Le Groenland, immensité convoitée

2,1 millions de km²

Pays constitutif du Danemark

Capitale : Nuuk (ex-Godthåb)

Monnaie : couronne danoise

56 500 habitants (Groenlandais)

Situé en Amérique du nord, entre les océans Atlantique au sud et Arctique, le Groenland est considéré comme la plus grande île du monde (l’Australie étant assimilée à un continent). Il a été baptisé ainsi au Xe siècle par le colonisateur viking Erik le rouge, qui espérait que ce nom de « terre verte » attirerait de nombreux autres colons. En réalité, les trois-quarts du sol sont recouverts de glace (jusqu’à 3 km de profondeur), de sorte que les habitants vivent essentiellement le long des côtes, en particulier dans le sud-ouest, ce qui représente la plus faible densité de population au monde (0,1 habitant au km²).

90 % des habitants étant Inuit, la seule langue officielle est un de leurs dialectes, le kalaallisut (ou groenlandais occidental).


Colonisé par des Vikings norvégiens, comme l’Islande et les îles Féroé (cf. Scandinavie historique), le Groenland passe au XVIIIe siècle dans l’orbite du royaume de Danemark (alors associé à la Norvège). En 1979, Copenhague lui accorde un régime d’autonomie interne qui est accru trente ans plus tard, même si la couronne danoise fournit encore la moitié du budget et conserve certaines compétences régaliennes (défense, monnaie, traités internationaux…). Cette tutelle est remise en cause par la plupart des partis politiques locaux ; les indépendantistes les plus impatients considèrent même que le pays pourrait voler de ses propres ailes grâce à ses ressources minérales (uranium, terres rares, graphite…), bien que le secteur minier ait du mal à décoller en raison de coûts d’exploitation élevés. De fait, c’est la pêche qui représente la quasi-totalité des exportations de l’île.

Son potentiel et son positionnement géographique n’en attisent pas moins les convoitises des Américains. Dès 1867, ils ont fait une offre de rachat du Groenland et de l’Islande au Danemark, au nom de la doctrine du Président Monroe qui a exclu toute influence des Européens en Amérique. La surveillance des îles étant passée temporairement aux mains des Américano-Britanniques durant la deuxième Guerre mondiale, le Président Truman refait une proposition en 1946, mais Copenhague la rejette. Élu à la tête des États-Unis fin 2024, le conservateur Donald Trump revendique l’annexion du Groenland, où les Américains possèdent encore une base militaire d’une centaine d’hommes à Pittufik (ex-Thulé) au nord-ouest.

En mars 2025, les législatives (suivies par plus de 70 % de l’électorat) voient la défaite de la coalition de gauche qui était jusqu’alors au pouvoir. Elle est devancée par les Démocrates (près de 30 %), parti de centre-droit favorable à une indépendance à terme, suivi des nationalistes du Naleraq (24,5 %), partisans d’une accession rapide à la souveraineté. Face aux revendications de plus en plus pressantes des États-Unis, la plupart des partis, hors nationalistes, forment un gouvernement de coalition, renvoyant la question de l’indépendance à des jours meilleurs. L’île amorce par ailleurs un rapprochement avec l’Union européenne, qu’elle a formellement quittée en 1985 (mais sans avoir rompu ses liens avec Bruxelles).