois, avant d’aller se réfugier en Bulgarie, où l’un d’eux fondera la principauté danubienne de Valachie dans les années 1320 (cf. Balkans et Danube).
Tirant les leçons des épreuves qu’elle vient de traverser, la Hongrie se couvre de châteaux forts en pierre, ce qui accentue le morcellement féodal du royaume. A la mort du dernier roi de la dynastie Árpád, en 1301, plusieurs princes aspirent à la couronne hongroise. Elle échoit finalement, en 1308, à un membre de la famille d’Anjou régnant à Naples. Soutenu par le pape, Charles Ier Robert raffermit le pouvoir royal, tâche que facilite la découverte de mines d’or. En 1335, la Hongrie s’entend avec ses voisins de Pologne et de Bohême pour stopper l’expansion des Habsbourg d’Autriche et s’accroît au passage de la Bosnie.
En 1366, le roi Louis Ier de Hongrie remet en cause l’organisation politique qui prévalait jusqu’alors en Transylvanie, à savoir la représentation à la Diète des Saxons, des Sicules et des Valaques, aux côtés de l’aristocratie magyare. Tous formaient un tiers état pouvant proposer et voter des règlements, et être délégués pour prendre des mesures exécutives concernant l’ordre public, les relations entre confessions, groupes linguistiques et confréries professionnelles, voire les questions militaires. Dans le nouveau dispositif, l’accessibilité à la Diète est conditionnée par l’appartenance à l’Église catholique, ce qui contraint la noblesse valaque à se convertir (et se magyariser) ou à s’exiler. Refusant ces conditions, un noble de Marmatie s’empare en 1359 de la marche hongroise de Moldavie, qu’il érige en Principauté (cf. Balkans et Danube). Les rois de Hongrie réagissent, mais ils sont battus en 1395, le voïvode de Moldavie ayant reçu des renforts du roi de Pologne, auquel il avait pris la précaution d’offrir sa vassalité. La mainmise croissante de l’Église catholique a également un impact sur la Transylvanie : en 1437, elle provoque la révolte de paysans Valaques orthodoxes, associés à des Magyars de confession hussite. La répression exercée contre ces jacqueries de Bobâlna aboutit à la constitution de l’Unio Trium Nationum, dont les Valaques sont désormais exclus et ravalés au rang de serfs. Cet ordre social foncièrement inégalitaire perdurera jusqu’à la Révolution transylvaine de 1784.
Avec Buda comme capitale officielle (depuis 1361), le royaume de Hongrie connait alors un nouvel apogée. Il est d’autant plus grand que, en 1370, Louis Ier devient aussi roi de Pologne. Son gendre, Sigismond de Luxembourg, obtient même la couronne impériale (1410), puis celle de Bohême (1419). En revanche, la monarchie hongroise a perdu le banat de Bosnie (qui s’est émancipé de la tutelle hungaro-croate et s’est proclamé royaume en 1377), ainsi que la Dalmatie (vendue en 1403 aux Vénitiens). Elle ne peut s’opposer non plus au poids croissant de l’oligarchie hongroise. De 1437 à 1440, une guerre de succession ravage le pays, jusqu’à la victoire des Jagellon de Pologne, qui acquièrent la couronne élective de Hongrie : avec leurs unions personnelles, ils règnent de la Lituanie à la Croatie. Devenu roi, Ladislas III Jagellon doit affronter l’expansion des Turcs Ottomans, qui le battent et tuent à Varna (1444). La régence du royaume hongrois est alors exercée par son allié, le voïvode de Transylvanie Jean Hunyadi (de père Valaque) qui stoppe l’avancée ottomane devant Belgrade (en 1456).
