Guinée Équatoriale

Guinée Équatoriale

L’ex-Guinée espagnole vit sous la dictature depuis son indépendance, dont quatre décennies du même Président.

28 051 km²

République autoritaire

Capitale : Malabo[1]

Monnaie : franc CFA

1,8 million d’Equato-Guinéens

[1] C’est le seul pays à la fois continental et insulaire dont la capitale institutionnelle ne soit pas située sur la « terre ferme », mais sur une île (en l’occurrence celle de Bioko).

Comptant 296 km de côtes sur la baie du Biafra, le pays comprend deux parties au nord de l’équateur.

La partie continentale (le Mbini, ex-Rio Muni), d’une superficie d’environ 26 000 km², est frontalière du Cameroun sur 183 km au nord et du Gabon sur 345 km à l’est et au sud. A l’ouest se situe la partie insulaire : elle comprend l’île de Bioko (ex-Fernando Poo 2 017 km²), plus proche des côtes du Cameroun (32 km) et du Nigeria (80 km) que de la partie continentale du pays (plus de 250 km) ; l’île de Corisco (14 km²) et l’île d’Annobon (ou Pagalu, 17 km²), distante de 650 km du territoire équato-guinéen, dont elle est séparée par l’archipel de Sao Tomé et Principe. Malgré une convention signée en 1974, Malabo conteste la souveraineté du Gabon sur trois îles proches des côtes gabonaises, susceptibles d’être riches en pétrole : Mbanié, Cocotier et Conga.

La partie continentale est formée d’une plaine côtière prolongée par des collines intérieures. La partie insulaire est volcanique (avec un point culminant à plus de 3 000 m sur l’île de Bioko). Le climat est équatorial.

Plus de 78 % de la population est d’ethnie Fang (également très présente au Gabon). S’y ajoutent 9 % de Bubi (à Bioko) et 5 % d’étrangers. Les langues officielles sont l’espagnol, le portugais et le français.

Plus de 90 % des habitants sont chrétiens (à plus de 85 % catholiques), culte qui se mêle souvent de pratiques traditionnelles.


Peuplée initialement de Pygmées, la partie continentale est envahie de Bantous, qui se propagent aussi sur Bioko. Dans les années 1470, l’île est abordée par les Portugais, comme sa voisine de Sao Tomé, et baptisée Fernando Poo. Comme Annobon, elle sert principalement d’escale. Toutes deux sont finalement cédées à l’Espagne dans les années 1777-1778, en échange de terres espagnoles en lisière du Brésil. Dans le même temps, Madrid se voit accorder la liberté de commercer sur les côtes du golfe de Guinée, depuis le delta du Niger jusqu’au cap Lopez (dans l’actuel Gabon). En pratique, l’Espagne ne s’intéresse à sa colonie qu’au milieu du XIXe et n’occupe l’intérieur de la partie continentale que dans les années 1920.

La Guinée espagnole acquiert son indépendance en 1968, sous la présidence de Francisco Macias Nguema. Un an après, la ville de Bata – sur le continent – est remplacée comme capitale par Santa Isabel – sur Bioko – qui est rebaptisée Malabo, en 1973, dans le cadre de la campagne d’africanisation des noms lancée par le Président. D’abord élu, Macias Nguema transforme son régime en dictature dans des proportions telles qu’un tiers de la population aurait été liquidée ou contrainte à l’exil. La répression s’exerce particulièrement contre les Bubi et les mulâtres, tandis que les Espagnols et les Nigérians s’enfuient.

Le dictateur est exécuté en 1979, à la suite d’un coup d’État militaire dirigé par son neveu Teodoro Obiang Nguema, qui instaure une « démocrature », dictature sous des oripeaux démocratiques. Depuis son accession au pouvoir, il est réélu régulièrement avec des scores pharaoniques (entre 93 et 97 %), malgré l’introduction du multipartisme en 1991. Les médias sont sous le contrôle du clan présidentiel et la véritable opposition au régime est réfugiée en Espagne[1]. Périodiquement, le pouvoir annonce avoir déjoué des coups d’État : en 2004, en 2009 (mené par des rebelles nigérians du delta du Niger), en 2017 (perpétré par des mercenaires majoritairement tchadiens).


La découverte de pétrole, en 1996, a favorisé le développement d’infrastructures mais, du fait d’une corruption généralisée, la majorité de la population n’a pas vu d’amélioration substantielle de son niveau de vie, à la différence de la famille présidentielle et de son entourage. Teodoro Obiang et son fils Teodorin – chef de l’armée promu vice-Président – sont notamment poursuivis par la justice française sur des « biens mal acquis », provenant du détournements de fonds publics. La production pétrolière décline depuis 2004, mais le régime poursuit ses investissements, afin de diversifier son économie. Il construit aussi une nouvelle capitale administrative, Ciudad de la Paz (ou Djibloho, ex-Oyala), dans la partie continentale du pays.

Sur le plan diplomatique, Malabo se rapproche ostensiblement de la Russie, intéressée par les facilités portuaires que le pays pourrait lui procurer sur le golfe de Guinée.

[1] En janvier 2023, un opposant notoire est mort en prison. Il avait été condamné à soixante ans de prison pour « tentative de coup d’État », après avoir été enlevé au Soudan du Sud où il était réfugié.