Les Roms

Descendant de populations indo-aryennes venues du nord des Indes, ils sont environ quatorze millions dans le monde, dont huit à dix millions en Europe (plus d’un million en Roumanie), ce qui en fait la plus importante minorité ethnique du Vieux continent. De plus en plus sédentarisés, ils se distinguent des « gens du voyage », appellation qui regroupe des populations nomades de différentes origines (les Roms, mais aussi les Yéniches ou encore des autochtones tels que les Travellers dans les îles Britanniques, cf. Particularismes socio-culturels).

Eux-mêmes s’appellent Roms (« hommes » en langue romani), mais ils sont connus sous d’autres noms : Bohémiens (parce-que, au XVe siècle, ils bénéficiaient de lettres de recommandation du roi de Bohême), Gitans ou Gypsies (parce-qu’ils se disaient « comtes de la Petite Égypte », contrée indéterminée), Tziganes (issu d’un mot grec signifiant « intouchables »), Manouches, Sinti, Kalès, Romanichels… Les linguistes divisent les Roms en trois groupes, correspondant à des ensembles historiquement différenciés : les Tsiganes d’Europe de l’Est, locuteurs de plusieurs parlers romanis (proches du sindhi et du pendjabi) ; les Sintis ou Manouches d’ Europe occidentale parlant le sintikès (parlers sinto-manouches) ; et les Gitans utilisant des dialectes hispano-romani comme le caló et vivant dans le Sud de la France, dans la péninsule ibérique et en Amérique latine.

En partie arrivés comme accompagnateurs des Turco-Mongols dans les Balkans et en Europe orientale, ils se répandent à travers le continent, notamment en Espagne (où ils créent la culture flamenca). D’abord plutôt bien accueillis, ils deviennent rapidement des boucs émissaires et subissent de plus en plus de discriminations : réduits en esclavage dans les principautés de Valachie et de Moldavie (l’actuelle Roumanie) jusqu’en 1855, ils sont assignés à résidence en Autriche, persécutés en Espagne, envoyés aux galères ou en Amérique par la France (où ils sont fichés dès 1912). Les persécutions culminent sous le régime nazi, avec la déportation et l’exécution de 350 000 d’entre eux.

Les Roms disposent aujourd’hui d’un hymne (Gelem, Gelem, « j’ai marché, j’ai marché »), d’un drapeau sur fond bleu (liberté) et vert (la terre) et d’un Parlement. L’Union internationale romani (basée à Prague) est reconnue, avec un rôle consultatif, à l’ONU et au Conseil de l’Europe.