A sa mort, deux ans plus tard, le relais est pris par son fils Mathias dit Corvin. Couronné roi, il s’efforce de renforcer la centralisation de son royaume et s’appuie sur les villes face à l’aristocratie. En 1459, il devient également roi de Bohême, élu par les nobles catholiques locaux contre le candidat autochtone choisi par la noblesse hussite. Le différend est réglé en 1471 : le roi protestant de Bohême désigne comme successeur le fils du roi Jagellon de Pologne qui, pour apaiser Corvin, cède la Moravie, la Silésie et la Lusace à la Hongrie, laquelle s’étend également au détriment des Ottomans entre 1463 et 1467 (Bosnie, Moldavie et Valachie) et des Habsbourg (Basse-Autriche et Styrie) en 1485. La même année, Mathias transfère même sa capitale à Vienne, tout en maintenant une cour brillante à Buda. Célèvre pour son autoritarisme, il sera le seul roi hongrois de Hongrie entre 1301 et 1918.
[1] Créé au milieu du XIIe par les Hongrois, le banat de Bosnie est brièvement indépendant, avant que la Hongrie catholique ne l’envahisse en 1203, pour mettre fin à la la protection que le souverain local accorde aux « hérétiques » bogomiles.
L’heure des tutelles ottomane et autrichienne
A la mort de Mathias Corvin, en 1490, la grande noblesse écarte son fils et choisit un souverain non hongrois, réputé plus faible : le choix se porte sur le roi de Bohême (membre de la famille Jagellon) qui perd tout le terrain gagné par son prédécesseur et voit la paysannerie se révolter. En 1526, les troupes de son fils Louis II sont lourdement battues à Mohacs (au sud de la Hongrie) par les Ottomans. Le souverain ayant été tué dans la bataille et n’ayant pas laissé de descendant, sa succession est agitée. Du fait de son mariage avec Anne, héritière de la Maison Jagellon, l’archiduc d’Autriche Ferdinand de Habsbourg (frère de Charles Quint) monte sur le trône de Bohême et est sacré roi de Hongrie. Mais la petite noblesse hongroise ne l’entend pas ainsi et choisit comme roi le voïvode de Transylvanie, Jean Ier Zapolya. En difficulté sur le plan militaire, ce dernier fait appel au sultan Ottoman Soliman le Magnifique, dont les troupes prennent Buda et assiègent Vienne. Ferdinand doit accepter un partage de la Hongrie : les parties occidentale et septentrionale (l’actuelle Slovaquie) forment la Hongrie royale sous obédience des Habsbourg (avec pour capitale Presbourg, le nom allemand de Bratislava, Pozsony en hongrois), tandis que la Hongrie centrale est Ottomane (avec Budapest).
De son côté, la Transylvanie est officiellement attribuée aux Zapolya, qui doivent verser un tribut aux Turcs mais voient leur territoire agrandi de la Marmatie, de l’Est de la Hongrie et de l’actuelle Slovaquie (ensemble appelé Partium). Les historiens hongrois la qualifient de royaume de Hongrie orientale mais, en réalité, la Transylvanie est une principauté autonome vassale de l’Empire ottoman, comme la Valachie et la Moldavie ; toutes trois gardent leur statut d’États chrétiens, leurs armées, leurs institutions, leurs lois et leurs ambassadeurs. En 1568, alors que la Contre-Réforme catholique sévit dans les possessions des Habsbourg (Autriche, Bohême et Hongrie royale), la Diète transylvaine adopte l’Édit de Torda, qui est considéré comme le premier décret de liberté religieuse en Europe. A l’exception des Valaques (orthodoxes), la majorité des habitants de Transylvanie adopte alors le protestantisme : soit luthérien (les Saxons), soit calviniste (une partie des Magyars et des Sicules), soit unitarien (certains Magyars). Soutenu par le voïvode Jean II Sigismund Zápolya, l’unitarisme professé par le prédicateur Saxon Ferenc Dávid rejette la Trinité chrétienne : il affirme, comme l’arianisme antique, que Dieu est un seul et même esprit, Jésus n’étant pas son fils mais un prophète et messie. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Unitarisme_(th%C3%A9ologie)
En 1571, la principauté transylvaine change de titulaire et passe (jusqu’en 1601) à la famille Báthory, qui va compter parmi ses membres un roi de Pologne et une comtesse (Élisabeth) suspectée de sévices et de meurtres de jeunes filles. Vingt ans plus tard, le prince Transylvain et son homologue Valaque aident l’Empereur autrichien à vaincre les Ottomans, ce qui conduit à l’union des deux principautés et de la Moldavie. Union sans lendemain : après des révoltes contre les Autrichiens, soutenues par Constantinople, le sultan rétablit sa suzeraineté sur les trois territoires en 1606, tout en perdant au passage quelques territoires hongrois (et en renonçant au tribut que devait lui verser l’Autriche). Bien que vassale, la Transylvanie n’en est pas moins à son apogée, au point d’aller assiéger Vienne pour faire valoir (en vain) ses droits sur la couronne hongroise.
