Laos

Laos

L’ancien royaume du Laos est devenu un État communiste, fidèle allié du Vietnam.

236 800 km²

République socialiste

Capitale : Vientiane

Monnaie : le kip

7 Millions de Laotiens

Totalement enclavé, le Laos est entouré par la Birmanie (150 km) et la Chine (420 km) au nord, la Thaïlande (1 000 km) à l’ouest, le Cambodge (150 km) au sud et le Viêt Nam (1 000 km) à l’est. La plus grande partie la frontière avec la Thaïlande est constituée par le Mékong, peu navigable en raison de son débit irrégulier. Vientiane, la capitale, est située sur la rive gauche du fleuve, face au territoire thaïlandais.

S’étendant sur 1 000 km du nord au sud, le Laos est constitué à plus de 70 % de montagnes et de plateaux, couverts pour la moitié de forêts, dont la chaîne Annamitique qui forme l’essentiel de la frontière avec le Viêt Nam. Le climat est tropical.

Le pays compte une soixantaine d’ethnies. Les plus nombreuses relèvent du groupe thaï qui représente les deux tiers de la population (55 à 60 % pour les Lao-Lu, vivant majoritairement dans les régions basses proches du Mékong et un peu plus de 5 % pour les Lao-Tai situés à la frontière du Yunnan chinois). Les autres peuples sont Môn-Khmers (Lao Theng ou Kha « sauvages » 23 %), Miao-Yao (Hmong ou Lao-Soung 8 %), Sino-tibétains (Han, Chin, Naga, Lahu 3 %).  

La religion ultra-majoritaire est le bouddhisme de l’école theravada (cf. L’Inde creuset de religions), l’animisme étant fréquent au sein des populations montagnardes.

Après la proclamation de l’indépendance, en 1949, le gouvernement laotien qui était en exil à Bangkok fait son retour dans le royaume. Frère de l’ancien Premier ministre indépendantiste Pethsarath, le prince Souvanna Phouma devient chef du gouvernement en 1951. Mais il doit compter avec le Pathet Lao (« pays lao »), gouvernement pro-communiste qu’un troisième demi-frère, Souphavounong, a proclamé un an plus tôt dans le nord-est du pays. Soutenu par le Vietminh vietnamien, ce gouvernement provisoire prend progressivement le contrôle de la majeure partie du plateau des Boloven au sud et de plusieurs provinces au nord, notamment celles de Xieng Khouang et de Luang Prabang.

A l’occasion de la conférence de Genève, qui met fin à la guerre d’Indochine en 1954, les différents participants admettent que le Laos sera un État neutre, débarrassé de toute troupe étrangère, et sera dirigé par l’ensemble des forces politiques locales. De fait, malgré l’opposition de la droite – soutenue par les États-Unis et leur allié thaïlandais – un gouvernement de coalition est investi en novembre 1957. Dirigé par Souvanna Phouma, il comprend plusieurs membres du Pathet Lao, dont Souphanouvong. En février suivant, les forces communistes sont intégrées dans l’armée royale et des élections se tiennent en mai ; elles sont marquées par un large succès du Neo Lao Haksat, le Front patriotique (FP) fondé par les anciens rebelles.

Mais le pacte vole en éclats l’année suivante quand la droite met à profit la démission de Souvanna Phouma pour s’emparer seule du pouvoir. Repassée dans l’opposition, l’ancienne guérilla communiste reprend les combats. En août 1960, Souvanna Phouma est rétabli par un coup d’État de militaires neutralistes, mais il est de nouveau chassé, en décembre suivant, par les forces de droite qui installent le revenant Boun Oum au pouvoir. Finalement, les Américains et les Soviétiques s’entendent, en juin 1961, pour le retour d’un gouvernement de coalition, présidé par Souvanna Phouma, avec Souphanouvong et Boun Oum.

La solidité de cet attelage va être éprouvée par la guerre du Vietnam. Forçant les politiciens du Front patriotique à quitter Vientiane, la droite reprend les rênes en avril 1964, à la faveur d’un coup d’État militaire. Elle bénéficie de l’appui des Américains qui, après avoir pris en main l’armée royale et recruté des mercenaires thaïlandais et des supplétifs Hmong[1], bombardent allègrement l’est du Laos : c’est en effet dans ces zones sous contrôle du FP que passe la « piste Hô Chi Minh », par laquelle le nord-Vietnam envoie des armes et des hommes à la guérilla communiste du sud. Malgré ce déluge de bombes[2], le territoire gouvernemental finit par se réduire à un tiers du pays et un accord entre parties laotiennes est signé en février 1973, dans la foulée des accords de Paris mettant fin à la guerre du Vietnam.

