SOMMAIRE
- « Lapons », « Finnois » et Baltes
- Ordres religieux et christianisation
- L’affirmation de la Lituanie
- Rivalités russo-suédoises
- Les premières indépendances
- Des nazis aux Soviétiques
- Les indépendances modernes
« Lapons », « Finnois » et Baltes
Les premières traces de peuplement dans la région datent d’environ dix mille ans avant notre ère, sans qu’il soit possible de dire si ces autochtones sont les ancêtres des Sami ou si ces derniers sont arrivés plus tard de Sibérie centrale, comme les peuples qui vont les suivre. Au IIIe millénaire AEC, des tribus originaires de l’Oural et des bords de la Volga entreprennent en effet de coloniser les forêts situées au nord des steppes bordant la Caspienne et la mer Noire, en direction du nord-est de l’Europe. Elles parlent des langues fenniques, un groupe de parlers finno-ougriens (comprenant aussi le hongrois) qui se rattache à la famille plus vaste des langues ouraliennes. Ces tribus vont donner naissance aux peuples (que les Slaves appelleront Tchoudes) qui s’établissent dans la partie orientale de la mer Baltique, à l’image des Setos dans le sud-est de l’actuelle Estonie. Entre la naissance du Christ et l’an 700, des tribus finnoises envahissent ensuite la Finlande : les Tavast dans la partie centrale, suivis des Caréliens dans le sud-est. D’autres s’installent de part et d’autre du golfe de Finlande : les Finnois proprement dits au nord, les Estes et les Lives (ou Livoniens, « gens de la côte ») au sud. Chasseurs de rennes, les Sami se trouvent repoussés au nord de la Finlande, de la Norvège et de la Suède (où ils vont recevoir le sobriquet de Lapons, « porteurs de haillons« ), jusqu’à la péninsule russe de Kola donnant sur la mer de Barents et la mer Blanche. Au contact des Finnois, la langue same évolue et se rapproche des langues fenniques[1].
A partir de 2 000 AEC, d’autres populations – des proto-Baltes de langues indo-européennes – s’établissent entre le golfe de Finlande et les Slaves orientaux de l’actuelle Pologne. Ce sont les Borusses (ou Prutènes) qui s’expriment en « vieux prussien », ainsi que les ancêtres des Lituaniens[2] et des Lettons (Coures de Courlande, Latgaliens, Séloniens et Zemgales ou Sémigaliens) .
Dans les années 750, des envahisseurs – majoritairement originaires de Suède – s’installent en amont du lac Ladoga, situé à l’est du golfe de Finlande, après avoir pris pied dès le VIe siècle dans l’archipel d’Åland, au large des côtes finlandaises. Ayant soumis les populations finnoises et slaves, ces « R(o)us » fondent Novgorod dans la région du Ladoga, en 862, avant de s’emparer de Kiev. Cette expansion vers le sud se double de conquêtes au nord, le golfe de Finlande étant une voie de passage privilégiée pour le commerce d’ambre, de métaux et de fourrures depuis la Scandinavie vers la mer Noire. Les populations fenniques se retrouvent ainsi séparées des autres peuples ougriens séjournant de part et d’autre de l’Oural (Maris, Mordves, Oudmourtes, Komis).
[1] Implantées plus tardivement, des populations usant de dialectes finnois peuplent le nord-est de la Norvège (les Kvènes) et le nord-est de la Suède (les Tornédaliens de dialecte meänkieli, sur la rive droite du Torne qui, depuis le début du XIXe, marque la frontière avec la Finlande).
[2] Le lituanien est considéré comme la langue la moins éloignée du proto-indo-européen.
Ordres religieux et christianisation
Au début du XIIe, l’est de la Baltique devient une région d’expansion pour les Danois et les Germaniques de la Ligue Hanséatique : en 1158, la ville de Lübeck crée des comptoirs à l’embouchure de la Dvina (fleuve traversant la Lettonie et la Biélorussie actuelles). Dans le dernier quart du siècle, les Russes de Novgorod s’intéressent de leur côté à la région des lacs Ladoga et Onega et commencent à convertir la Carélie à la foi orthodoxe. La conversion des peuples païens de la Baltique devient alors un enjeu géopolitique et, en 1198, le pape lance un appel à la croisade contre les « peuples barbares ». Le premier évêque nommé dans l’actuelle Lettonie débarque avec plusieurs centaines de soldats saxons et fonde Riga en 1201, à l’embouchure de la Daugava. L’année suivante, il forme l’Ordre des Chevaliers Porte-Glaive, avec mission d’évangéliser la « Terra Mariana » comprise entre la Lituanie et la Courlande (au sud de la Daugava) et le lac Peïpous (à la frontière russo-estonienne), en passant par l’Estlandie (le nord de l’Estonie actuelle) et la Livonie (le nord de la Lettonie et le sud de l’Estonie actuelles).