En 1661, des paysans et des nobles luthériens de Hongrie royale se révoltent contre l’absolutisme catholique des Habsbourg et appellent le Sultan à l’aide. Pour essayer de mettre fin à l’insoumission de la noblesse hongroise, l’empereur reconnait (en 1681) la liberté de culte en Hongrie royale, ce qui n’empêche pas la Haute Hongrie (l’est de l’actuelle Slovaquie) de faire brièvement sécession, au milieu des années 1680, en versant tribut aux Ottomans. Ces derniers essaient de s’emparer de Vienne, mais échouent. Une Sainte-Ligue constituée par l’Autriche, la Pologne et la Russie lance alors une contre-attaque dans les possessions Ottomanes. Les Autrichiens reprennent Buda en 1686, mais il faudra encore une douzaine d’années de guerre pour que Constantinople signe la paix de Karlowitz (Serbie), en 1699 : les Ottomans restituent leur pachalik de Hongrie (ainsi que la Croatie) aux Habsbourg, de sorte que toute la Hongrie se retrouve sous autorité autrichienne. Ce n’est pas tout-à-fait le cas de la Transylvanie, qui est revenue dans l’orbite hongroise mais conserve une large autonomie. Sa nouvelle famille régnante (les Rákóczi, au pouvoir depuis 1630) en profite : en 1707, le prince Ferenc se fait même désigner roi de Hongrie. Les troupes autrichiennes mettent fin à la sécession de la Transylvanie en 1711 et, quatre ans plus tard, la monarchie autrichienne réaffirme l’indivisibilité de la Hongrie et des provinces héréditaires des Habsbourg. L’ensemble hongrois se distingue par sa grande variété ethnique et religieuse. A la mosaïque existante s’est ajoutée une branche séparée de l’orthodoxie, dite Uniate (cf. Chrétiens orthodoxes) : au milieu du XVIIe, les Slaves Ruthènes de Haute Hongrie ont choisi, comme leurs homologues de Pologne quelques décennies plus tôt, de reconnaître l’autorité du pape, tout en conservant leurs rites.
Administré depuis Vienne, l’ensemble hongrois se montre longtemps fidèle aux Habsbourg, mais son nationalisme s’exprime au cours du XIXe siècle face à un pouvoir impérial toujours conservateur. La tentative viennoise d’instaurer l’allemand comme langue officielle est un échec complet ; au contraire, le hongrois s’impose dans l’enseignement, la justice, l’état-civil, l’administration, la littérature… En 1848, une révolution libérale éclate en Hongrie, comme dans beaucoup d’autres pays européens. Elle aboutit à la création d’un gouvernement et d’une Assemblée hongrois dont l’homme fort, Lajos Kossuth, se montre sourd au désir d’autonomie des populations non hongroises de Hongrie, alors qu’il est lui-même d’origine slovaque. Parmi ces minorités figurent les Croates qui, avec le soutien de l’Autriche, envahissent la Hongrie et s’emparent de Buda. D’abord en difficulté, la Honved (l’armée hongroise) reprend le dessus et la Diète de Debrecen proclame la déchéance de la dynastie des Habsbourg et l’indépendance de la république de Hongrie. Mais le chancelier autrichien la refuse et défait les Hongrois, avec l’appui de troupes russes, venues de Galicie et de Valachie.