Un nouveau gouvernement d’union nationale, dirigé par l’insubmersible Souvanna Phouma, entre en fonctions l’année suivante, avant d’éclater une nouvelle fois. Profitant de la dynamique communiste dans la région (prise de Phnom Penh par les Khmers rouges et chute de Saïgon en avril 1975), le Front patriotique s’empare du pouvoir : après l’abdication du roi, il proclame en décembre 1975 la République populaire démocratique lao, présidée par Souphanouvong. Aidé par l’URSS et le Vietnam, le Parti populaire révolutionnaire (PPRL, héritier du Pathet Lao) impose un régime communiste de stricte obédience, dans un pays dévasté : 200 000 morts, plus de 700 000 déplacés, des sources d’eau et des terres saccagées par les bombes et leurs agents chimiques…

Considérés comme des « traîtres » ayant collaboré avec les ennemis français, puis américains, plusieurs milliers de Hmong sont envoyés dans des « séminaires » qui sont en fait des camps de rééducation. Cette politique va inciter 300 000 membres de cette communauté à quitter le pays. Au total, quelque 10 % de Laotiens s’enfuient vers l’Australie, la France, les États-Unis… Au milieu des années 1970, ils sont suivis par des milliers de Chinois et de Vietnamiens, en majorité des commerçants, inquiets de la détérioration de la situation économique. Les récriminations s’aggravent contre le monopole du pouvoir exercé par les gens de Xam Neua, la « capitale » du Pathet Lao pendant la guerre. Des mouvements de rébellion apparaissent aussi parmi les minorités, en particulier chez les Hmong, mais sans menacer le pouvoir. Celui-ci bénéficie d’un soutien sans faille du Vietnam, dont les troupes stationnent dans le pays, à la suite d’un traité d’amitié signé en 1977.

Comme son protecteur, le Laos va opérer un changement profond de politique économique. Fin 1979, la collectivisation de l’agriculture est suspendue et des mesures sont prises afin de libéraliser l’économie et, par ricochet, d’améliorer les conditions de vie de la population : réduction de taxes, encouragement de la production privée, libéralisation du commerce intérieur[3]… Bien qu’accompagnée de travers, tels que la corruption et la surexploitation forestière, cette politique permet d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et de nouer des relations commerciales avec les voisins régionaux. Mais les relations restent difficiles avec la Thaïlande : entre décembre 1987 et février 1988, près de mille personnes sont tuées dans la « guerre des collines » opposant militaires laotiens et thaïlandais pour le contrôle de 80 kilomètres carrés aux confins de la province contestée de Sayaboury au nord-ouest, province qui était restée sous souveraineté thaïlandaise jusqu’à sa pleine restitution au Laos, en 1946.

La situation s’assouplit à la fin des années 1980. Du fait de l’arrêt des aides de l’URSS et du Vietnam (dont les troupes se retirent en 1989) et de l’adoption d’une position moins nationaliste par la Thaïlande, le pays accroît son ouverture économique et devient membre de l’ASEAN en 1997. Il ne renonce pas, pour autant, à ses relations privilégiées avec le Cambodge et surtout avec le Vietnam, dont il partage le modèle : libéralisation économique, mais sans démocratisation politique. Le PPRL continue ainsi de détenir tous les pouvoirs, en dépit d’un certain nombre d’ouvertures, telles que l’introduction du suffrage universel aux élections locales et nationales. En 1998, un ancien dignitaire du régime est ainsi mort, par manque de soins médicaux, dans la prison où il avait été jeté pour avoir lancé des appels au multipartisme huit ans plus tôt.

Des guérillas ethniques perdurent aussi, bien que de basse intensité. Après une série d’explosions inexpliquées, en 2000 et début 2001, au cœur même de Vientiane, une dizaine de personnes – dont des touristes – ont été tués début février 2003, victimes d’une embuscade contre un convoi de cars et de voitures dans la région centrale de Vang Vieng. A la fin de l’année 2009, la Thaïlande a commencé à expulser – contre leur gré – les quelques milliers de Hmong du Laos qui s’étaient réfugiés sur son sol, contre la promesse qu’ils ne seraient pas persécutés à leur retour. Enfin, le gouvernement laotien surveille attentivement ses frontières : en avril 2017, quelques dizaines de ses soldats ont même été brièvement déployés sur le sol cambodgien, pour y lutter contre la contrebande.

[1] Des Hmong combattent aussi dans les rangs du Front patriotique.

[2] En cinq ans, la zone tenue par le FP (environ la moitié du Laos) subira 200 000 raids et recevra plus de deux millions de tonnes de bombes (plus que toute l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale), sans que la piste Hô-Chi-Minh ne soit jamais coupée.

[3] Le principe de la propriété privée figure dans la première Constitution, édictée en août 1991, à la différence de la construction du socialisme.

Photo : le Mekong. Crédit : Peggy_Marco / Pixabay