110 879 km²
République parlementaire
Capitale : Sofia
Monnaie : le lev
6,8 millions d’habitants (Bulgares)


Correspondant approximativement à la Thrace antique, la Bulgarie possède 354 km de côtes sur la mer Noire à l’est et partage 1 806 km de frontières terrestres avec cinq pays : 605 km avec la Roumanie au nord, 344 avec la Serbie et 162 avec la Macédoine à l’ouest, 472 avec la Grèce au sud et 223 avec la partie européenne de la Turquie (Thrace orientale) au sud-est.
La principale caractéristique topographique du pays est sa division en bandes de montagnes et de plaines orientées est-ouest. Du nord au sud se succèdent le plateau Danubien, le massif des Balkans, la Thrace du Nord, le massif du Rila (avec le point culminant de tous les Balkans, à 2 925 m) et le massif des Rhodopes. Continental au nord et dans les montagnes de l’ouest, le climat est tempéré au centre et méditerranéen sur les bords de la mer Noire.
Près de 79 % de la population appartient à l’ethnie bulgare. Les habitants d’origine turque sont environ 8 % et les Roms entre 4 % et 9 %. La langue officielle est le bulgare, langue slave méridionale également parlée par plus d’un million de personnes dans tous les pays de la région, jusqu’en Hongrie (Banat), Albanie, Moldavie (Gagaouzie) et Ukraine (Boudjak). Langue officielle de la Macédoine du nord, le macédonien n’est pas considéré par Sofia comme une langue à part entière, mais comme une variante des dialectes occidentaux du bulgare.
Sur les 75 % de la population déclarant une religion, près de 65 % est chrétienne (à plus de 60 % orthodoxe) et un peu moins de 10 % musulmane (dont environ 2 % d’alévis / bektachis, cf. Islam).
L’islam est la religion des Turcs, mais aussi des Pomaks (ou Pomaques). Ces Bulgares –islamisés sous la domination ottomane – sont aussi près d’un demi-million en Turquie : ils sont restés vivre en Thrace orientale (demeurée turque) ou ont quitté les Rhodopes lors des échanges de population consécutifs à l’effondrement de l’Empire ottoman (cf. Balkans).

Dans le camp des perdants lors de la première Guerre mondiale, le royaume de Bulgarie en sort amoindri territorialement et économiquement. Sur le plan politique, il connait une succession de régimes de plus en plus autoritaires : d’abord agrarien, jusqu’à son violent renversement en 1923 (le Premier ministre étant décapité), puis d’inspiration nazie, jusqu’au coup d’État du Zveno (parti corporatiste) en 1934. L’année suivante, le tsar bulgare Boris III écarte la formation du pouvoir installe une dictature personnelle, qui le conduit à réarmer le pays et à l’engager aux côtés de l’Allemagne hitlérienne, dans l’espoir de récupérer les territoires perdus en 1919. Espoir sans lendemain : après le décès du souverain, une insurrection menée par le Front de la Patrie (coalition des communistes du Parti ouvrier bulgare et du Zveno) renverse le gouvernement en septembre 1944 et instaure un régime favorable à l’URSS.
Le Zveno ayant été de nouveau écarté, le royaume de Bulgarie devient en 1946 une « démocratie populaire » totalement alignée sur Moscou. Dans un pays à 80 % agraire, l’agriculture est collectivisée, l’économie planifiée et une campagne d’industrialisation massive lancée. Les campagnes voient arriver l’électricité, des routes asphaltée, des infrastructures de santé et d’éducation. Sur le plan politique, Valko Tchervenkov s’inspire de Staline : il effectue des purges politiques, impose un culte de la personnalité et applique une censure des plus strictes. Avec la disparition du régime stalinien, Tchervenkov est remplacé par Todor Jivkov, dont le pouvoir autocratique s’accompagne d’une ère de stabilité politique et économique sans équivalent dans le bloc de l’Est. L’URSS a une telle confiance dans le régime communiste bulgare, qu’elle n’entretient aucune troupe sur le sol de la Bulgarie et envisagera même un temps d’en faire la seizième république soviétique.
Des problèmes économiques et sociaux apparaissent dans les années 1980, notamment en 1984, quand Moscou décide d’appliquer les tarifs internationaux au pétrole qu’il livrait à prix d’ami à Sofia. S’y ajoute la question de la minorité turcophone. Au début de l’année 1989, à la suite de graves affrontements dans certaines régions à forte population d’origine turque, Jivkov encourage les Turcs et les musulmans bulgares à partir s’installer en Turquie. Plus de 360 000 personnes suivent son appel, même si 150 000 rejoindront ensuite la Bulgarie, face aux difficultés d’installation qu’ils ont rencontrées en Turquie. A la fin de l’année 1989, la conjonction des mouvements de protestation entraîne la chute du régime communiste et la tenue d’élections multipartites l’année suivante.
Mais la transition vers la démocratie de type occidental s’avère compliquée, dans un pays où règnent une corruption massive, ainsi que des mafias héritées de l’ère soviétique. Après les faillites économiques des post-communistes du Parti socialiste bulgare (PSB), puis les échecs de la droite libérale, la Bulgarie se retrouve en 2001 dans une situation incongrue : son Président (aux pouvoirs assez limités) est issu du PSB, tandis que son Premier ministre est monarchiste ; il s’agit de l’ancien roi Siméon II de Saxe-Cobourg-Gotha qui, après avoir été chassé par les communistes en 1946, est rentré au pays et a fondé son propre parti (le MNS, Mouvement national Siméon), en tête dans quasiment toutes les régions et classes de la population. Malgré ces difficultés, la Bulgarie poursuit son intégration au camp occidental, adhérant à l’OTAN en 2004 et à l’Union européenne en 2007.
Depuis 2007, la scène politique est dominée par le parti de centre-droit Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB), dirigé par l’ancien policier et karatéka Boïko Borissov. Mais n’étant pas assez puissant pour gouverneur seul, il doit s’allier à des partis-charnières comme le Mouvement pour les droits et les libertés (MDL, représentant les minorités turque et rom) ou à des formations d’horizons divers. Ces alliances s’avèrent fragiles de sorte que, entre avril 2021 et octobre 2024, les électeurs bulgares – de moins en moins nombreux (aux environs d’un tiers) – ont dû voter sept fois, sans dégager de majorité claire. Le dernier scrutin a fait entrer au Parlement monocaméral huit partis aux objectifs très divergents, sur fond de guerre entre la Russie et l’Ukraine : des formations partisanes d’une intégration accrue à l’UE (comme l’alliance PP-DB « Poursuivons le changement-Bulgarie démocratique » avec 14 %), d’autres favorables au statu-quo (le GERB 26 % ou le PSB 7 %), ainsi que des mouvements pro-russes (Vazrazhdane, Renaissance, 13 %) ou populistes (Un tel peuple existe, ITN, créé par un chanteur et présentateur de télévision et sa dissidence Metch). Sur fond d’affaires de corruption, le MDL s’est scindé en deux formations rivales, le MDL-Nouveau départ et l’Alliance pour les droits et les libertés qui, avec leurs alliés respectifs, ont obtenu 19 %. Les négociations sur la formation d’un gouvernement capotent en janvier 2025, les libéraux refusant qu’il soit dirigé par un membre du GERB.
Photo : la cathédrale Nevsky à Sofia