Pour soumettre les Estes, l’Ordre fait appel aux Danois qui, en 1219, fondent Reval (que les Estoniens nommeront Tallinn, « la ville des Danois »). L’actuelle Estonie se retrouve divisée en deux : une partie septentrionale aux mains du Danemark – l’Estlandie (pays des Estes) avec Tallinn – et une partie méridionale, avec la grande ville de Tartu (Dorpat en allemand) ; contrôlée par les Porte-Glaive, elle forme la région de Livonie avec le nord de l’actuelle Lettonie[2], dirigée elle aussi par les chevaliers germaniques.
Ces derniers ne s’arrêtent pas là : ils étendent leur pouvoir jusqu’à Tallinn, qu’ils font entrer dans la Ligue hanséatique (ce que fera aussi Riga). En 1228, les Porte-Glaive s’associent aux quatre évêchés de la région (Riga, Dorpat, Courlande et Osel-Wiek) au sein d’une Confédération livonienne.
Dans la même décennie 1220, un autre ordre militaro-religieux apparait en pays balte : celui des Chevaliers teutoniques, formés en Terre sainte par des bourgeois de Brême et de Lübeck. C’est à lui que le prince polonais de Mazovie fait appel pour venir à bout des Borusses, qui seront germanisés jusqu’à disparaître ; la seule trace qu’ils aient laissée est le nom de Prusse donné à la région. Bien que convertis et réduits au servage, les autres peuples parviennent en revanche à sauvegarder leurs langues et dialectes.
Les seuls à résister et à demeurer païens, sont les habitants de l’actuelle Lituanie. En 1236, les Samogitiens infligent une défaite si lourde aux Porte-Glaive, dans l’ouest lituanien, que les vaincus doivent renoncer à leur indépendance : le pape contraint les Porte-Glaive à intégrer l’ordre Teutonique, tout en y formant une branche autonome, l’ordre de Livonie. Les Teutoniques sont alors en pleine expansion : ayant absorbé l’ordre polonais de Dobrin (en 1235), ils exercent leur influence depuis la Prusse jusqu’aux régions comprises entre la Courlande et l’extrême-nord de l’Estonie (redevenu danois), c’est-à-dire la Sémigalie (au sud de l’actuelle Lettonie) et la Livonie. En 1255, les moines-soldats germaniques fondent la ville de Königsberg, sur les bords de la Baltique entre la Lituanie et la Pologne. En revanche, ils ont dû renoncer à convertir la Russie orthodoxe au catholicisme, après leur défaite de 1242, sur les eaux gelées du lac Peipous, face au prince Alexandre « Nevski ». Celui-ci guerroie aussi contre les Suédois qui, au milieu du XIIIe, commencent à s’intéresser sérieusement à la Finlande, afin d’y freiner la propagation de l’orthodoxie. A la fin du siècle, ils construisent notamment la ville de Vyborg dans l’isthme de Carélie (entre le golfe de Finlande et le lac Ladoga).
[2] Le nom de Lettonie n’apparait qu’au XXe siècle : jusque là, on parle de Courlande (à cheval sur la Lituanie) au sud et de Livonie (à cheval sur l’Estonie) au nord.
L’affirmation de la Lituanie
Instruits par la soumission de leurs voisins aux puissances chrétiennes, les Samogitiens et les autres tribus lituaniennes décident de s’unir : elles se placent sous l’autorité d’un seul chef, Mindaugas, qui se fait baptiser dans la foi chrétienne (en 1251), afin de se concilier les bonnes grâces des chevaliers germaniques. De fait, ceux-ci lui décernent deux ans plus tard la couronne de roi de Lituanie. Mais le roi meurt assassiné, à la suite d’un différend avec les Teutoniques. Cela n’empêche pas un de ses successeurs, le grand-duc Gediminas, de se convertir à son tour, convaincu que seul son ralliement à l’Europe chrétienne sauvera son État. Ayant transféré sa capitale de Trakaï à Vilnius, une nouvelle ville édifiée à l’est de la Lituanie, il étend son autorité dans l’actuelle Biélorussie voisine, en annexant la principauté de Polotsk dans la première moitié du XIVe. Au passage, celle-ci a apporté au grand-duché son emblème, ainsi que sa langue : le lituanien n’existant pas encore sous forme écrite, c’est le « vieux ruthène » ou « vieux biélorusse », mélange de slavon (variante de vieux slave) et de dialectes locaux, qui est utilisé jusqu’en 1550. Gediminas établit aussi des relations familiales avec les familles régnantes avoisinantes et marie sa fille au futur roi de Pologne. Mais lui aussi meurt assassiné, en 1341, sans doute par des adversaires de sa politique religieuse. Cela n’empêche pas ses successeurs de poursuivre sa politique d’expansion : dans les années 1360, ils s’emparent de la Volhynie, de la Podolie et de Kiev.
