824 292 km²
République présidentielle
Capitale : Windhoek
Monnaie : dollar namibien
2,8 millions de Namibiens
Possédant un littoral de 1 572 km sur l’Atlantique sud, la Namibie compte 4 220 km de frontières terrestres avec quatre pays : 1 427 avec l’Angola au Nord, 1 544 avec le Botswana et 244 avec la Zambie à l’Est et 1 005 km avec l’Afrique du Sud. La Namibie et le Botswana ont un différend au sujet d’une petite île sur la rivière Chobé qui les sépare.
Constitué principalement de hauts plateaux (point culminant à un peu plus de 2570 m), le pays compte deux vastes étendues désertiques : le désert du Namib qui est considéré comme le plus vieux du monde (au moins 55 millions d’années) et s’étend sur 80 900 km² le long de la côte ; et, à l’Est, une fraction du Kalahari (dont la majeure partie est située au Botswana). Le climat est aride, voire désertique.
Très clairsemée (avec la deuxième plus faible densité au monde après la Mongolie), la population est très majoritairement constituée de Bantous : Ovambo (50 %) au nord, Kavango (9%) au nord-est, Herero 7% dans l’est, Capriviens 4%… Le reste se répartit entre peuples Khoïkhoï (Damara et leurs cousins Nama, environ 12 %), Métis 6.5%, Européens 6%, autochtones San 3% et Chinois. Aux côtés de l’anglais (langue officielle), le pays reconnaît douze langues nationales (dont les parlers oshiwambo, ainsi que l’afrikaner, parlé par environ 9 % des habitants).
Les Namibiens sont chrétiens à plus de 90 %, dont environ 60 % de luthériens. Les adeptes de religions traditionnelles sont entre 5 et 10 %.
Les premiers habitants attestés de Namibie sont les San, des chasseurs-cueilleurs que les Hollandais baptiseront Bochiman (« hommes de la brousse »). Vers -1300, ils sont rejoints et repoussés vers le désert du Kalahari par les Khoïkhoïs (les Hottentots des Européens), éleveurs nomades venus de la vallée est-africaine du Rift. Ceux-ci sont à leur tour refoulés par une vague de populations bantoues, issues d’Afrique centrale. Les Européens, en l’occurrence des Portugais, abordent la côte vers 1550, mais ils ne s’y fixent pas et préfèrent s’installer plus au nord, dans l’actuelle Angola. Présents un bon siècle plus tard, des colons néerlandais font de même : ils s’installent sur des terres méridionales plus fertiles, dans ce qui deviendra l’Afrique du sud, et ne s’implantent réellement qu’à Walvis Bay, seule rade en eau profonde de la côte namibienne.
Les premiers Européens à se livrer à une véritable colonisation sont des luthériens de Rhénanie : à partir des années 1820, ils établissent des postes missionnaires dans une région où les Herero et les Nama se livrent des guerres constantes. Le traité de Berlin, qui organise en 1884 le partage de l’Afrique entre grands pays européens, entérine cette situation, en créant le protectorat du Sud-Ouest africain allemand. En 1890, le traité Heligoland-Zanzibar signé entre l’Allemagne et le Royaume-Uni attribue au territoire allemand l’étroite bande de Caprivi (du nom du chancelier allemand ayant succédé à Bismarck), ce qui lui ouvre un accès au fleuve Zambèze et, potentiellement, à l’Afrique orientale et au reste de l’Afrique australe.
En 1904, l’occupation allemande et la confiscation de leurs terres provoquent une révolte des autochtones Herero et Nama. La réaction de Berlin aux vols de bétail et aux massacres de plusieurs dizaines de colons est implacable : plus de 60 000 Herero (sur 80 000) et 10 000 Nama (sur 20 000) sont systématiquement éliminés par les troupes de Lothar von Trotha, le général qui a déjà brutalement réprimé des rébellions autochtones en Chine et en Afrique de l’Est. Les Noirs qui ne sont pas exécutés directement sont repoussés vers le Kalahari, où ils meurent de faim, ou bien enfermés dans des camps de concentration similaires à ceux que les Britanniques ont créés en Afrique du Sud lors de la seconde guerre des Boers. Condamnés à des travaux forcés, les prisonniers y meurent d’épuisement et de privations, tandis que les femmes sont systématiquement violées. Des centaines de crânes de victimes sont également envoyés en Allemagne pour des études « scientifiques » visant à démontrer la supériorité des Blancs. Ce massacre est considéré comme le premier génocide du XXe siècle.