Le rétrécissement de la Hongrie
Connue sous le nom de « système de Bach » (du nom du ministre de l’intérieur et de la justice), la politique de répression et de germanisation à marche forcée menée par le gouvernement impérial prend fin en 1859, lorsque l’Autriche sort affaiblie d’un revers en Italie. C’est à la suite d’une nouvelle défaite, face aux Prussiens en 1866, que les Habsbourg se résolvent au « compromis austro-hongrois » : adopté en 1867, il coupe l’Empire en deux, de part et d’autre de la rivière Leitha, Cisleithanie du côté autrichien et Transleithanie du côté hongrois (Croatie comprise). Concrètement, l’empereur d’Autriche est roi de Hongrie et un certain nombre d’affaires relèvent du niveau fédéral (défense, diplomatie, finances), mais pour le reste, la « Grande Hongrie » constitue un État à part entière, dont la capitale est établie à Budapest, métropole associant l’historique Buda (sur la rive droite du Danube) à la cité commerçante de Pest (sur la rive gauche du Danube) et à Óbuda (site d’Aquincum, l’ancienne capitale de la Pannonie romaine). Les Hongrois y sont les plus nombreux (48 %), mais en moins grand nombre que le total des allogènes (Slovaques et Ruthènes au nord, Roumains à l’est, Croates et Serbes au sud et quelque 10 % de Saxons disséminés dans le royaume). Le sort des minorités prend d’autant plus de relief que, dans la seconde moitié du XIXe siècle, la Valachie et la Moldavie deviennent indépendantes (sous le nom de Roumanie), de même que la Serbie.
Pourtant, ce n’est pas la question ethnique qui fait exploser l’Autriche-Hongrie, mais la Première guerre mondiale. Vaincu, l’Empire des Habsbourg éclate : une république hongroise est créée en décembre 1918, en même temps que les Slaves du sud s’émancipent (royaume des Serbes, Croates et Slovènes), comme les Tchèques et les Slovaques au nord. A l’est, la Roumanie s’agrandit de la Transylvanie. La jeune république de Hongrie connait des troubles dès sa naissance : sous l’influence des bolchéviques, qui ont pris le pouvoir en Russie, un Conseil des commissaires du peuple, dirigé par le communiste Béla Kun, s’installe à Budapest en mars 1919. Mais il disparait cinq mois plus tard, victime des incursions de troupes étrangères (dont les Roumains qui entrent même dans la capitale) et des forces hongroises que commande l’amiral Horthy, soutenu par les vainqueurs de la guerre mondiale. Au printemps 1920, l’ancien commandant en chef de la flotte austro-hongroise devient régent d’un pays sans roi… ni façade maritime.
La Hongrie sort considérablement affaiblie du traité de Trianon (juin 1920), puisque sa superficie passe de 325 000 à 93 000 km². Non seulement elle perd les régions majoritairement peuplées d’allogènes (la Croatie, la Slovaquie et même le Burgenland germanophone attribué à l’Autriche), mais elle est également amputée de zones ethniquement plus mélangées attribuées à des vainqueurs de la guerre (la Transylvanie à la Roumanie, le Banat et la Batchka, dans la Voïvodine yougoslave). Au lendemain du conflit mondial, quelque 2 750 000 Hongrois se retrouvent ressortissants d’autres pays : 1,5 million en Roumanie, 500 000 en Yougoslavie et même 500 000 en Tchécoslovaquie (le nouvel État ayant réclamé une frontière sur le Danube, au détriment de la Hongrie). La Hongrie proprement dite ne compte plus que 7,4 millions de Hongrois (et un demi-million d’Allemands).