En Finlande, les Russes et les Suédois ont signé un traité de paix (en 1323), après des décennies de lutte : en plus de la Carélie orientale (située le long de la mer Blanche), les Russes récupèrent une partie de l’isthme de Carélie et l’Ingrie, région où sera construite Saint-Pétersbourg. La Finlande proprement dite passe pour près de cinq siècles sous domination suédoise. Le roi de Suède y est représenté par un membre de sa famille, portant le titre de duc et siégeant à Åbo (l’actuelle Turku, au sud-ouest du pays). Si les Suédois dominent l’administration, ils permettent la constitution d’une noblesse finnoise et n’asservissent pas les autochtones, à l’inverse de ce que font les Teutoniques. Ceux-ci continuent d’agrandir leur domaine sur les bords de la Baltique, en rachetant le nord de l’Estonie au Danemark (1347).
Plus à l’ouest, la Lituanie et la Pologne scellent leur rapprochement en 1385. En se mariant avec Hedwige de Pologne, le grand-duc Jagellon (Jogaïla) devient aussi le nouveau souverain polonais. Mais la contrepartie de cette union est lourde : la Lituanie doit se convertir à la foi chrétienne et passe sous la coupe de la noblesse polonaise. Le grand-duché reste toutefois distinct, sous le règne de Vytautas, cousin du roi. Alliées, les deux couronnes forment le pays le plus grand d’Europe et le prouvent. En 1410, les forces polono-lituaniennes battent les Teutoniques à Grünwald-Tannenberg, mettant ainsi fin aux prétentions territoriales des moines-chevaliers. Après cette victoire, Vytautas agrandit encore son domaine, défaisant même les Tatars aux abords de la mer Noire. La Lituanie est alors à la tête d’un immense grand-duché, comprenant une partie des Biélorussie et Ukraine actuelles et peuplé majoritairement de Slaves orthodoxes (les Ruthènes). En 1422, le grand-duché a toutefois dû renoncer au territoire de l’ancienne cité hanséatique de Memel (Klaipeda en lituanien), située au nord de l’embouchure du Niemen : cette « petite Lituanie » a été attribuée aux Teutoniques.
Face à la puissance de ses rivaux « catholiques », la Russie marque sa frontière sur la Baltique : en 1492, Ivan III fait ériger la forteresse d’Ivangorod, sur la rive droite de la Narva, face à celle d’Hermannburg, que les Danois avaient construite au XIIIe siècle sur la rive gauche. Cette frontière est une des plus anciennes d’Europe.
En 1525, le grand-maître des chevaliers Teutoniques fait adhérer son Ordre à la Réforme luthérienne, ce qui provoque la scission des moines-soldats voulant rester catholiques : ils reforment un Ordre de Livonie indépendant. De tous les États de la région, seule la Lituanie rester dans l’orbite de l’Église romaine. Il est vrai que la culture polonaise catholique y a supplanté les traditions lituaniennes, sauf dans l’ouest Samogitien. L’autonomie du grand-duché s’estompe progressivement et Vilnius elle-même est devenue une ville majoritairement peuplée de Polonais, en plus d’une minorité juive si active qu’elle vaut à la cité le surnom de « Jérusalem de Lituanie« . En 1569, l’Union de Lublin consacre la prééminence de la Pologne au sein de ce qui devient la République aristocratique des Deux Nations (Rzeczpospolita). Par ricochet, la plus grande partie des possessions lituaniennes de Ruthénie méridionale (Volhynie, Podolie, région de Kiev) deviennent propriétés de la Pologne et c’est une université de langue polonaise qui est fondée en 1578 à Vilnius (Wilno en polonais).
Lituaniens et Polonais restent néanmoins unis, en particulier lors des guerres de Livonie qui, de 1558 à 1583, mettent aux prises les grandes puissances de la la Baltique : d’une part la Russie (qui a profité de l’affaiblissement des ordres chevaliers pour s’emparer des villes de Narva et Dorpat) et d’autre part des coalitions variables associant la Suède, le Danemark et la Pologne-Lituanie. Victimes de l’offensive russe, la Confédération livonienne et l’Ordre de Livonie disparaissent en 1561. En revanche, les Polonais et les Suédois tirent parti de la situation : à la fin du conflit, en 1582-1583, les premiers prennent Riga et toute la Livonie aux Russes, tandis que les seconds établissent leur autorité sur l’Estlandie et l’Ingrie. En pratique, le pouvoir réel continue à être exercé par les « barons baltes », propriétaires des terres issus des ordres chevaliers.
Seules la Zemgale et la Courlande parviennent à conserver une certaine indépendance, au sud de la Dvina, sous la forme d’un État vassal de la Pologne (bien qu’il soit de confession luthérienne) : le duché de Courlande-Sémigalie (27 000 km² au nord de la Lituanie actuelle). Signé en 1561, le Pacte de Wilno en confie la gouvernance à l’ex-grand-maître livonien, en échange de la sécularisation de son Ordre. Depuis leur capitale de Mitau (l’actuelle Jelgava), les grands-ducs de Courlande mènent une politique commerciale ambitieuse : ils dotent leur pays d’une flotte marchande qui lui permettra d’acquérir plusieurs comptoirs coloniaux, dans l’île antillaise de Tobago (1645) et dans l’estuaire de la Gambie (1651).
