5 765 km²
Monarchie absolue, membre du Commonwealth[1]
Capitale : Bandar Seri Begawan
Monnaie : dollar de Brunei
400 000 Brunéiens
Situé au nord-ouest de Bornéo, île immense qu’il partage avec l’Indonésie et la Malaisie, le sultanat de Brunei-Darussalam[1] compte 381 km de frontières avec l’État malaisien de Sarawak. Il est composé de deux parties distinctes, séparées par la vallée malaisienne de Limbang : la partie la plus à l’ouest (77 % du territoire) est une plaine alluviale, voire marécageuse, dans laquelle se trouve la capitale ; la partie la plus orientale, le district de Temburong, culmine à plus de 1 800 m.
Brunei compte également 161 km de côtes sur la très disputée mer de Chine méridionale. Le climat est tropical et les trois-quarts du territoire sont couverts de forêts.
[1] Darussalam : « demeure de la paix » en arabe.
66 % des habitants sont Malais (parlant le malais de Brunei[1]), 10 % sont d’origine chinoise et 3 % indigènes « Dayak » (cf. Indonésie). 21 % sont de peuplements divers.
Religion officielle, l’islam sunnite est pratiqué par 79 % de la population. Le reste est chrétien (9 %), bouddhiste de l’école Theravada (8 %), animiste, hindouistes… (4 %).
[1] Mais la langue officielle est le malais de Malaisie (très différent), l’anglais et le mandarin servant de langues commerciales.
Indépendant en janvier 1984, après avoir refusé de rejoindre la Fédération malaisienne, le sultanat de Brunei fonctionne comme un État autocratique, la Constitution démocratique de 1959 ayant été suspendue trois ans après son adoption et jamais réactivée. L’état d’urgence est en vigueur depuis la brève rébellion des indépendantistes du BBP en 1962 (cf. Malaisie) et tous les pouvoirs dans les mains de la famille royale : le sultan est Premier ministre et ministre de la Défense, ses frères assurent les Affaires étrangères et les Finances. Toute revendication, en faveur d’élections ou d’une plus juste répartition des revenus pétroliers, est punie d’emprisonnement, comme l’éprouvent les dirigeants du Parti national démocratique de Brunei, interdit trois ans après avoir été autorisé (en 1985).
Cet autocratisme est compensé par le niveau de vie que favorise l’exploitation pétrolière et gazière. Même si la répartition des bénéfices est très inégale – le sultan étant considéré comme un des hommes les plus riches du monde – l’ensemble de la population bénéficie de privilèges tels que l’absence d’impôts, ainsi que de la gratuité de l’éducation et des soins médicaux. Le sultanat souffre néanmoins de faiblesses telles que la dépendance alimentaire, l’insuffisance des formations supérieures, l’hypertrophie du secteur public et la domination du commerce par des Chinois, souvent apatrides et tentés par l’exil. Face à une baisse prévisible des revenus pétroliers[1], susceptible d’accroître ces fragilités, le sultanat développe le placement de ses bénéfices, tout en essayant d’attirer des investisseurs internationaux dans des secteurs tels que le tourisme, les finances, le commerce de conteneurs et certaines industries alimentées par le gaz naturel liquéfié, dont Brunei est un des principaux producteurs mondiaux.
Mais cette évolution n’est pas sans enjeu : en 1998, les conservateurs musulmans dénoncent la place trop importante des Occidentaux sur le contrôle des actifs financiers du pays. Hostile à toute propagation du fondamentalisme religieux, le sultan annonce, en octobre 2013, l’adoption intégrale du code pénal islamique, ce qui constitue une première pour l’Asie du sud-est où, jusqu’alors, la charia n’était utilisée que pour le droit de la famille : dans le sultanat, mais aussi en Malaisie et en Indonésie…. L’application de la charia à toutes les affaires juridiques devient effective en mai 2014, avec application progressive des amputations pour vol et des lapidations pour sodomie et adultère. En pratique, elle est suspendue en mai 2019, sous la pression de diverses personnalités appelant à boycotter les avoirs du sultanat à travers le monde, à commencer par ses hôtels de luxe.
Dans ce contexte, le sultanat diversifie ses relations : en novembre 2018, il reçoit le Président de Chine, avec lequel existe pourtant un contentieux sur la mer de Chine méridionale. Membre de la Conférence islamique et de l’ASEAN, il cultive en parallèle des relations apaisées avec le Royaume-Uni (qui, à l’indépendance, a accepté de maintenir une garnison de Gurkhas sur place), le Japon et les États-Unis.
[1] En 2018, les réserves de pétrole ne seraient plus que d’une quinzaine d’années, celles de gaz d’une trentaine.
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