La volonté de reprendre certains des territoires perdus à Trianon conduit la Hongrie à se ranger du côté de l’Allemagne nazie. En 1938, après l’annexion des Sudètes tchèques par Berlin, elle récupère le sud de la Slovaquie et une portion de sa partie ruthène. Elle reprend le reste l’année suivante, à la faveur de l’éclatement de la Tchécoslovaquie (entre l’État slovaque et le protectorat de Bohême-Moravie). En 1940, elle se voit restituer le nord de la Transylvanie, dont tout le pays Sicule, puis, l’année d’après, la Batchka et le sud de la Baranya (à la frontière de la Croatie), ainsi que le district de la Mur (à la frontière autrichienne). Entraîné dans la guerre avec l’URSS, lors de la Seconde guerre mondiale, le gouvernement hongrois essaie de sortir de l’orbite allemande. En 1944, Horthy signe un armistice avec Moscou, mais l’Allemagne réagit : elle envahit la Hongrie et confie le pouvoir au chef des Croix fléchées, un mouvement antisémite d’extrême-droite. Devenu un champ de bataille entre nazis et Soviétiques, le pays est conquis par les seconds en avril 1945. La Hongrie retrouve ses frontières rétrécies d’avant 1938, avec une nouveauté : elle possède désormais une frontière avec l’Ukraine, qui a récupéré la Ruthénie subcarpatique.
Communisme et autoritarisme
Organisées librement, les élections générales de fin 1945 voient le net succès du parti des petits propriétaires indépendants, avec trois fois plus de voix que le parti communiste. Mais celui-ci parvient à obtenir la formation d’un gouvernement de coalition, que le ministre de l’Intérieur (pro-Soviétique) s’efforce d’affaiblir. Le succès est au rendez-vous : à partir de mars 1948, le PC exerce seul le pouvoir et proclame une république populaire, fidèlement alignée sur Moscou, jusque dans la tenue de procès de type stalinien. La mort de Staline conduit à une relative libéralisation du régime hongrois, sous l’égide d’Imre Nagy, jusqu’à sa mise à l’écart par la vieille garde du PC, au printemps 1955. Mais les réformateurs ne faiblissent pas : en octobre 1956, une gigantesque manifestation se déroule à Budapest, en soutien au Premier ministre polonais Gomulka, dont les projets de réforme se heurtent à une menace d’intervention de l’Armée rouge. Ayant repris la tête du gouvernement, Nagy demande le retrait des troupes soviétiques stationnées en Hongrie et proclame la neutralité du pays. Son initiative n’ira pas plus loin : dès les premiers jours de novembre, les chars russes pénètrent en masse sur le territoire hongrois – depuis l’Ukraine subcarpatique – et mettent fin à l’insurrection de Budapest. Le conflit aura fait 2 500 morts du côté des insurgés et un peu plus de 700 du côté soviétique. La répression que mène ensuite János Kádár est sans pitié : 13 000 Hongrois sont emprisonnés et des centaines exécutés ou déportés en Union soviétique, tandis qu’environ 200 000 quittent leur pays via l’Autriche. Sans remettre en cause la toute-puissance du PC, le nouveau chef du gouvernement mène, à partir de 1968, une politique de libéralisation économique qui lui vaudra d’être surnommée « le communisme goulash ».
Comme dans le reste de l’Europe centrale, le régime communiste se désagrège à partir de 1988 et, dès l’année suivante, la république abandonne son qualificatif de « populaire ». Les élections multipartites tenues au printemps 1990 aboutissent à la formation d’un gouvernement de centre-droit. En 1999, la Hongrie adhère à l’OTAN et rejoint l’Union européenne cinq ans plus tard .
