176 215 km²
République présidentielle
Capitale : Montevideo
Monnaie : peso uruguayen
3,4 millions habitants (Uruguayens)


Situé sur la rive gauche du fleuve Uruguay (d’où son nom officiel de République orientale d’Uruguay), le pays compte 660 km de côtes sur l’océan Atlantique et sur le Río de la Plata, estuaire de 35 600 km² commun aux fleuves Uruguay et Parana. Il partage 1591 km de frontières terrestres avec deux pays : 541 avec l’Argentine à l’ouest et 1 050 avec le Brésil au nord.
Prolongeant la Pampa argentine, le relief est composé de plaines ondulées, surmontées de petites collines culminant à un peu plus de 500 mètres. Le climat est subtropical.
Environ 85 % des habitants sont d’ascendance européenne, 8 % Métis, un peu moins de 5 % Noirs et un peu plus de 2 % d’Amérindiens (principalement Guaranis et Charrúas). La langue officielle est l’espagnol rioplatense, un dialecte portugais étant aussi parlé à la frontière avec le Brésil.
Sur les 63 % d’habitants déclarant une religion, 42 % sont catholiques, 15 % protestants d’obédiences multiples et 6 % adeptes de confessions diverses (Umbanda 3 %, Témoins de Jehovah, Juifs…).

L’Uruguay déclare son indépendance en 1825 et assure sa souveraineté après trois ans de lutte. Mais le pays est divisé entre les blancos du Parti national, représentant les intérêts des propriétaires terriens, et les colorados (rouges) du Parti libéral, incarnant la bourgeoisie urbaine de Montevideo. De 1839 à 1851, les deux factions s’affrontent dans une « Grande guerre », les blancos bénéficiant du soutien du gouvernement de Buenos-Aires, tandis que les seconds sont appuyés par le Brésil, les fédéralistes argentins et même des navires anglais et français ; dans les rangs colorados figure aussi le patriote italien Garibaldi, arrivé du Brésil. Le conflit tourne finalement à l’avantage des colorados, qui prennent le pouvoir en 1865.
A partir des années 1870, en dépit d’une instabilité politique persistante, l’Uruguay bénéficie d’une importante croissance économique due aux exportations de viande et de laine vers l’Europe, mais cette richesse ne bénéficie vraiment qu’aux oligarques ruraux. Des réformes majeures interviennent de 1903 à 1920 sous la présidence du libéral José Batlle y Ordóñez, qui obtient en 1904 la reddition du dernier des caudillos blancos encore révolté contre le gouvernement central (à la frontière du Brésil), favorise le développement industriel et proclame la séparation de l’Église et de l’État. Il renforce par ailleurs les tarifs douaniers et nationalise certains secteurs de l’économie (raffineries, grandes industries, banques) pour financer ses investissements dans la santé et l’éducation ainsi que ses réformes sociales : journée de huit heures, système de retraite à 60 ans après trente ans de service (sauf pour les travailleurs agricoles), aides pour les travailleurs licenciés et les femmes élevant des enfants… Politiquement, le pouvoir exécutif et partagé entre le Président et un Conseil national de neuf membres (dont trois réservés à l’opposition).
Les réformes s’achèvent avec l’avènement de la crise économique mondiale de 1929 et la prise de pouvoir par des colorados hostiles au battlisme, même si un neveu de l’ancien Président reprend le flambeau en 1942. Le relèvement des droits de douane (pour freiner les importations) ainsi que les investissements publics contribuent à l’industrialisation du pays dont la richesse est telle que, dans les années 1950, il reçoit le nom de « Suisse d’Amérique latine ». Mais ce protectionnisme a des limites : en 1958, les États-Unis et le Fonds monétaire international contraignent l’Uruguay à ouvrir davantage son économie. La crise économique qui en résulte ruine une grande partie des classes moyennes et réduit considérablement les salaires. En 1967, le principe d’un exécutif collégial est supprimé et le pouvoir échoit à Jorge Pacheco, descendant de José Battle mais de tendance conservatrice. Pour redresser une économie en berne, il applique une politique autoritaire qui s’appuie sur la reconduction, chaque année, de mesures d’exception. A la même époque nait une guérilla urbaine d’inspiration marxiste : le Mouvement de libération nationale-Tupamaros (MLN-T). Tirant son nom du chef Inca Túpac Amaru (cf. Amérique du sud), il multiplie les actions armées et les enlèvements, tandis qu’apparaissent des escadrons de la mort liés à l’extrême-droite.
