Australie

Australie

Ancienne colonie pénitentiaire, l’Australie est devenue un acteur international majeur dans le Pacifique.

7 741 220 km²

Monarchie constitutionnelle membre du Commonwealth

Capitale : Canberra[1]

Monnaie : dollar australien

26,8 millions d’Australiens

[1] La capitale n’est que la huitième plus grande ville, derrière Melbourne, Sydney, Brisbane, Perth, Adélaïde…

Situé entre l’océan Indien et le Pacifique sud, le pays compte 25 760 km de côtes. Il est formé de l’Australie proprement dite, île-continent de 7,6 millions de km² dont le relief consiste majoritairement en un plateau, en partie désertique, culminant à près de 2 230 m, avec quelques plaines fertiles au sud-est. Le climat est surtout aride et semi-aride, mais tropical au nord et tempéré au sud et à l’est.

S’y ajoutent la Tasmanie (un demi-million d’habitants sur 68 000 km²) au sud et plusieurs petits ensembles insulaires représentant quelques milliers d’habitants : l’île autonome de Norfolk (34 km² entre Nouvelle-Calédonie et Nouvelle-Zélande), les îles du détroit de Torrès en mer de Corail (884 km² à quelques kilomètres au sud de la Nouvelle-Guinée), Ashmore et Cartier au nord-ouest et deux territoires qui ne sont pas en Océanie, mais excentrés dans l’océan Indien (l’île Christmas, 136 km², distincte de son homonyme des îles de la Ligne, au sud de Java et les îles Cocos ou Keeling, 14 km², au sud de Sumatra).

Seuls 30 % des habitants se considèrent ethniquement comme des Australiens. Les autres disent avoir des ancêtres Anglais (33 %), Irlandais (10 %), Écossais (9 %), Chinois (6 %), Indiens (3 %), Européens de divers pays (Italiens 4 %, Allemands 4 %, Grecs 2 %…), deux origines ancestrales pouvant être déclarées lors des recensements. Représentant environ 3,7 % de la population, les autochtones se répartissent en 90 % d’Aborigènes et 10 % d’indigènes du détroit de Torrès (plus proches des Papous) ; ils parlent une vingtaine de langues (contre au moins deux cent cinquante à l’arrivée des Britanniques). Leurs terres couvrent 10 % du territoire australien (en Nouvelles-Galles du sud, dans le Queensland et les Territoires du nord), bien que beaucoup d’Aborigènes se soient urbanisés.

A défaut de langue officielle, l’anglais australien est la langue nationale de facto.

Sur les 54 % d’Australiens déclarant une religion, près de 44 % se disent chrétiens (20 % catholiques, 10 % anglicans, 2 % orthodoxes…), 3 % musulmans, un peu moins de 3 % hindouistes et un peu plus de 2 % bouddhistes.

Les ancêtres des Aborigènes sont arrivés en Australie il y a environ 60 000 ans, bien avant le débarquement des Européens. Les premiers à y aborder sont les navigateurs Hollandais dirigés par Abel Tasman en 1606 : ils nomment l’île Nouvelle-Hollande, mais ne s’y établissent pas durablement. La colonisation européenne ne commence qu’après l’arrivée du navigateur britannique James Cook, en 1770 : débarqué sur la côte orientale, il lui donne le nom de Nouvelles-Galles du sud. Le territoire, comme l’île de Tasmanie, deviennent des colonies pénitentiaires du Royaume-Uni qui va y envoyer 150 000 prisonniers britanniques et irlandais jusqu’à la fin de cette pratique, en 1868. Quatre nouvelles colonies sont établies entre 1829 et 1859 : l’Australie occidentale, l’Australie méridionale, le Victoria et le Queensland. La ruée vers l’or débute dans les années 1850, faisant venir dans le pays des milliers de nouveaux immigrants. En parallèle, l’exploitation de l’intérieur des terres entraîne des conflits avec les Aborigènes et introduit des maladies qui déciment la population autochtone : elle passe d’un nombre variant entre 315 000 et 750 000 au moment de l’arrivée des Européens à moins de 74 000 en 1933.