Rivalités russo-suédoises
En 1613, lorsque la dynastie des Romanov accède au trône de Russie, elle hérite d’un pays saigné par ses voisins : les Polonais ont profité de l’instabilité russe des années précédentes pour reprendre de nombreux territoires, tandis que les Suédois ont conquis la Carélie occidentale, au nord du lac Ladoga, et vassalisé Novgorod. En 1617, un traité permet au tsar de récupérer la ville ; il doit en revanche abandonner toute prétention sur la Livonie et sur l’Estonie et céder aux Suédois la Carélie occidentale, l’isthme de Carélie (entre le golfe de Finlande et le lac Ladoga) et l’Ingrie (qui était brièvement redevenue russe).
Une fois le péril russe écarté, les anciens alliés Suédois et Polonais se déchirent. Victorieux, les premiers s’emparent de Riga, puis annexent toute la Livonie en 1629. En 1645, ils parachèvent leurs conquêtes en reprenant l’île d’Ösel, dans le golfe de Riga, qui avait été attribuée aux Danois près d’un siècle plus tôt. La Baltique orientale est devenue un « lac suédois ». La seule région qui demeure polonaise est la Latgale (ou Livonie « intérieure », avec la grande ville de Daugavpils), au sud-est de l’actuelle Lettonie ; les jésuites s’efforcent d’y contrecarrer l’influence luthérienne, ce qui explique qu’environ un tiers des actuels Lettons soit de confession catholique.
En 1700, un nouveau conflit, la « Grande guerre du nord », oppose la Russie à la Suède. Victorieux en 1709, les Russes envahissent la Finlande et la dévastent pendant plusieurs années, période que les Finlandais désignent en tant que « Grande rage ». En 1721, le traité de Nystad restitue un accès sur la Baltique à la Russie, puisqu’elle récupère l’Ingrie et l’isthme de Carélie, ainsi que l’Estlandie, Riga et la Livonie. Une nouvelle guerre menée contre les Suédois, de 1741 à 1743, permet aux Russes de récupérer la majeure partie de la Carélie. En 1772, Moscou participe au premier partage de la Pologne, en compagnie de l’Autriche-Hongrie, et hérite à cette occasion de la Latgale. En 1795, un troisième partage met purement et simplement fin à l’existence de la Pologne : la Russie récupère la Courlande et ce qui restait de la Lituanie polonaise. Seuls les territoires lituaniens situés sur la rive gauche du Niemen échappent à la conquête russe : comme la région de Memel, ils sont propriété de la Prusse, héritière des chevaliers teutoniques.
Durant la domination tsariste, l’Estlandie, la Livonie et la Lettonie connaissent deux siècles de paix. A la fin du XVIIIe siècle, la dernière devient même la province la plus développée de l’Empire russe. La condition des paysans baltes et estoniens n’en demeure pas moins très rude, même après l’abolition du servage entre 1816 et 1861 : les « barons baltes » demeurent en effet propriétaires des terres.
Ayant signé la paix avec la France napoléonienne, la Russie a les coudées franches pour envahir la Finlande suédoise en 1801. Elle en fait un grand-duché autonome dont le souverain est le tsar, mais qui bénéficie de réelles marges de manœuvre, notamment en matière militaire et linguistique : le finnois est ainsi reconnu comme deuxième langue officielle, afin de contrecarrer la domination de la culture suédoise. En 1812, la capitale est transférée d’Åbo à Helsingfors, sur le golfe de Finlande (l’actuelle Helsinki en langue finnoise).
En 1815, la rive gauche du Niemen – qui était demeurée prussienne – est attribuée au royaume (polonais) du Congrès, vassal de la Russie. Lorsque les Polonais se révoltent contre cette tutelle, en novembre 1830, la répression russe est impitoyable : des dizaines de milliers de Polonais (de Pologne et de Lituanie) sont déportés dans les régions du Caucase et de la Volga. Une nouvelle révolte, en 1863, connait le même sort. D’une manière générale, l’absolutisme des tsars s’accroit, à la fin du XIXe siècle, en même temps que les sentiments nationaux montent à travers l’Empire même si, en Lettonie par exemple, elle est davantage dirigée contre les barons baltes que contre la Russie. Moscou réagit en supprimant l’armée nationale de Finlande et en imposant le russe comme langue de l’administration dans toutes les provinces de l’Empire. En 1900, une cathédrale orthodoxe est édifiée à Tallinn. La première agitation purement lituanienne n’apparaît qu’en 1905, à l’occasion de la première révolution russe, de même que l’idée de réunir tous les Lettons dans un seul État.
