Avec près de 42,4 millions de km2, soit 28,2 % des terres émergées de la planète, l’Amérique est le deuxième plus grand continent, juste derrière l’Asie. Bordée par les océans Arctique au nord, Pacifique à l’ouest, Atlantique à l’est et Antarctique au sud, elle s’étend sur 15 000 km du nord au sud, depuis le cap Columbia au Nunavut (terre des Inuits du Canada) jusqu’aux îles Diego Ramirez en Terre de Feu chilienne (cf. Particularismes étatiques). L’Amérique rassemble un peu plus d’un milliard d’habitants (un peu plus de 13 % de la population mondiale), appartenant à des cultures très diverses : latines (hispanique, portugaise, française), anglo-saxonne et germanique, africaines, amérindiennes, celtique, slave, asiatiques (chinoise, japonaise, coréenne)…
Comptant trente-cinq pays indépendants (et quelques possessions françaises, anglaises et néerlandaises), le continent américain est généralement divisé en quatre grandes aires géographiques, qui font parler à son sujet « des » Amériques : le triangle nord-américain (23 753 700 km², Mexique et Groenland danois compris), l’Amérique centrale (522 760 km²), les Caraïbes (235 830 km²) et le triangle sud-américain (17 845 000 km²). Amérique du sud et Amérique centrale sont reliées par l’isthme de Panama qui, dans sa partie la plus étroite, ne mesure que 50 km de large.
Lorsque Christophe Colomb débarque aux Bahamas (en 1492), le continent américain compte environ soixante millions d’Amérindiens. Selon l’état actuel des connaissances, le peuplement du continent américain s’est fait en plusieurs vagues venues de deux zones différentes d’Asie. Tout commence il y a environ 30 000 ans, lorsqu’un petit groupe de chasseurs de Sibérie se sépare de la plus large population d’Asie de l’Est, puis se scinde en deux populations. Tandis que la première reste dans la région sibérienne du Chukotka, la deuxième poursuit sa chasse en direction de l’est : elle pénètre en Amérique vers 24 000 ans avant le présent (AP), via le détroit de Behring qui était alors en glace. Vers -12 000 (14 000 AP), ces Paléo-Indiens auraient été rejoints par des Mongoloïdes, originaires des environs du lac Baïkal. Selon l’hypothèse du « statu quo béringien », ces populations seraient restées des milliers d’années en Béringie (Alaska et Yukon canadien), pendant le dernier maximum glaciaire ; elles ne l’auraient quittée qu’une fois le couloir entre les calottes glaciaires de la Cordillère et des Laurentides devenu accessible (vers 13 000 AP). Au Canada, des fouilles archéologiques estiment à plus de 26 500 ans la présence de peuples autochtones dans le nord du Yukon et à 9 500 ans dans le sud de l’Ontario.
D’autres vagues seraient venues d’Asie de l’Est, non pas par la terre, mais par la mer, en empruntant une voie déglacée et viable aux environs de 17 000 à 15 000 AP : elles auraient en effet suivi les courants allant du Japon aux îles Kouriles et Aléoutiennes, des études génétiques ayant montré une parenté entre certains Indiens d’Amérique et les Aïnous de l’île japonaise d’Hokkaïdo. De là, elles auraient caboté le long des côtes du Pacifique jusqu’en Californie et au Nouveau-Mexique (où a été trouvé le plus ancien site nord-américain, Clovis, daté d’environ 11500 AP), puis jusqu’en Patagonie et en Terre de feu, à l’extrême-sud du continent (le plus vieux site américain identifié à ce jour est celui de Monte Verde, daté d’au moins 18500 AP, au sud du Chili). D’autres groupes, passés par l’intérieur des terres, seraient descendus en longeant l’Atlantique, jusqu’aux côtes caraïbes du Venezuela, qu’ils auraient atteintes vers -13 000. Les terres de Panama, du Magdalena et de la plaine de Bogotá semblent avoir été occupées avant Clovis. C’est au cours de ces migrations que les Amérindiens du Sud se seraient différenciés de ceux du Nord. La « Côte sauvage » entre les deltas de l’Orénoque et de l’Amazone (de l’est du Venezuela jusqu’au nord du Brésil) a été peuplée un peu plus tard, à partir du sixième millénaire AEC, par des groupes dont les descendants actuels dans cette zone parlent des langues tupi-guarani. Les Caraïbes sont peuplées sans doute à partir de -5 000 par les Arawaks, un ensemble de tribus parlant des dialectes différents mais issues d’une même région, l’Amazonie péruvienne, aux abords du Marañon. Après avoir atteint les côtes du Pacifique, les Arawaks auraient essaimé vers le nord, en direction de l’isthme de Panama et de la mer des Caraïbes.
Vers -4000, une autre vague migratoire issue de Sibérie traverse le détroit de Behring. A la différence des précédentes, elle ne descend pas vers le Sud et demeure en Arctique, qu’elle traverse d’ouest en est, jusqu’au Groenland (vers -2000). Sa manifestation la plus connue est la culture de Dorset (vers 800, au nord-est du Canada et au Groenland). N’ayant quasiment aucun contact extérieur, ces Paléoesquimaux disparaissent vers 1300 EC, sans doute victimes de leur consanguinité et de problèmes climatiques. Ils sont remplacés par les membres d’une nouvelle vague migratoire, arrivée vers 500 EC en Alaska : ce sont eux, les Néo-Inuits de la culture de Thulé, qui sont les ancêtres des Inuits modernes.
Mais le peuplement du continent américain pourrait être encore plus ancien. Des archéologues ont en effet mis au jour des sites datés d’au moins 40 000 ans avant le présent. Ces éventuels chasseurs Paléo-Américains, dépourvus de traits mongoloïdes, auraient été absorbés et marginalisés par les Paléo-Indiens et n’auraient laissé que d’infimes traces génétiques dans certaines tribus d’Amazonie actuelles (comme les Botocudos du Brésil) ou chez les Tehuelches de la Terre de feu. L’arrivée de populations d’Océanie sur les côtes d’Amérique du Sud semble en revanche peu probable à toutes ces dates lointaines. Ce n’est qu’à partir du Xe siècle de notre ère que des Polynésiens y auraient peut-être abordé. Des études génétiques ont montré que les habitants de l’île de Pâques (distante de plus de 3500 km des côtes chiliennes) auraient eu des contacts avec des populations de la côte sud-américaine du Pacifique, entre 1250 et 1430 EC, dans des conditions restant à préciser.
Un siècle après l’arrivée des Européens, 90 % des autochtones ont disparu, victimes des maladies (en premier lieu la variole), des guerres, des politiques d’extermination et de l’esclavage. De 2,5 à 5 millions « d’Indiens » auraient été utilisés comme esclaves, en dépit du recours rapide des colons à de la main d’œuvre importée d’Afrique : entre les XVIe et XIXe siècles, la traite transatlantique aurait touché entre 12 et 16 millions d’Africains (dont au moins deux millions décédés pendant la traversée), déportés vers le Brésil portugais (39 %), les Antilles et Guyane britanniques (18 %), les Antilles et Guyane françaises (17 %), les colonies espagnoles (un peu moins de 17 %), l’Amérique du nord (moins de 5 %) et les autres possessions européennes (un peu moins de 6 %). Jusqu’à l’abolition de l’esclavage, tout au long du XIXe siècle, les esclaves étaient utilisés dans les plantations (canne à sucre, tabac), ainsi que dans les mines.
Pour en savoir plus : https://clio-cr.clionautes.org/le-genocide-des-ameriques.html