Lors de la première Guerre mondiale, l’Allemagne perd l’ensemble de ses possessions et le Sud-ouest africain devient un mandat de l’Union sud-africaine, qui est alors un dominion de l’Empire britannique ; des colons afrikaners s’installent, en plus des Allemands déjà présents. Devenue pleinement indépendante, l’Afrique du Sud annexe de facto le Sud-ouest africain en 1946 et y met en place sa politique de séparation ethnique, l’apartheid, qui inclura la création de bantoustans pour les populations noires (cf. rubrique dédiée dans Particularismes étatiques). Cette discrimination suscite, en 1960, la naissance d’une formation indépendantiste d’obédience marxiste : l’Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (SWAPO en anglais).
En 1966, la SWAPO lance une guérilla qui va se télescoper un peu plus tard avec la guerre civile secouant l’Angola : le régime sud-africain d’apartheid utilise en effet le territoire namibien pour soutenir les rebelles angolais de l’Unita, en lutte contre le régime marxiste de Luanda. Sous la pression de l’ONU, qui a inscrit la Namibie (nom adopté en 1968) sur la liste des territoires à décoloniser, l’Afrique du sud finit par reconnaître l’indépendance de sa province. Elle devient effective en 1990, à l’exception de l’enclave de Walvis Bay que Pretoria ne rend que quatre ans plus tard, après la fin du régime d’apartheid.
Depuis l’indépendance, la vie politique de la Namibie est très largement dominée par la SWAPO, sans que celle-ci ne se comporte en parti autoritaire et ne bafoue les principes de la démocratie. Ayant progressivement abandonné l’idéologie marxiste, l’ex-guérilla indépendantiste remporte les élections les unes après les autres. En 2005, le premier Président du pays, Sam Nujoma, passe la main à un de ses fidèles et co-fondateur de la Swapo. Après avoir effectué deux mandats, ce dernier cède à son tour sa place à son Premier ministre, Hage Geingob, qui est élu en 2015. Il est réélu quatre ans plus tard, mais avec seulement 56 % des voix (au lieu de 86 %), tandis que le parti gouvernemental perd d’un cheveu sa majorité des deux tiers au Parlement. La Swapo a été victime de la concurrence d’un dissident qui s’est fait le représentant des sans terre, dans un pays où toutes les tentatives de réforme agraire ont échoué : les fermiers blancs, ceux d’origine allemande en tête, possèdent encore plus des deux tiers des terres agricoles du pays.
En 2021, après six ans de négociations, l’Allemagne reconnait le caractère génocidaire du massacre commis par ses troupes d’occupation, de 1904 à 1908, et s’engage à payer plus d’un milliard de dollars de dédommagement sur trente ans. Mais l’accord est diversement apprécié, ne serait-ce que parce-qu’il ne profitera que partiellement aux Herero et Nama, devenus très minoritaires dans le pays.
En février 2024, Geingob décède d’un cancer. Il est remplacé par son vice-Président, jusqu’au terme du mandat prévu. L’élection présidentielle se déroule à la fin du mois de novembre, dans des conditions logistiques confuses, qui poussent les autorités à prolonger le scrutin de plusieurs jours, afin de permettre le maximum de âtyicipation (76 %). La candidate de la Swapo l’emporte avec plus de 57 % des voix dès le premier tour, contre 25 % au représentant des Patriotes indépendants pour le changement (IPC). A 72 ans, Netumbo Nandi-Ndaitwah devient la première femme à diriger le pays, mais son principal opposant rejette les résultats, eu égard aux cafouillages du vote.
Le séparatisme de la bande de Caprivi
En 1994, la jeune république namibienne doit faire face aux revendications autonomistes de cette étroite bande de terre (environ 400 km de long sur 30 de large) coincée entre le Botswana au Sud, l’Angola et la Zambie au Nord et le Zimbabwe à l’Est. Les séparatistes du Front/Armée de libération de Caprivi (CLF/A) réclament l’autonomie pour les Lozis, une population bantoue qui ne s’identifie pas au reste de la population namibienne et s’estime discriminée par les Ovambo, l’ethnie majoritaire dans cette partie du pays. Groupe d’un demi-million de personnes, les Lozis vivent essentiellement dans l’ouest de la Zambie, où ils ont également fondé un mouvement séparatiste, le Front patriotique Barotse, du nom de leur ancien royaume ancestral (le Barotseland), couvrant aussi le nord-ouest du Zimbabwe et le nord du Botswana. De faible intensité, la guérilla du CLF cesse en 1999, mais la nation Itengese proclame trois ans plus tard l’indépendance de l’État libre de la bande de Caprivi, doté d’un gouvernement en exil. En 2013, le gouvernement namibien a divisé la bande en deux régions, celle du Zambezi et la partie orientale du Kavango-Est.
Sur les ethnies de Namibie : http://www.arroukatchee.fr/infos.namibie/population-namibie.htm
Photo : coucher de soleil sur le désert de Namib.