Les premières indépendances
Au début de la première Guerre mondiale, l’Allemagne s’empare de la Lituanie, désertée et dévastée par les troupes russes, ainsi que de la Courlande en 1915, puis de Riga en 1917. La Livonie et l’Estonie ne sont prises qu’en février 1918 : le Reich allemand se sert de ces conquêtes pour pousser les révolutionnaires ayant pris le pouvoir à Moscou à signer une paix séparée. Conclu le mois suivant, le traité de Brest-Litovsk contraint la Russie bolchévique à renoncer aux pays baltes, mais aussi à la Finlande, dont l’indépendance a été proclamée dès décembre 1917 par les parlementaires locaux. Mais les socialistes finlandais, favorables aux bolcheviks russes, s’insurgent contre ce vote des députés majoritairement conservateurs et déclenchent une insurrection à Helsinki. Réfugié au nord, à Vaasa, le gouvernement a alors confié la lutte contre l’occupant à un Finlandais d’origine suédoise, le baron von Mannerheim, qui s’est illustré dans l’armée tsariste. Avec l’appui de troupes allemandes, il bat les « rouges » qui tiennent les villes, au terme d’une guerre civile qui fait 36 000 morts en cent jours. Pour prix de leur aide, les Allemands essaient d’établir un royaume de Finlande confié à un prince germanique, mais le Parlement finlandais y met le holà et adopte une Constitution républicaine en juillet 1919.
En 1919, les bolcheviks dénoncent le traité de Brest-Litovsk et remettent notamment en cause l’indépendance de la Lituanie, que les Allemands ont reconnue dans un périmètre légèrement étendu, puisqu’il inclut les territoires biélorusses de Grodno et Brest-Litovsk. Les Russes s’emparent de Vilnius, mais ils en sont chassés par les nationalistes lituaniens, aidés de Polonais et d’Allemands. En juillet 1920, Moscou reconnait l’indépendance de la Lituanie.
Une république indépendante de Lettonie, incorporant la Courlande, a également été proclamée en novembre 1918, dès la fin de la première Guerre mondiale. Mais les bolcheviks s’y sont opposés et se sont emparés de Riga, puis de Jelgava dès le début de l’année 1919. Pour stopper leur avancée, le gouvernement letton s’est entendu avec celui de Berlin pour former des corps de volontaires allemands, qui ont repoussé les révolutionnaires russes. Mais, comme en Finlande, les Allemands ont des arrières-pensées : réunir la Courlande, la Livonie et l’Estonie (Estlandie) dans un duché de Baltikum qui serait placé sous l’autorité du roi de Prusse. Les unités territoriales allemandes se retournent donc contre leur commanditaire, installent leurs propres dirigeants en Lettonie et s’emparent de Riga, avant d’être repoussés par des troupes estoniennes et lettones. Plutôt que d’abandonner le combat, les volontaires allemands rejoignent les Russes blancs, restés fidèles au tsar. Mais l’armée lettonne, équipée par les Alliés, les repousse définitivement fin 1919. L’année suivante, la Russie reconnait l’indépendance de la Lettonie et lui cède même quelques territoires à l’extrême nord-est.
En Estonie, l’indépendance a également été proclamée en novembre 1918. Là aussi, les bolcheviks n’ont pas laissé faire et, dès janvier 1919, ils ont avancé sur Tallinn. Soutenue par la flotte britannique de la Baltique et par des volontaires finlandais, la contre-offensive estonienne parvient à repousser les envahisseurs. Moscou reconnait l’indépendance de l’Estonie en février 1920 et lui cède aussi quelques terres, dont la rive droite de la Narva. Le nouvel État estonien se voit également attribuer la totalité du Setomaa, c’est-à-dire les 20 000 km² du pays des Setos à l’extrême sud-est.
Les négociations territoriales sont en revanche beaucoup plus ardues entre la Russie et la Finlande. Si les Russes reconnaissent le nouvel État, c’est dans les strictes limites du Grand-duché : refusant que ses territoires peuplés de Caréliens (de confession orthodoxe) en fassent partie, Moscou promet un plébiscite qui n’aura jamais lieu et transforme la Carélie orientale en république soviétique autonome. Cette évolution entraîne une révolte de la population, appuyée par les partisans d’une « Grande Finlande » allant jusqu’au Finnmark (à l’extrême-nord de la Laponie, en Norvège) et à la Tornédalie (au nord de la Suède). Mais, après quelques succès, cette rébellion est matée à la fin de l’hiver 1921-1922. En 1920, le Kremlin a néanmoins fait une concession à son ancien vassal finlandais en lui donnant un accès à la mer de Barents et à l’océan Arctique, via la cession du territoire septentrional de Petsamo (Petchenga). La même année, la Société des Nations a maintenu l’archipel d’Åland sous suzeraineté finlandaise, tout en tenant compte de la volonté de ses habitants de rejoindre la Suède : les six mille cinq cents îles du golfe de Botnie (représentant près de 1583 km²) deviennent un territoire autonome et neutre, dans lequel la seule langue officielle est le suédois.
