799 380 km²
République présidentielle
Capitale : Maputo
Monnaie : le metical
33 millions de Mozambicains
Le drapeau arbore une kalachnikov, symbole de la guerre d’indépendance.
Le Mozambique s’étend sur 2 300 km depuis le cabo Delgado, au nord, jusqu’aux environs de la baie de Delagoa, au sud, où se trouve la capitale. Il compte 2470 km de côtes sur l’océan Indien et le canal de Mozambique (qui le sépare de Madagascar) et 4 783 km de frontières avec six pays : avec la Tanzanie (840 km) au nord et — du nord-ouest au sud — 1 498 km avec le Malawi (dont une partie sur le lac Nyasa), 439 km avec la Zambie, 1 402 km avec le Zimbabwe, 496 km avec l’Afrique du sud et 108 km avec l’Eswatini.
Le relief s’étage régulièrement depuis la plaine maritime, à l’Est, jusqu’aux montagnes de l’Ouest (point culminant à plus de 2 430 m), avec une région intermédiaire de hauts plateaux (et de savanes) au nord-ouest. Sa partie centrale est occupée par le delta et le cours du Zambèze. Le climat varie de tropical et subtropical.
Le portugais est resté langue officielle d’un pays qui compte une centaine d’ethnies, dont aucune n’est majoritaire. Parmi la quarantaine de langues parlées, les principales sont celles du groupe Makua (26 %) pratiquées au Nord-Est, devant le tsonga et le sena (11 % chacun), le lomwe (8 %), le shona (plus de 6 %), le tswa, le ronga, le yao, le makondé, les nyanja et chewa…
33 % des Mozambicains déclarant une religion sont protestants de diverses obédiences (dont 16 % membres d’Églises de la mouvance zioniste) et 27 % catholiques. Environ 14 % pratiquent des cultes traditionnels et près de 19 % sont musulmans : ils sont même majoritaires dans les provinces septentrionales de Niassa et Cabo Delgado, autrefois dépendantes du sultanat arabo-swahili de Kilwa (cf. Afrique orientale).
Le Mozambique accède à l’indépendance en 1975, un an après le retour de la démocratie au Portugal (Révolution des œillets). Fer de lance de la lutte contre le colonisateur portugais, la guérilla du Front de Libération du Mozambique (Frelimo) prend le pouvoir et instaure une « république populaire » dirigée par le Tsonga Samora Machel. Le caractère autoritaire et marxiste du régime indispose une partie de la population des campagnes, de même que la plupart des ethnies ne supportent pas la domination des Tsonga. Dès 1977 apparaît une rébellion anti-communiste, la Résistance nationale du Mozambique (Renamo) : soutenue par l’Afrique du sud et la Rhodésie blanches, avec l’appui des États-Unis, elle est dirigée par un ancien des troupes coloniales portugaises, Afonso Dhlakama, originaire de la province nordiste de Sofala. La guerre civile qui s’ensuit va faire un million de victimes, souvent indirectes.
La situation va s’apaiser après la mort de Machel, décédé en 1986 dans un accident d’avion suspect, au-dessus du territoire sud-africain. Son successeur Chissano, lui aussi Tsonga, abandonne le marxisme et engage le pays sur la voie du libéralisme économique et du multipartisme à partir de 1990. Deux ans plus tard, le Frelimo et la Renamo signent un accord de paix sous l’égide de l’ONU : l’ancienne rébellion devient un parti d’opposition qui remporte régulièrement une centaine de sièges aux législatives, à défaut de s’imposer aux présidentielles. Celles-ci sont en effet remportées, en 2004 et 2009, par les candidats du Frelimo, qui représente les provinces peuplées du sud alliées aux groupes du nord-est, pendant que la Renamo recrute surtout dans les tribus du centre (Makua-Lomwe et Shona-Karanga), ainsi que chez les Yao de la province de Nyassa au nord-ouest.
Estimant qu’elle ne tire pas assez de bénéfices politiques et économiques de l’accord de paix, la Renamo reprend les armes en 2012, pour une guérilla de basse intensité. Après deux ans d’affrontements sporadiques ayant fait une centaine de morts, un nouvel accord de paix est signé en 2014, ce qui permet la tenue des élections. Dhlakama est une nouvelle fois battu, malgré la présence d’un dissident du Frelimo contre le candidat officiel du parti. Le chef de la Renamo reprend le chemin du maquis l’année suivante, dans la forêt des montagnes de Gorongosa (centre), où il décède trois ans plus tard, non sans avoir renoué des contacts avec le pouvoir. Un nouvel accord de paix est signé en 2019, avant la tenue d’élections qui voient le Frelimo l’emporter sur tous les fronts : la présidence de la république (avec 73 % des voix), la majorité des deux tiers à l’Assemblée nationale et la totalité des dix provinces du pays. Les suspicions de fraudes sont si manifestes que près de la moitié des membres de la Commission nationale électorale refuse de valider les résultats.
