Guyana

Guyana

Seul pays anglophone d’Amérique du sud, le Guyana traverse des turbulences depuis son indépendance, sur fond de rivalités ethniques.

214 969 km²

République parlementaire

Capitale : Georgetown

Monnaie : dollar du Guyana

816 000 habitants (Guyaniens)

Ouverte sur l’océan Atlantique au nord (459 km de côtes), la République coopérative du Guyana partage 2 933 km de frontières terrestres avec trois pays : 836 avec le Suriname à l’est, 1308 avec le Brésil au sud et 789 avec le Venezuela à l’ouest. Ce dernier revendique les deux-tiers occidentaux de la Guyana, connus sous le nom d’Essequibo. Le Suriname a pour sa part plusieurs prétentions sur le territoire guyanien, notamment la région de Tigri, zone du sud-est également appelée le Nouveau Triangle (cf. Les contentieux de Guyane).

Le relief est constitué d’une étroite plaine marécageuse le long de la côte atlantique, qui se prolonge à l’intérieur par de la forêt vierge, puis par des paysages de savane et de montagnes (culminant à plus de 2770 mètres) au sud. Le climat est tropical.

Environ 90 % des habitants vivent sur la côte. Ils sont à 40 % Indo-Guyaniens (descendants des travailleurs venus d’Inde), 29 % Afro-Guyaniens (issus d’esclaves africains), un peu plus de 10 % Amérindiens (Arawaks, Caribes…) et 20 % Métis (d’Européens et d’autochtones, ainsi que d’Africains et d’Indiens, les dougla). La Constitution ne déterminant aucune langue officielle, ce rôle est joué de facto par l’anglais. En pratique, les langues les plus couramment parlées sont le créole anglo-guyanien et l’hindi caribéen.

Sur 97 % de la population déclarant une religion, un peu moins des deux tiers est chrétienne : 35 % protestante (23 % de pentecôtistes, 5 % d’adventistes…), 7 % catholique et 22 % membre d’Églises diverses (dont Témoins de Jéhovah et Rastafariens). Les hindouistes sont 25 % et les musulmans 7 %.


Structuré au début des années 1950, le mouvement pour l’indépendance conduit le colonisateur britannique à accorder une relative autonomie à sa Guyane et à la doter, en 1953, d’une nouvelle constitution qui instaure le suffrage universel. Les élections qui suivent donnent une majorité au Parti populaire progressiste (PPP), mouvement d’inspiration marxiste recrutant principalement dans la communauté Indo-guyanienne. Ses premières décisions (telles que la reconnaissance du droit syndical) étant jugées trop à gauche par le Bureau britannique des colonies, Londres envoie alors des troupes, suspend la Constitution et démet le « ministre en chef » Cheddi Jagan. Celui-ci reprend la tête du gouvernement en 1961, après la victoire du PPP aux législatives et résiste, deux ans plus tard, à une tentative de coup d’État qui fait 170 morts. Les progressistes arrivent à nouveau en tête du scrutin de 1964, mais n’exercent pas le pouvoir : celui-ci est confié à une alliance formée par le Congrès national du peuple (PNC, scission du PPP recrutant principalement chez les Afro-guyaniens) et la Force unie (le parti, libéral, de la communauté blanche), qui disposent du soutien des États-Unis. C’est sous cet attelage que le pays accède à l’indépendance en mai 1966. En 1970, il prend le nom de république coopérative du Guyana.

En novembre 1978, la jeune histoire du pays est marquée par le suicide collectif de plus de neuf cents membres du Temple du Peuple, une secte chrétienne américaine qui s’était installée l’année précédente sur le sol guyanien. Quelques heures plus tôt, un parlementaire américain, ainsi que trois journalistes et une déserteuse du groupe, avaient été tués dans une embuscade, alors qu’ils venaient enquêter sur le gourou Jim Jones, accusé d’abus physiques et moraux sur ses fidèles.

Les élections tenues à partir de 1968 sont toutes remportées par le PNC qui, sous la direction de Forbes Durnham, instaure une quasi-dictature et se rapproche de Cuba et des pays socialistes. Sa mort, en 1985, favorise l’avènement d’un successeur qui libéralise la vie politique et économique. Tous les scrutins précédents ayant été entachés de fraudes manifestes, celui de 1992 est organisé sous la supervision d’observateurs du Commonwealth. Le PPP revient alors au pouvoir. Décédé en 1997, Jagan est remplacé par sa veuve, qui démissionne pour raisons de santé. Le PPP reste aux affaires jusqu’en 2015, date à laquelle il est battu par deux mouvements de centre-gauche : l’APNU (Un partenariat pour l’unité nationale, bâti autour du PNC) et l’Alliance pour le changement (qui veut dépasser les rivalités ethniques). Le chef du PNC, David Granger, prend alors la tête du gouvernement. Accusé de brader les intérêts pétroliers du pays (alors que d’importants gisements ont été découverts en 2015 au large des côtes), il est mis en minorité au Parlement à la fin de l’année 2018. En multipliant les recours, il parvient toutefois à se maintenir jusqu’à l’organisation de nouvelles élections en 2020. Marqué par des tentatives de fraude lors du dépouillement (qui entrainent un recomptage indépendant des bulletins), le scrutin est finalement remporté par le PPP, qui obtient une courte majorité absolue. Le nouveau Président, Irfaan Ali, doit faire face au retour des revendications de son voisin vénézuélien sur la Guyana Esequiba, la partie occidentale du pays riche en pétrole (cf. Article dédié).

Crédit photo : 12019 / Pixabay