En Lituanie, Vilnius demeure l’enjeu de fortes rivalités. Bien que la Russie et la Pologne l’aient reconnue lituanienne, en 1920, certains Polonais n’entendent pas renoncer à une ville dont la majorité de la population parle leur langue (et un quart le yiddish[1]). Après s’en être emparé, un corps franc polonais y proclame une « République de Lituanie centrale » qui est incorporée à la Pologne en janvier 1922. Abandonné par les Alliés, le gouvernement officiel de Lituanie s’établit plus à l’ouest, dans la ville de Kaunas sur le Niemen. Les Lituaniens ont par ailleurs retenu la leçon que leur ont donnée les Polonais : en février 1923, un de leurs corps francs s’empare de la région germanophone de Memel, dont la Société des Nations avait fait un territoire autonome sous mandat français.
Seize ans plus tard, un régime autoritaire se met en place à Kaunas. Il en va de même en 1934 à Riga et à Tallinn, où les derniers privilèges des « barons baltes » ont été abolis au lendemain de la guerre (en 1919 en Estonie et en 1922 en Lettonie). La démocratie règne en revanche en Finlande, malgré les pressions des communistes et des ultranationalistes du mouvement de Lapua.
[1] Vilnius voit naître les premières organisations juives européennes, telles que le Bund (Union générale des travailleurs) en 1897 ou le Mizrahi (Centre religieux, orthodoxe) en 1902.
Des nazis aux Soviétiques
En mars 1939, avant même le début de la deuxième Guerre mondiale, l’Allemagne nazie oblige la Lituanie à lui restituer le territoire de Memel. Cinq mois plus tard, Berlin et l’Union soviétique s’accordent pour se partager l’Europe. En vertu de ce pacte signé entre Ribbentrop et Molotov, la Finlande, l’Estonie et la Lettonie (puis la Lituanie dans un second temps) sont placées dans la sphère d’influence de l’URSS.
En octobre 1939, Moscou fait valoir ses nouveaux droits et réclame à la Finlande qu’elle recule de vingt-cinq kilomètres sa frontière dans l’isthme de Carélie et qu’elle lui cède un bail sur la presqu’île de Hanko – région la plus méridionale du pays – afin d’y construire une base navale. Helsinki ayant refusé, la Finlande est attaquée en novembre. Après une « guerre d’hiver » ayant fait plus de 150 000 morts (dont plus de 80 % côté soviétique), elle doit capituler en mars 1940 et céder environ 10 % de son territoire : non seulement l’URSS obtient Hanko, mais elle récupère aussi Petsamo et annexe l’isthme de Carélie. L’ensemble est réuni à la république autonome de Carélie soviétique pour former la république socialiste carélo-finnoise et accéder ainsi au premier niveau du fédéralisme soviétique.
En juin 1940, l’Armée rouge occupe l’Estonie, où est proclamée une république socialiste qui adhère à l’URSS dès le mois d’août. Les territoires qui avaient cédés aux Estoniens en 1920 leur sont enlevés et réattribués à la république soviétique de Russie. Quant-à la minorité germanique du pays, forte d’environ 25 000 membres, elle est expulsée vers l’Allemagne. Le même processus survient en Lettonie, ainsi qu’en Lituanie, à laquelle Moscou réattribue Vilnius. Durant cette période, plus de 120 000 « Baltes » sont enrôles de force, fusillés ou déportés par l’armée soviétique.
Lorsque les nazis se retournent contre l’Union soviétique en juin 1941, ils occupent à leur tour l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, y forment des divisions SS et éliminent une grande partie de leur population de confession juive (200 000 personnes en Lituanie). La situation se retourne en 1944 : entre février et novembre, l’Armée rouge reprend Narva et Vilnius, puis toutes les régions alentour, dont Memel qui va redevenir lituanienne. La reconquête de la Lettonie est plus longue, puisque les derniers soldats nazis ne quittent la Courlande qu’en mai 1945. Les trois républiques reviennent dans le giron soviétique, retour qui s’accompagne d’une forte répression : entre 1944 et 1953, environ 100 000 personnes sont exécutées ou déportées en Estonie, 135 000 en Lettonie et 310 000 en Lituanie. Jusqu’au milieu des années 1950, des miliciens nationalistes combattront l’occupation soviétique en Lituanie et en Lettonie.
La Finlande aussi s’est engagée aux côtés des nazis en 1941, dans l’espoir de récupérer les territoires perdus un an plus tôt. De fait, cette « guerre de continuation » – toujours dirigée par Mannerheim – lui permet de reprendre Petsamo et Vyborg et même de s’emparer de la capitale de la Carélie soviétique. Mais l’URSS contre-attaque et, à la suite de l’armistice signé en septembre 1944, reprend toutes ses possessions. Elle restitue certes Hanko, mais c’est pour se faire attribuer un site maritime encore mieux situé, celui de Porkkalla à une trentaine de kilomètres d’Helsinki. Afin de mieux asseoir sa domination sur les régions reconquises, Moscou en expulse 400 000 Finnois (en direction de la Finlande) et les remplace principalement par des Russes. L’isthme de Carélie ayant été rattaché directement à la Russie, la république socialiste carélo-finnoise disparait et la Carélie est « rétrogradée » au rang de république autonome. Malgré le soutien qu’il a apporté aux Soviétiques pour chasser les Allemands de Laponie, le régime d’Helsinki reste soumis à une tutelle du Kremlin, la « finlandisation », qui se matérialise par le versement de réparations de guerre à Moscou (jusqu’en 1952) et par l’hébergement de la base navale de Porkkala (jusqu’en 1956). Après la mort de Staline, ce régime disparait. La Finlande le remplace par une politique de stricte neutralité entre Soviétiques et Occidentaux.