Dans la seconde moitié du XIXe, les colonies acquièrent une autonomie croissante. En 1901, elles se fédèrent au sein d’un Commonwealth d’Australie qui bénéficie d’une quasi-indépendance en tant que dominion. D’abord établie à Melbourne, la capitale fédérale est transférée en 1911 à Canberra, sur un terrain cédé par l’État fédéré de Nouvelles-Galles du Sud. Tout en restant membre du Commonwealth, la fédération australienne devient pleinement indépendante en 1931, date d’entrée en vigueur du statut de Westminster (ratifié en 1942 par le Parlement australien). L’Australie joue un rôle important lors des deux Guerres mondiales, notamment lors de la bataille de Gallipoli dans les Dardanelles (en 1915), puis contre les Japonais dans le Pacifique.


Depuis 1923, la vie politique est caractérisée par le bipartisme qui oppose le Parti travailliste (de centre-gauche) à diverses formations de la droite modérée (telles que le Parti libéral et le Parti national, associés dans une coalition). Mais les oppositions les plus marquées ont lieu à l’intérieur de chaque camp et se traduisent par la déposition fréquente des chefs de parti, qui sont aussi chefs de gouvernement lorsque leur formation exerce le pouvoir : l’Australie a changé cinq fois de Premier ministre en 2010 et 2018, ce qui a conduit le pays à adopter des règles plus dures de remplacement des leaders politiques.

Sur le plan international, la fédération australienne est un partenaire fidèle des États-Unis et du Royaume-Uni, en particulier face au développement de la présence chinoise dans le Pacifique. En tant que première puissance de la région, Canberra est amenée à mener des opérations de maintien de la paix chez ses voisins en crise (Salomon, Papouasie-Nouvelle Guinée, Fidji) et des actions à caractère plus ou moins humanitaire vis-à-vis des pays menacés par le réchauffement climatique (Nauru, Tuvalu), tout en servant parfois de ces micro-Etats pour héberger des migrants que l’Australie ne veut plus recevoir sur son sol.

Au plan intérieur, la reconnaissance des Aborigènes (aujourd’hui près d’un million) n’a vraiment commencé qu’en 1967, quand le Premier ministre libéral Harold Holt a obtenu, par référendum (90 % de « oui »), leur inclusion dans le recensement national ; jusqu’alors, ils étaient classés comme « éléments de la faune et de la flore australienne« . Un nouveau pas est franchi en 1992, lorsque la justice reconnaît la propriété foncière ancestrale des Aborigènes : avec le jugement Mabo, la Haute Cour met fin au discours selon laquelle l’Australie était terra nullius avant l’arrivée des Européens. L’année suivante, les travaillistes font voter le Native Title Act, une loi qui continue à être contestée par certains nationalistes Blancs. D’ailleurs, fin 1999, 61 % des Australiens refusent une modification du préambule de leur Constitution qui aurait fait une place aux Aborigènes dans l’histoire du pays. Lors du même référendum, une majorité de votants rejette la transformation en république de l’Australie ; elle conserve son statut de monarchie dirigée par le souverain du Royaume-Uni, dont l’emblème (l’Union Jack) demeure en bonne place dans le drapeau australien[1].

En 2008, le Premier ministre travailliste présente des excuses publiques aux Aborigènes pour deux siècles « d’atteinte à la dignité », notamment l’enlèvement de 10 à 33 % des enfants à leurs familles, entre 1910 et 1970, en vue de favoriser leur assimilation à la société australienne. Un plan de développement est lancé en parallèle, afin de diminuer les inégalités persistantes dont souffrent les autochtones en matière d’enseignement, de santé, d’emploi, de délinquance… Dix ans plus tard, son bilan est contrasté : ainsi, si la mortalité infantile des autochtones a diminué, l’espérance de vie des hommes reste inférieure de huit ans à celle de la moyenne des Australiens. En octobre 2023, près de 61 % des électeurs ont de nouveau voté contre un texte qui proposait de reconnaître, dans la Constitution, les Aborigènes comme les premiers habitants de l’île et de créer un conseil consultatif – surnommé « La Voix » – chargé d’émettre, auprès du Parlement et du gouvernement, des avis sur les lois et les politiques publiques affectant les populations autochtones.

[1] Le reste du drapeau est occupé par les cinq étoiles les plus lumineuses de la constellation de la Croix du Sud (contre quatre dans le drapeau néo-zélandais). Une sixième étoile, à sept branches, figure sous l’Union Jack : elle représente les six États australiens, ainsi que le territoire de Papouasie devenu indépendant par la suite..

Photo : Ayers Rock, montagne sacrée des Aborigènes au coeur de l’Australie.