Fin 1971, les élections sont remportées de justesse, dans un contexte de fraudes importantes, par le colorado Juan María Bordaberry, dauphin de Pacheco. Deux ans plus tard, après le coup d’État de juin 1973, il passe sous la tutelle directe de l’armée . Rejoignant l’opération Condor, qui consiste à traquer les opposants aux divers régimes dictatoriaux d’Amérique du sud, la dictature uruguayenne dissout les partis politiques, suspend la Constitution et va emprisonner environ un habitant sur quatre-cent cinquante ! Des centaines de Tupamaros sont tués ou capturés et leurs dirigeants emprisonnés. Fortement libéralisée, l’économie subit le contrecoup de la crise pétrolière de 1973 et se détériore à partir de 1980. Le couperet tombe la même année pour la junte : en novembre, plus de 57 % des votants rejettent la réforme constitutionnelle visant à entériner la dictature. La transition démocratique qui suit aboutit à des élections générales, à la libération des prisonniers politiques mais aussi au vote d’une loi de caducité (approuvée par référendum en 1989), qui oblige les juges à consulter l’exécutif avant de poursuivre des policiers ou des militaires ayant pu violer les droits de l’homme pendant la dictature. Jusqu’aux années 2000, l’armée continue d’ailleurs à surveiller la scène politique et la mise en place de mesures économiques libérales. Celles-ci entraînent une forte dégradation de la situation sociale : près d’un tiers de la population plonge dans la pauvreté entre 1999 et 2005.
Fin 2004, les élections sont remportées par le Frente Amplio (Front élargi, FA), une coalition de gauche (née en 1971) qui rassemble des démocrates-chrétiens, des socialistes, des communistes, des dissidents des deux grandes formations et divers groupes fondés par d’anciens Tupamaros, comme le Mouvement de participation populaire. Le maire socialiste de Montevideo, l’oncologue Tabaré Vázquez, est élu dès le premier tour des présidentielles, mettant fin à cent soixante-dix ans de domination des blancos et des colorados. Cinq ans plus tard, le FA remporte un nouveau succès avec un nouveau candidat (le système uruguayen interdisant à un Président sortant de se représenter) : élu au second tour avec plus de 51 % de voix, José « Pepe » Mujica est un ancien guérilléro Tupamaro emprisonné treize ans sous la dictature. Deux anciennes Tupamaras sont également élues à la tête des deux Chambres parlementaires.
En revanche, les électeurs de 2009 rejettent l’abolition de la loi de caducité. Dans la pratique, aucune enquête n’avait été déclenchée jusqu’en 2005, mais les choses ont changé avec l’arrivée au pouvoir de la gauche qui a autorisé la justice à enquêter, ce qui a conduit aux condamnations de l’ancien commandant en chef de l’armée, le général Alvarez (vingt-cinq ans de prison) et de Bordaberry (trente ans, avant qu’il ne décède en 2011). La question de la prescription des crimes de la dictature revient au Parlement, qui vote l’abrogation de la loi de caducité après plusieurs retournements de situation. Désormais qualifiés de « crimes contre l’humanité », ils deviennent imprescriptibles. Mais, début 2013, ces dispositions sont jugées inconstitutionnelles par la Cour suprême, au motif que la rétroactivité est exclue du droit uruguayen.
En 2014, Tabaré Vázquez et le Front élargi remportent de nouveau les élections générales, après une croissance économique interrompue depuis quinze ans et les vastes réformes sociales et sociétales engagées par Mujica (avortement, mariage homosexuel, consommation de cannabis…). Mais la gauche perd le pouvoir fin 2019, au profit du Parti national. Le nouveau Président engage une politique ultralibérale, en matière économique et fiscale. Il fait même passer une « loi d’urgence » lui permettant de contourner les débats parlementaires pour accentuer la libéralisation de l’économie et restreindre le pouvoir syndical, mais elle est finalement rejetée de justesse, par référendum, en 2022. Dans un contexte sécuritaire et social qui s’est dégradé (tout en restant très loin de la situation des autres pays latino-américains), le Frente Amplio revient au gouvernement fin 2024, avec l’élection au second tour de Yamandu Orsid, soutenu par l’ancien Président Mujica (qui décède en 2025). Au Parlement, la coalition de gauche obtient une courte majorité au Sénat, mais gagne moins un peu moins de la moitié des sièges à la Chambre des députés.
Photo : statue du héros de l’indépendance José Artigas, sur la place de l’indépendance à Montevideo.