En avril 1945, l’URSS a par ailleurs annexé la région prussienne de Königsberg, port de la Baltique très intéressant puisque libre de glace. L’annexion ayant été confirmée, en dédommagement des pertes subies par les Soviétiques durant le conflit, l’ancienne capitale des chevaliers teutoniques et de la Prusse prend le nom de Kaliningrad, du nom de Mikhaïl Kalinine, le président du Præsidium du Soviet suprême de l’époque. La population allemande en est expulsée, ce qui met fin à un millénaire de présence germanique dans cette région.
Comme ailleurs dans l’Union, les dirigeants soviétiques procèdent à divers redécoupages administratifs dans la région. La république de Russie récupère ainsi un ensemble de territoires du nord-est de la Lettonie, ainsi que du sud-est de l’Estonie : dès lors, les Setos orthodoxes se retrouvent répartis entre l’oblast russe de Pskov et des districts, majoritairement luthériens, d’Estonie. A l’extrême nord-est de celle-ci, la frontière est établie sur la rivière Narva, de sorte que la cité médiévale homonyme se retrouve côté estonien et celle d’Ivangorod côté russe.
Les indépendances modernes
Sans conséquence à l’époque soviétique, puisque effectuées entre républiques constitutives d’un même pays, les redistributions de territoires vont prendre de l’importance lorsque, au tournant des années 1980-1990, le bloc communiste commence à se fissurer en Europe orientale. Dans une URSS qui est elle-même gagnée par un vent de libéralisation (cf. Les Slaves orientaux), la cause indépendantiste retrouve de la vigueur dans les trois républiques « baltes ». En août 1989, pour le cinquantième anniversaire du douloureux pacte Molotov-Ribbentrop, le Front populaire d’Estonie (Rahvarinne), le Front populaire de Lettonie (Tautas fronte) et le mouvement réformateur de Lituanie (Sąjūdis) mobilisent leurs partisans sur un projet commun : réaliser une « chaîne humaine » en faveur de la démocratie. Pendant un quart d’heure, cette « Voie balte » va rassembler deux millions de personnes sur six cents kilomètres. En mars 1990, les Lituaniens – une nouvelle fois pionniers – proclament leur indépendance, mais des forces soviétiques interviennent à Vilnius en janvier suivant. Finalement, Moscou reconnait l’indépendance de la Lituanie, de la Lettonie et de l’Estonie en septembre 1991, après l’échec d’un putsch conservateur dans la capitale russe.
Les conséquences territoriales et démographiques de ces indépendances sont d’autant moins neutres que les trois pays[1] ont clairement rejoint le camp occidental : ils sont en effet membres de l’Union européenne et de l’OTAN depuis 2004. De ce fait, l’oblast fortement militarisé (et nucléarisé) de Kaliningrad est devenu une exclave de la Russie : le corridor de Suwalki, qui marque la frontière entre la Lituanie et la Pologne, le sépare d’une soixantaine de kilomètres de la Biélorussie, le plus proche allié de Moscou dans la région. Certains tracés frontaliers demeurent également contestés, en particulier entre la Russie et l’Estonie, dont 5 % du territoire est resté russe après la dislocation de l’URSS : Ivangorod (à une centaine de km à l’ouest de Saint-Pétersbourg), mais aussi des pans entiers de terre au sud-est du pays. L’accord trouvé en 2013 n’a jamais été ratifié par le Parlement de Moscou. Les relations sont également difficiles avec la Lettonie, qui ambitionne parfois de revenir au tracé frontalier issu de l’accord russo-letton de 1920.
Les relations sont d’autant plus tendues que, du fait de la russification massive menée durant l’occupation soviétique, les russophones sont parfois nombreux dans les nouveaux États. En 1989, les Lettons ne représentaient plus que 52 % de la population de la Lettonie (Latvia) contre 75 % en 1925 ; idem en Estonie avec 62 % d’Estoniens contre 88 % en 1922. Plutôt rares en Lituanie (moins de 6 %, à peu près autant que de Polonais), les russophones représentent encore près d’un tiers de la population de Lettonie, principalement à Riga et dans les régions frontalières de la Biélorussie et de la Lituanie.
