71740 km²
République présidentielle, membre du Commonwealth
Capitale : Freetown
Monnaie : le leone
9,1 millions de Sierraléonais
Comptant 402 km de côtes sur l’Atlantique, la Sierra Leone partage 1 093 km de frontières terrestres avec deux pays : 299 avec le Liberia au sud-est et le reste (794 km) avec la Guinée. La côte de mangroves s’élève en collines boisées et en montagnes à l’est (avec un point culminant à près de 1950 m). Le climat est tropical.
Le pays compte une vingtaine d’ethnies dont aucune n’est majoritaire. Les plus nombreux sont les Temné (35 %) au nord-ouest, suivis des Mendé (31 %) au sud, des Limba (9 %) au nord… La langue officielle est l’anglais, mais celle qui est utilisée entre les ethnies est le krio (créole anglais des descendants d’esclaves de Jamaïque, qui sont pourtant à peine plus d’1 %). Le temné sert de langue vernaculaire au nord et le mendé au sud. Le bengali est devenu symboliquement langue officielle en 2002, en hommage au contingent bangladais de l’ONU ayant maintenu la paix.
Les habitants sont musulmans à 77 % (essentiellement sunnites) et chrétiens à 23 % (essentiellement protestants). Les animistes sont entre 10 et 30 %, du fait d’un fort syncrétisme avec d’autres religions.
Prévue en 1960, l’indépendance du territoire britannique n’intervient que l’année suivante, du fait des tensions politiques et ethniques qui l’agitent. Membre du Commonwealth, le pays a la reine d’Angleterre pour souverain. Ses premiers chefs du gouvernement sont les Margaï, deux frères d’origine Mendé. Aux législatives de 1967, leur Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP) est défait par le Congrès de tout le peuple (APC), dont le chef, le Limba Siaka Stevens, doit attendre un an pour accéder effectivement au pouvoir, le scrutin ayant été suivi par une série de coups d’État militaires.
En 1971, Stevens instaure la république. Élu Président, il fait de l’APC un parti unique à partir de 1978 et, malgré ses promesses de lutter contre la corruption, s’implique fortement dans l’exploitation des mines de diamant du nord du pays, à son profit et celui de son entourage. Octogénaire, il démissionne à la fin de l’année 1985 en faveur d’un autre Limba, le chef de l’armée Joseph Saidu Momoh, qui essaie de redresser l’économie du pays et restaure le multipartisme en 1991. Mais ses efforts sont vains : il est renversé, au printemps 1992, par un groupe de jeunes officiers mécontents de l’incapacité de l’armée à freiner la progression d’une rébellion qui domine l’est du pays : le Front révolutionnaire uni (RUF).
Fondé par Foday Sankoh, un ancien officier destitué, le mouvement convoite les zones diamantifères du nord, à l’instigation du rebelle libérien Charles Taylor, rencontré lorsque d’une formation à la guérilla en Libye. Le RUF se rapprochant dangereusement de la capitale, la junte mobilise toutes sortes de renforts pour protéger Freetown ainsi que les mines de diamants : des mercenaires de la société sud-africaine Outcome, ainsi que des chasseurs traditionnels Mendé, les Kamajors. La situation continuant de s’enliser, le vice-président Mendé, Julius Maada Bio, dépose le chef de la junte en janvier 1996 et entame des négociations avec le RUF. Elles aboutissent à la signature d’un accord de paix en novembre suivant et à la tenue d’élections. Bio s’efface au profit de Ahmad Tejan Kabbah : musulman d’origine Mendé, le chef du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP) est élu Président de la république, tandis que le RUF se convertit en parti politique.
Mais la guerre n’est pas terminée. Elle reprend en 1997, à la suite de l’arrestation de Sankoh au Nigeria, pour détention d’armes. Le RUF peut compter sur un nouvel allié : l’AFRC (Armed Forces Revolutionary Council), nom du groupe d’anciens militaires sierraléonais qui s’est emparé du pouvoir à Freetown, sous la conduite du Limba Johnny Paul Koroma. Les deux factions vont également bénéficier du soutien du Président burkinabé Compaoré. Face à eux, le régime déchu s’organise et mobilise notamment les Kamajors au sein de Forces de défense civile (CDF). A la fin de l’été, il reçoit aussi l’appui de l’Ecomog, la force d’interposition de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Les soldats ouest-africains ayant chassé le RUF et l’AFRC du pouvoir, le président Kabbah est réinstallé à son poste en mars 1998. Mais les rebelles n’ont pas dit leur dernier mot : Sankoh ayant été condamné à mort, ses partisans mettent à feu et à sang la capitale en janvier 1999, avant de devoir se replier sur leurs bastions du nord où ils poursuivent leurs exactions et contrôlent toujours la quasi-totalité de la production des « diamants de sang ».
De nouveaux accords sont finalement signés à Lomé, six mois plus tard : ils prévoient une amnistie des crimes commis, la libération de Sankoh et l’entrée du RUF dans le gouvernement. Ils s’accompagnent du déploiement d’une force onusienne et de la création, l’année suivante, d’un Tribunal spécial pour la Sierra-Leone devant lequel le libérien Taylor sera condamné, mais pas Sankoh (décédé en 2003). La guerre prend officiellement fin début 2002, sur un bilan terrible : 120 000 à 200 000 morts, plus de deux millions de déplacés, l’enrôlement massif d’enfants (comme soldats ou comme esclaves sexuelles), des milliers d’amputations des jambes, des mains ou des bras (« manches courtes ou manches longues » selon l’endroit où les bras étaient sectionnés).
Depuis, le pays vit une période de paix – qui a conduit l’ONU à retirer ses Casques bleus en 2005 – et d’élections régulières dominées alternativement par le SLPP et par l’APC. D’origine Temné et Limba, le candidat de l’APC Ernest Baï Koroma exerce la fonction présidentielle de 2007 à 2018. Lui succède alors l’ex-putschiste Bio, qui est réélu en 2023, dans des conditions discutées. En octobre 2023, le gouvernement et l’APC signent un accord d’unité nationale, en vue d’accroître la coopération entre partis et de réformer le système électoral. Mais le pays connait encore des tensions : en novembre, d’anciens soldats attaquent une armurerie militaire, des casernes, postes de police et prisons (libérant plusieurs centaines de détenus). Les combats avec les forces de l’ordre font une vingtaine de morts, avant que le calme ne soit rétabli. L’opération est présentée par le pouvoir comme une tentative de coup d’État fomentée par l’ancien Président Koroma.
Légende photo : vue aérienne de l’estuaire, propice au mouillage de bateaux esclavagistes.