2 100 km² (avec les Chagos)
République parlementaire
Capitale : Port-Louis
Monnaie : roupie mauricienne
1,3 million de Mauriciens
Appartenant à l’archipel des Mascareignes (comme la Réunion française), le pays compte l’île principale de Maurice (1865 km²) et des îles secondaires, dont la plus importante est Rodrigues (109 km² à l’est, dotée depuis 2001 d’un régime de semi-autonomie). Situé à 2 000 km des côtes africaines et 800 km à l’est de Madagascar, il compte 177 km de côtes et possède une zone économique exclusive de 1,3 millions de km².
En octobre 2024, Maurice a obtenu la reconnaissance de sa souveraineté sur l’archipel des Chagos (60 km²), situé 1 100 km plus au nord. Le pays revendique par ailleurs l’îlot corallien inhabité de Tromelin (1 km²), possession française à l’est de Madagascar. Le terrain mauricien s’élève des plaines côtières jusqu’à un plateau central entouré de quelques sommets (le plus élevé culminant à un peu plus de 800 m). Le climat est tropical.
Les deux-tiers de la population sont Indo-mauriciens, le reste créole, sino-mauricien ou franco-mauricien. En l’absence de langue officielle, ce rôle est tenu par l’anglais, mais la population parle surtout un créole à base lexicale française, ainsi que le français et le bhojpuri (langue indienne). 48 % des habitants sont hindouistes, 33 % chrétiens (26 % de catholiques) et 17 % musulmans.
Bien que connue des marins arabes et européens, l’île reste inhabitée jusqu’à 1598, date à laquelle les Hollandais en prennent possession et la baptisent en l’honneur du prince Maurits de Nassau. Ils s’y établissent quarante ans plus tard, présence qui conduit à la rapide extinction d’un oiseau local ne volant pas, le dodo. Les Hollandais ayant abandonné leur possession en 1710, elle est reprise douze ans plus tard par les Français, déjà présents dans l’île Bourbon voisine (l’actuelle Réunion). Rebaptisée Île de France, elle voit le développement de la canne à sucre, dont la culture est assurée par des esclaves provenant essentiellement du Mozambique. La suppression de l’esclavage, sous la Révolution française, conduit les propriétaires terriens à s’affranchir brièvement de la tutelle française.
L’île est conquise par les Britanniques en 1810, lors des guerres napoléoniennes. Londres, qui lui redonne son nom initial, y maintient en revanche l’usage du créole français, ainsi que de pratiques administratives instaurées par la France. L’abolition de l’esclavage, en 1835, conduit à l’importation de travailleurs venus du sous-continent indien, en particulier de l’Uttar-Pradesh et du Bihar (où est parlé le bhojpuri). Leurs descendants forment aujourd’hui la communauté la plus nombreuse de l’île.
En 1903, la colonie britannique est amputée des Seychelles, qui deviennent une colonie à part entière.
Maurice obtient son indépendance en 1968. En échange de sa souveraineté – et d’une indemnité – le gouvernement autonome de l’île a dû renoncer à l’archipel des Chagos, transformé en colonie britannique. Conservant le monarque britannique comme chef d’État, le pays est de facto est dirigé par le Premier ministre Seewoosagur Ramgoolam, leader d’un Parti travailliste qui représente essentiellement la communauté hindouiste. Allié à la formation des musulmans, il l’emporte devant les sociaux-démocrates du PMSD, qui recrute principalement dans les rangs créoles et franco-mauriciens. Ce tripartisme est perturbé par l’émergence du Mouvement militant mauricien (MMM), d’obédience socialiste et partisan du dépassement des clivages communautaires. En lien avec les syndicats, il déclenche des grèves et des manifestations qui conduisent le pouvoir à décréter l’état d’urgence en 1971-1972. Le mouvement n’en poursuit pas moins sa progression et, en 1982, le chef du PPM, Anerood Jugnauth, devient Premier ministre.
Ayant su attirer de nombreux investissements étrangers, le pays vit alors dans un climat de calme économique et politique. Les élections et les alternances se déroulent sans heurts, au gré d’alliances fluctuantes : vainqueur des législatives de 1982, le MMM passe dans l’opposition dès l’année suivante, ce qui amène Jugnauth à créer le Mouvement socialiste militant (MSM) et à s’allier aux travaillistes et aux sociaux-démocrates. En 1990, le camp socialiste se ressoude pour abolir la monarchie et proclamer la république, ce qui est chose faite en 1992.
Largement démocratique, la vie politique est accaparée par deux familles indo-mauriciennes : les Ramgoolam (travaillistes) et les Jugnauth (socialistes). Les premiers ont dirigé le gouvernement avec Seewoosagur jusqu’en 1976 , puis à deux reprises avec son fils Navin (1995-2000, 2005-2014). Anerood Jugnauth a gouverné de 1982 à 1995, puis de 2000 à 2003 et de 2014 à 2017. Son fils Pravind lui a succédé en 2017 et a remporté les législatives de 2019.
En octobre 2024, au lendemain de l’accord trouvé avec le Royaume-Uni sur la récupération des Chagos, le Parlement est dissous et des élections anticipées convoquées en novembre. Affecté par un scandale d’écoutes téléphoniques, le sortant Pravind Jugnauth subit une cuisante défaite : la totalité des sièges est remportée par l’Alliance du changement de Navin Ramgoolam, qui devient Premier ministre pour la troisième fois et se voit doté d’une majorité lui permettant de réformer la Constitution. Le nouveau gouvernement remet partiellement en cause l’accord sur les Chagos, en particulier la clause qui concède à Londres une souveraineté de quatre-vingt dix-neuf ans sur l’île militarisée de Diego-Garcia.
Photo : Bernard Loo / Pixabay