Ils sont aussi plus de 30 % en Estonie, principalement à Tallinn et dans le nord-est. Le terme « russophone » y englobe plusieurs catégories de populations : ressortissants de Russie (plus de 80 000), de Biélorussie et d’Ukraine bénéficiant d’un statut de résidents permanents, Estoniens ayant des racines russes et apatrides descendant principalement d’occupants soviétiques ; au nombre d’environ 60 000, ils sont titulaires d’un passeport de couleur grise qui leur permet à la fois de circuler dans l’espace européen Schengen et d’aller en Russie sans visa ; en revanche, ils sont exclus de certains droits, notamment celui de voter aux élections nationales. La proportion de russophones atteint même 95 % à Narva, terre d’accueil historique des Vieux-Croyants (des ritualistes chassés et persécutés par Moscou après le schisme orthodoxe de 1667), dans laquelle Moscou avait interdit aux Estoniens de revenir après les dégâts de la deuxième Guerre mondiale.
La question est sensible, comme en témoignent les incidents qui, en avril 2007, font un mort et des dizaines de blessés, après la décision du gouvernement estonien de déplacer dans un cimetière la statut du soldat soviétique qui trônait en plein cœur de Tallinn. La Russie se sert parfois de ces minorités pour justifier l’appartenance des pays de la Baltique orientale à son « étranger proche », avec d’autant plus d’aisance que l’intégration des russophones dans leur nouveau pays est parfois délicate. A l’indépendance, la citoyenneté lituanienne a été donnée à tous les résidents souhaitant l’acquérir. En revanche, les citoyennetés lettone et estonienne n’ont été accordées qu’aux personnes présentes dans ces pays avant 1940 et à leurs descendants. Pour accéder à la citoyenneté en Estonie, les non-citoyens doivent apprendre la langue et l’histoire locales. En Lettonie, où les non-citoyens sont 9 % et les citoyens russes 2 % en 2023, les résidents ayant conservé la nationalité de la Russie après l’indépendance sont tenus de demander un nouveau titre de séjour, impliquant de passer un test de langue et de donner des gages de loyauté au pays.
En Lettonie, des lycées russophones sont financés par le gouvernement, mais la part du letton dans l’enseignement doit y atteindre au moins 60 %. Par ricochet, la Russie est accusée d’alimenter certaines tentations séparatistes, comme celles de la Latgale en Lettonie : sa ville principale, Daugavpils (la deuxième ville du pays) ne compte que 20 % de Lettons, dont beaucoup parlent encore le dialecte latgalien. Moscou est également suspectée de financer les partis pro-russes des différents pays, dont le poids électoral a cependant décru depuis l’invasion de l’est ukrainien par la Russie, en février 2022. Ainsi, le Parti du centre, formation traditionnelle des russophones d’Estonie, a rompu le partenariat qu’il avait conclu en 2014 avec Russie unie, le parti ultra-majoritaire au Parlement de Moscou. Face à cette situation, l’Estonie comme la Lettonie ont décidé d’accélérer l’apprentissage obligatoires de leurs langues nationales dans le système scolaire, dont une partie ne fonctionne encore qu’en russe.
En janvier 2024, après presque deux ans de guerre russo-ukrainienne, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie signent un accord en vue d’établir une ligne de défense le long de leurs 1 720 km de frontières avec la Russie et la Biélorussie. Il s’agira de construire des « installations défensives anti-mobilité ». Quant à la Finlande (membre de l’UE depuis 1995), elle a définitivement rompu avec sa politique de neutralité et adhéré à l’OTAN en 2023, ouvrant 1 300 km de frontières supplémentaires entre la Russie et les Occidentaux. En mai, un décret du Kremlin (aussi vite mentionné que disparu) évoque des « révisions » des frontières de la Russie en mer Baltique, autour des îles russes de la partie orientale du golfe de Finlande et de l’enclave de Kaliningrad. Les garde-côtes de Moscou retirent par ailleurs des bouées placées sur la rivière Narva, sépare la Russie de l’Estonie. Quelques jours plus tard, les six membres de l’Otan voisins de la Russie tombent d’accord pour ériger une « muraille de drones » défensive, de la Norvège jusqu’à la Pologne, afin de défendre leurs frontières contre les « provocations » du Kremlin. Varsovie annonce ainsi l’édification, d’ici à 2028, de 550 km de « fortifications » le long de ses frontières avec Kaliningrad et la Biélorussie. le budget de la défense de l’État balte va atteindre 3,2 % de son PIB. Un niveau qui pourrait encore augmenter, alors que vient de commencer, près de Vilnius, la construction d’une base militaire, qui accueillera 4 000 soldats allemands d’ici à 2027. En Lituanie – où un nouveau parti populiste Nemuno Ausra (L’Aube du fleuve Niémen) atteint 15 % des voix – le budget de la défense dépasse 3 % du PIB et le pays commence, près de Vilnius, la construction d’une base militaire destinée à accueillir 4 000 soldats allemands d’ici à 2027. En Estonie, la coalition socialo-centriste au pouvoir entend interdire la participation aux élections locales des citoyens russes et biélorusses résidant dans le pays.
[1] Située sur la Baltique, l’Estonie n’est pas un pays balte au sens ethnique, puisqu’elle est majoritairement peuplée de populations « fenniques ».
Photo de « une » : la cathédrale luthérienne d’Helsinki. Crédit : Annie Chancel