Depuis 1998, le pays est dirigé quasiment sans interruption par le même Premier ministre, à l’exception d’un intermède socialiste entre 2002 et 2010. Natif de Székesfehérvár (le « château blanc du siège royal », lieu des couronnements et enterrements royaux jusqu’au XVIe siècle), Viktor Orbán prend la tête, en 1993, du Fidesz-MPSZ (Alliance des jeunes démocrates-Union civique hongroise) : de ce mouvement alors positionné au centre de l’échiquier politique, il va progressivement faire une formation ultranationaliste et populiste. Battu de justesse par la gauche en 2002, il retrouve le pouvoir en 2010, après avoir remporté une large victoire obtenue aux législatives, avec ses alliés démocrates-chrétiens. Dès l’année suivante, il pose les bases d’un régime qui va recevoir l’étiquette de démocratie illibérale. Une nouvelle Loi fondamentale fait du christianisme le « ciment de la Nation », diminue les pouvoirs de la Cour constitutionnelle et donne au chef du gouvernement le pouvoir de nomination de hauts fonctionnaires (tels que le procureur général). Le régime durcit également la loi sur les médias, encadre plus strictement les prestations sociales et exclut de statut officiel les Églises évangéliques ainsi que d’autres confessions plus anciennes dans le pays, comme les méthodistes. Ces mesures sont considérées comme visant principalement les Roms, qui vivent largement d’aides publiques et fréquentent assidument les nouvelles communautés protestantes. Juste avant Noël 2011, le régime modifie la loi électorale : elle instaure le scrutin à un seul tour, dans des circonscriptions avantageusement modifiées au profit du pouvoir, le vote étant par ailleurs ouvert aux minorités hongroises des pays voisins. En 2013, le Parlement hongrois vote un nouvel amendement constitutionnel régressif par rapport à la législation de l’Union européenne : il place en effet les pouvoirs exécutif et législatif au-dessus du pouvoir judiciaire.
La défense des minorités magyarophones des pays voisins devient un axe fort de la politique menée par Orbán : Budapest use en effet du traitement de ces populations pour appuyer (Serbie) ou retarder (Ukraine) des demandes d’adhésion à l’UE et multiplie par dix le fond de soutien aux Hongrois de l’étranger. En 2011, la Roumanie dénonce l’ouverture d’une représentation du pays des Sicules, au sein de la Maison des régions magyares à Bruxelles (minorité qui représente environ un tiers des magyarophones roumains). En 2019, Orbán nomme un Commissaire en charge des Csongo de Roumanie, dans un contexte où le parti modéré représentant traditionnellement les Magyars roumains (l’UDMR, Union des démocrates) est concurrencé par une formation plus radicale, le Parti civique magyar, qui réclame l’autonomie des Sicules. La cause hongroise est en revanche en recul en Slovaquie (où la double nationalité est interdite). En 2020, pour la première fois depuis le retour de la démocratie en 1990, les Magyars ne franchissent pas le seuil des 5 % de voix nécessaires à l’obtention de députés (alors qu’ils représentent près de 10 % de la population), preuve de la « slovaquisation » de la minorité magyare.
La Hongrie se démarque également de la plupart des autres pays de l’UE en matière de politique étrangère. Elle est membre observateur de l’Organisation des États turciques – au nom de son prétendu héritage des Huns – et son régime proche du Président russe Poutine, en dépit du passé foncièrement anti-communiste de son Premier ministre. En 2014, il signe un important contrat avec Moscou pour augmenter la capacité de sa centrale nucléaire de Paks, juste avant de remporter une large victoire aux législatives. Celles-ci voient par ailleurs la poussée d’un mouvement d’extrême-droite, lui aussi pro-russe : le Jobbik (acronyme de mots signifiant « le meilleur ») dépasse les 20 %. Orbán conserve une très large majorité quatre ans plus tard, à l’issue d’une campagne basée sur le rejet de l’immigration et de l’intégration européenne. Hostile au soutien apporté par l’UE à l’Ukraine (en guerre contre la Russie), le chef du gouvernement conforte encore sa position en 2022 : il remporte près de 53 % des voix et la majorité qualifiée de deux tiers des députés, face à une opposition pour une fois unie. Mais la coalition, allant de la gauche à un Jobbik recentré, a échoué à s’entendre et les électeurs d’extrême-droite ont voté en faveur du nouveau Mouvement Notre Patrie.