11 300 km²
République présidentielle membre du Commonwealth
Capitale : Banjul
Monnaie : le dalasi
2,5 millions de Gambiens
Ouverte sur l’Atlantique à l’ouest (avec un littoral de 80 km), la Gambie partage 749 km de frontières terrestres avec un seul pays, dans lequel elle est totalement enclavée : le Sénégal, dont elle sépare la partie méridionale (la Basse-Casamance) de la partie septentrionale. Malgré plusieurs tentatives, entre 1866 et 1889, le colonisateur britannique n’a jamais réussi à convaincre la France (gestionnaire du Sénégal) d’échanger sa colonie gambienne contre d’autres territoires.
Le territoire gambien s’étend sur 320 km de large, de part et d’autre du fleuve Gambie (entre 20 et 50 km). La capitale est établie sur une île de l’embouchure. Le relief, plat, « culmine » à 63 mètres. Le climat est tropical.
Aucune des ethnies, souvent présentes dans les pays voisins, n’est majoritaire parmi les 90 % d’habitants de nationalité gambienne. Les plus nombreuses sont celles du groupe Mandé (Malinkés ou Mandingues 33 %, Solinkés ou Serahule 7 %), devant les Peuls (18 %), les Wolof (13 %), les Diolas (11 %), les Sérères (3.5%)… L’une des plus petites minorités est celle des Aku, issus d’unions entre Européens et anciens captifs africains arrivés de Freetown (Sierra-Leone). La langue officielle est l’anglais.
Plus de 96 % de la population est musulmane et moins de 4 % chrétienne (essentiellement catholique). L’islam a brièvement été religion d’État (entre décembre 2015 et janvier 2017).
Point important du commerce transsaharien (esclaves, or, ivoire) pratiqué par les marchands arabes au Xe siècle, la Gambie entre au XIVe dans la sphère du puissant Empire mandingue du Mâli. Les premiers Européens à établir des comptoirs le long du fleuve Gambie sont les Portugais, au milieu du XVe. En 1588, ils vendent leurs droits sur ces territoires à la Grande-Bretagne qui, en 1661, récupère aussi l’île fluviale de Saint-André (rebaptisée île James), brève possession du duché balte de Courlande. La Gambie devient un point de départ majeur du trafic transatlantique d’esclaves : trois millions de personnes en seraient partis en trois siècles. En 1816, le roi de Kombo cède aux Britanniques l’île de Banjul, qui commande l’entrée de l’estuaire du fleuve Gambie.
Plus petite colonie de l’Empire britannique, essentiellement consacrée à la culture de l’arachide, la Gambie obtient un statut d’autonomie d’interne en 1960, puis sa propre indépendance en 1965, une tentative d’union avec le Sénégal ayant échoué. Les deux pays signent toutefois, en 1967, un traité de coopération économique et militaire. Trois ans plus tard, à la suite d’un référendum, le statut de monarchie du Commonwealth est aboli et le pays devient une république, avec le Premier ministre Mandingue Dawda Jawara comme Président. Trois ans plus tard, la capitale, Bathurst, retrouve son nom mandingue d’origine : Banjul.
Réélu à cinq reprises, Jawara n’en est pas moins contesté, des accusations de corruption s’ajoutant à une dégradation de l’économie. En 1980, il fait jouer l’accord de 1967 pour demander au Sénégal d’intervenir dans la capitale gambienne, en proie à des troubles. L’année d’après, l’armée sénégalaise intervient à nouveau pour mettre fin à un coup d’État socialiste et militaire ; le rétablissement de l’ordre fait au moins cinq cents morts. En 1982, Banjul et Dakar concrétisent leur rapprochement en créant une Confédération de Sénégambie qui prendra fin sept ans plus tard, le processus d’intégration des deux pays état resté au point mort.
Jawara finit par être renversé, en 1994, par une junte dirigée par le lieutenant Yahya Jammeh, d’origine Diola. Après avoir banni toute activité politique, il restaure un processus démocratique et remporte les élections de 2001, jugées plutôt honnêtes par les observateurs extérieures. Son Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC) remporte une majorité parlementaire d’autant plus grande que la principale force d’opposition, le Parti démocratique unifié (UDP), a boycotté le scrutin législatif. Mais le régime suit une voie autocratique et favorise sa communauté des Diolas (y compris celle qui compose la rébellion casamançaise) ce qui lui vaut de subir un certain nombre de remontrances occidentales. Jammeh en tire les conséquences : en 2013, il retire son pays du Commonwealth et remplace l’anglais par l’arabe comme langue nationale.
En décembre 2016, le chef de l’État est devancé par le candidat, Mandingue, de l’UDP, Adama Barrow. Mais l’écart de voix est si faible que le sortant refuse de se retirer, tandis que son vainqueur prête serment à l’intérieur de l’ambassade sénégalaise de Banjul. Il devient très officiellement Président en janvier 2017, après une intervention militaire de la Cedeao (l’organisation régionale) qui contraint Jammeh à l’exil. L’année suivante, la Gambie réintègre le Commonwealth. Barrow est réélu en 2021, avec plus de 53 % des voix au premier tour (89 % de participation), mais c’est au prix d’une rupture politique : ayant quitté l’UDP, il a fondé sa propre formation politique, le Parti national du peuple (NPP) et s’est rapproché de l’APRC.
Photo : Banjul. Crédit : Kurt Cotoaga / Unsplash