Arctique

A la différence de l’Antarctique (pôle sud), le pôle nord ne constitue pas un continent : c’est un ensemble de mers et de terres discontinues, comprises à l’intérieur du cercle arctique, c’est-à-dire dans une zone où il fait jour ou nuit pendant vingt-quatre heures durant les solstices. Huit pays ont des territoires au-delà ou en lisière de ce périmètre d’un peu plus de 21 millions de km² : la Russie, le Canada, les États-Unis (Alaska), le Danemark (Groenland), la Finlande, la Suède, la Norvège et l’Islande.

Crédit de la carte : Wikipedia

La population vivant dans l’espace polaire est estimée à 2,4 millions de personnes (dont 40 % vivant en Russie). Seulement 10 % de ces habitants sont considérés comme des autochtones : les 155 000 Inuits d’Alaska, du Canada et du Groenland, les 70 000 Sames de Scandinavie ou encore les Nenets, Komis, Evenks etc. de Russie. La très grande majorité ne mène plus de vie nomade.

A la différence de l’Antarctique, l’Arctique n’est pas protégé par un traité international. Le pôle nord est pourtant très convoité : tant comme future voie de passage (avec la fonte des glaces, la navigation pourrait s’effectuer de mai à novembre) que comme formidable gisement ; il pourrait receler 20 % des ressources énergétiques « non-découvertes mais techniquement exploitables » de la planète (pétrole et gaz), sans compter des gisements potentiels d’or, diamant, cuivre, fer, nickel… Ce potentiel attise la convoitise des grandes puissances, comme en témoignent les prétentions des États-Unis et de la Chine sur le Groenland (cf. Danemark) ou celles de la Russie sur l’archipel norvégien du Svalbard (cf. Particularismes géopolitiques).

Les Russes, qui possèdent 53 % des côtes et 45 % des terres arctiques, ont affirmé leur souveraineté sur la région, en plantant leur drapeau à plus de 4000 m sous la calotte glaciaire, en août 2007. Après la Russie et le Danemark, le Canada a revendiqué à son tour une souveraineté sur le pôle nord, en décembre 2013. En 2015, la Russie revendique officiellement, devant l’ONU, 1,2 M de km² au nord du cercle polaire, le long de la dorsale de Lomonossov, une chaine de montagne sous-marine qui s’étend du Groenland à la Sibérie. Les autres pays ont lancé des missions scientifiques pour faire valoir leurs droits et montrer jusqu’où va leur plateau continental (prolongement des terres sous la mer, à quelques centaines de mètres de profondeur) : la Convention de l’ONU sur le droit de la mer autorise en effet un État côtier à étendre éventuellement sa souveraineté sur le plateau continental au-delà des 200 miles nautiques (370 km) constituant sa zone économique exclusive. Au-delà du plateau continental commencent les bassins océaniques profonds.

Même la Chine est intéressée par cette « route de la soie arctique » : un trajet Shanghai-Rotterdam ne ferait plus que 15 400 km (en longeant l’Arctique russe) ou 17 600 km (en passant entre le Canada et le Groenland), au lieu de 19 500 via le détroit de Malacca et le canal de Suez et 24 800 via le canal de Panama. Alors que la Russie et le Canada se sont arrogés le contrôle de voies dans ce qu’ils considèrent comme des mers intérieures, Pékin revendique un « droit de passage innocent »… droit juridique qu’il refuse par ailleurs aux autres riverains de la mer de Chine du sud. Entrée, en 2013, comme observateur permanent au Conseil de l’Arctique, la Chine a également aidé la Russie à mettre en service, fin 2017, un terminal gazier sur la péninsule de Iamal, qui avance de 700 km dans l’océan Arctique depuis la Sibérie occidentale. Fin 2019, la marine chinoise a par ailleurs mis en service le premier brise-glace capable de briser la glace en marche arrière comme en marche avant (mais l’a envoyé au pôle sud, pour ne pas irriter son partenaire russe).