947 300 km²
République présidentielle
Monnaie : shilling tanzanien
67 millions de Tanzaniens
Bordée par l’Océan Indien sur plus de 1 420 km à l’est, la Tanzanie partage 4 161 km de frontières terrestres avec huit pays : 391 km avec l’Ouganda au nord (dont une partie sur le lac Victoria), 775 km avec le Kenya au nord-est, 840 km avec le Mozambique et 512 km avec le Malawi au sud, 353 km avec la Zambie au sud-ouest, 479 km avec la République démocratique du Congo et 589 km avec le Burundi à l’est et 222 km avec le Rwanda au nord-ouest.
Au Sud, la Tanzanie conteste la frontière arrêtée sur le lac Malawi (ex-lac Nyassa) par les anciens colonisateurs allemand et britannique : en vertu du traité de Heligoland-Zanzibar, signé en 1890, la colonie du Nyassaland (futur Malawi) est souveraine sur tout le lac (le cinquième plus grand du monde en volume), mais la Tanzanie exige que la frontière passe au milieu des eaux. Le conflit a été ravivé en 2012, lorsque le Malawi a accordé une licence de prospection pétrolière à une société britannique. Faute d’accord entre les deux pays, le contentieux a été porté devant la Cour internationale de justice.
Le relief de la Tanzanie est fait de plaines côtières qui laissent la place, au centre, à un vaste plateau, dominé par des montagnes, parfois volcaniques, au sud et au nord-est : c’est là, près de la frontière avec le Kenya et de la ville d’Arusha que culmine le massif du Kilimandjaro avec le pic Uhuru, plus haut sommet d’Afrique avec ses 5892 mètres. Partagé avec l’Ouganda au nord, le lac Victoria est le deuxième plus grand lac d’eau douce au monde ; le lac Tanganyika, partagé avec le Burundi, la RDC et la Zambie, est le deuxième plus profond. Le climat varie de tropical à tempéré, en fonction du relief.
La population est composée de plus de cent trente tribus, à 95 % bantoues. Les plus nombreuses sont celles des Sukuma et de leurs « cousins » Nyamwezi (un peu moins de 20 %). Toutes les autres ethnies pèsent moins de 5 % : Swahili du littoral et de Zanzibar, Ha, Hehe, Bena, Makonde, Haya, Gogo, Tumbuka, Masai (moins de 2 %)… Le (ki)swahili, parler d’origine bantoue utilisé dans toute l’Afrique orientale, est langue officielle avec l’anglais. D’autres langues sont parlées, dont l’arabe à Zanzibar.
Sur le plan religieux, les Tanzaniens se répartissent en trois tiers, plus ou moins égaux : chrétiens (aux deux tiers catholiques), musulmans et adeptes de religions traditionnelles. La proportion de disciples de l’islam approche même 100 % dans l’archipel de Zanzibar, qui dispose d’une autonomie relative sous le nom de « gouvernement révolutionnaire de Zanzibar » : constitué principalement des îles Unguja (où se trouve la ville de Zanzibar) et Pemba[2], il couvre 2654 km². L’île plus méridionale de Mafia dépend du continent.
La Tanzanie résulte de la fusion, en 1964, de l’ancien protectorat britannique du Tanganyika (en référence au grand lac local, dont le nom signifie « voguer dans la plaine inhabitée » en swahili) et de l’archipel de Zanzibar (Zenji barr, « rivage des Noirs » en arabe).
La république du Tanganyika devient indépendante à la fin de l’année 1961, suivie deux ans plus tard de Zanzibar, qui adopte la forme d’une monarchie constitutionnelle. Celle-ci s’effondre dès l’année suivante, victime de l’insurrection déclenchée par le parti Afro-Shirazi (ASP), qui représente les Africains d’Unguja et les Métis descendant des premiers occupants arabes et persans des îles entre les VIIIe et Xe siècles. Le sultan doit s’enfuir et au moins 10 000 Arabes sont massacrés en quelques semaines. Le reste des élites persane, indienne et arabe qui dominaient le sultanat depuis deux siècles est contraint à l’exil : c’est le cas d’un jeune homme qui deviendra connu sous le nom de scène de Freddie Mercury.