Depuis 2017, la province septentrionale de Cabo Delgado est en proie à une insurrection islamiste, issue d’un groupe fondé en 1998 (Ahlu Sunnah Wa-Jamma, Les adeptes de la tradition du prophète). Se dénommant les shabab (« jeunes »), comme les islamistes somaliens mais sans rapport avec eux, les insurgés dénoncent aussi bien le soufisme modéré que pratiquent la plupart des musulmans locaux, que le wahhabisme promu en 1981 par le Frelimo pour concurrencer les structures locales favorables à la Renamo. Officiellement affiliée à l’organisation État islamique, l’insurrection prospère à la faveur du sous-développement de la province (la plus en retard de tout le pays), du sous-emploi des jeunes et de rivalités communautaires anciennes : les populations côtières Mwani et les Macua de l’ouest et du sud – islamisées de longue date – dénoncent la mainmise sur l’économie, les terres, l’extraction de rubis et le pouvoir politico-militaire des Makonde, des chrétiens qui s’étaient réfugiés à l’intérieur des terres pour échapper aux raids esclavagistes, mais qui sont passés au premier plan depuis la guerre civile, à l’image de Filipe Nyusi, élu Président en 2015. Comme les Nigérians du groupe Boko Haram, les islamistes mozambicains (et leurs renforts tanzaniens) préconisent la désinscription des enfants du système scolaire public, ainsi que l’abandon des soins dans les structures étatiques, et mènent mener des raids meurtriers dans les villages (maisons incendiées, décapitations et démembrements de villageois, enlèvements de femmes…). Les insurgés tirent leurs ressources des multiples trafics (drogue, ivoire, rubis…) qui pullulent dans cette région, plaque tournante entre l’Asie du sud et l’Afrique, souvent avec la complicité de responsables gouvernementaux haut placés. En 2020, l’insurrection monte d’un cran en s’emparant de Mocimboa da Praia, important port pour les activités d’exploration gazière. En mars 2021, elle occupe temporairement de la ville de Palma, empêchant le groupe français Total de remettre en fonctionnement son site gazier installé sur une péninsule proche. Infiltrés dans la ville, les djihadistes ont bénéficié de renseignements de qualité : ils ont agi le jour où le contingent de forces spéciales présent sur place allait protéger le déplacement du Président mozambicain dans une autre localité et ils ont tendu une embuscade aux renforts venus secourir la ville. Après les échecs enregistrés par des mercenaires russes, puis sud-africains, le gouvernement de Maputo a fait appel à l’expertise militaire du Rwanda et à l’aide de pays de la SADC (l’organisation régionale d’Afrique australe). A l’été 2021, les forces rwandaises et mozambicaines ont chassé les islamistes de leurs bastions. Certains se sont repliés dans la province de Nyassa ou bien ont rejoint d’autres fronts dans la région (nord-est du Congo-Kinshasa, Tanzanie).
Organisées en octobre 2024, les élections générales sont marquées par de forts soupçons de manipulations et par l’assassinat, inédit, de deux personnalités politiques. L’avocat de l’opposition et un autre opposant sont abattus dans leur voiture à Maputo, alors que le premier s’apprêtait à déposer une plainte pour fraudes. La victoire revient, avec près de 71 % des voix, au candidat du Frelimo, Daniel Chapo. Cet obscur gouverneur de province, difficilement choisi par le parti présidentiel, devient le premier Président né après l’indépendance, au terme d’un scrutin suivi par moins de 45 % des électeurs. Arrivé en deuxième position, le candidat du Podemos (Parti optimiste pour le développement du Mozambique), dissident du Renamo, appelle son ancienne formation ainsi que le MDM à s’unir pour contester les résultats. La répression des manifestations fait une trentaine de morts. Le régime est d’autant moins enclin à lâcher quoi que ce soit qu’il devrait percevoir les premières royalties gazières en 2026.
Crédit : jeanvdmeulen / Pixabay