D’obédience marxiste-léniniste, le chef de l’ASP proclame la République populaire de Zanzibar et de Pemba qui, pour prévenir de possibles interventions étrangères (notamment britanniques), se rapproche rapidement du Tanganyika, dirigé par le socialiste Julius Nyerere. Ainsi naît la République du Tanganyika et de Zanzibar, qui prend finalement le nom de République unie de Tanzanie, au sein de laquelle l’archipel bénéficie d’une autonomie relative.
En 1977, les formations qui dirigeaient la partie continentale (l’Union nationale africaine du Tanganyika, TANU) et la partie insulaire (ASP) fusionnent également, pour donner naissance au Chama Cha Mapinduzi (CCM, « Parti de la révolution » en swahili). L’instauration du multipartisme, en 1992, n’y change rien : l’ex-parti unique continue à remporter toutes les élections, nationales et régionales, fût-ce au prix d’irrégularités parfois relevées par des observateurs internationaux.
De ce fait, la situation est parfois tendue à Zanzibar, dont l’autonomie s’est réduite au fil des décennies. En janvier 2001, des affrontements entre police et manifestants font une trentaine de morts dans les îles de Pemba et Ungunja. Représentant les aspirations séparatistes des Zanzibaris, le Front civique uni (CUF) – principal mouvement d’opposition tanzanien, très implanté à Pemba – avait appelé à des manifestations dans tout le pays pour réclamer l’annulation des élections de l’automne 2000. De nouveaux affrontements meurtriers surviennent quatre ans plus tard, lorsque le CUF conteste la nouvelle victoire du CCM aux élections du Président et du Parlement de l’archipel. En octobre 2020, à la veille d’élections générales, une dizaine de manifestants sont tués par la police à Pemba, alors qu’ils s’opposaient à la probable distribution de bulletins pré-cochés par le pouvoir. Le Président de Zanzibar est élu avec 76 % des voix, un score jamais atteint jusqu’alors dans les îles.
Organisés en milices, les deux partis rivaux voient également poindre la menace de groupes islamistes radicaux, les partis religieux étant interdits dans le pays. Sporadique, l’extrémisme musulman s’est développé à partir de 2017, dans la région de Mtwara, frontalière du Mozambique. Abritant des champs gaziers, elle connait des incursions de combattants de l’organisation État islamique venus du nord mozambicain où sévit une insurrection djihadiste : assassinat d’édiles locaux, de civils, de soldats…
Le régime prend un tournant autoritaire avec l’élection à la présidence de John Magufuli, en 2015. Engagé dans une politique active contre la corruption et le train de vie dispendieux de l’État (en diminuant sa propre rémunération), le nouvel élu restreint aussi la liberté d’expression des médias et de l’opposition, en particulier du Chadama (Chama cha Demokrasia na Maendeleo, Parti pour la démocratie et le progrès), dont plusieurs dirigeants sont arrêtés. Réélu en 2021, à l’occasion d’un scrutin considéré comme truqué (son parti obtient 99 % des sièges de députés), le Président décède peu après. Il est remplacé par sa vice-Présidente qui, malgré ses promesses, poursuit sa politique de répression du Chadema, dont plusieurs dirigeants sont brièvement détenus en août 2024, lors d’un rassemblement interdit. D’autres disparaissent et l’un d’eux est retrouvé mort en septembre, le visage brûlé à l’acide, après avoir été enlevé à bord d’un bus.
La répression s’exerce aussi contre les associations et populations qui protestent contre les modalités de construction d’un oléoduc franco-chinois devant acheminer le pétrole du lac Albert, en Ouganda, jusqu’à la côte tanzanienne : long de plus de 1400 km, il concerne cent mille agriculteurs et pêcheurs des deux pays, dont les conditions d’indemnisation sont contestées. Dans le Nord, le développement du tourisme s’accompagne de la relocalisation forcée de milliers de Masaï. Depuis 2022, le gouvernement réduit le financement et l’accessibilité des services sociaux scolaires et centres de santé de la NCA, le dispositif que les Britanniques avaient mis en place pour permettre aux peuples autochtones de vivre au sein de parcs nationaux.
Photo de une : le Kilimandjaro. Crédit Greg Montani / Pixabay