Cap-Vert

Cap-Vert

Économiquement fragile, l’archipel du Cap Vert est en revanche un modèle de démocratie sur le continent africain.

4 033 km²

République

Capitale : Praia

Monnaie : escudo cap-verdien

611 000 Cap-Verdiens

La diaspora compte environ 800 000 personnes, dont la moitié aux États-Unis.

Situé à plus de 570 km du cap homonyme du Sénégal, le Cap Vert est un archipel de dix îles volcaniques (et huit îlots) comptant 965 km de côtes. Appartenant à l’ensemble que les géographes appellent Macaronésie (avec les Canaries, les Açores, Madère et sa dépendance des Selvagens), les îles cap-verdiennes sont réparties en deux groupes : Barlavento au nord et Sotavento au sud (dont São Tiago, qui héberge la capitale et la moitié de la population). La plupart des îles ont un relief escarpé (avec un point culminant à plus de 2 800 m). Le climat est tempéré.

71 % de la population est Créole (mulâtre), 28 % Africaine et 1 % Européenne. La langue officielle est le portugais, mais celle qui est parlée est sa version créolisée (le crioulo). Le français est pratiqué, de sorte que le pays est membre de l’Organisation internationale de la francophonie.

Sur 84 % d’habitants déclarant une religion, plus de 81 % sont de confessions chrétiennes (dont 72 % de catholiques).


L’archipel est inhabité quand les Portugais commencent à le coloniser au XVe siècle et importent des esclaves pour faire tourner leurs plantations. Les îles deviennent un centre important pour la traite négrière, puis la pêche à la baleine et le commerce transatlantique. La population cap-verdienne résulte du mélange qui s’opère entre esclaves ouest-africains et colons européens, essentiellement portugais. Sa taille varie au fil des siècles, du fait des épidémies et des sécheresses chroniques — dues à la déforestation — qui entrainent des famines régulières, accentuées par l’absence d’aide alimentaire. Entre 1941 et 1948, 50 000 personnes meurent, soit plus du tiers de la population, dans l’indifférence des autorités portugaises. La situation provoque des vagues de départ telles que les Cap-Verdiens sont désormais plus nombreux à l’étranger que dans leur pays d’origine.

La faiblesse des investissements portugais et le refus de toute autonomie locale par les colons provoquent une montée des revendications indépendantistes au cours du XXe siècle. Afin de les satisfaire, Lisbonne modifie le statut de la colonie et en fait une province ultramarine du Portugal. Mais la mesure s’avère insuffisante. À partir de 1956, les indépendantistes du Cap-Vert s’allient avec ceux de la Guinée portugaise, voisine méridionale du Sénégal, pour former le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Il est dirigé par Amílcar Cabral, un ingénieur agronome de mère cap-verdienne et de père guinéen.


La lutte armée que déclenche le mouvement ne touche pas l’archipel. En revanche, elle se montre fructueuse sur le continent, où le PAIGC décrète l’indépendance de la Guinée-Bissau en 1973, avec l’aide de l’URSS, et apporte son soutien au Cap-Vert. Déstabilisé par des problèmes politiques internes, qui aboutissent à la chute de son régime autoritaire en 1974 (Révolution des œillets), le Portugal signe un accord avec le PAIGC à la fin de la même année : il prévoit la constitution d’un gouvernement de transition et l’élection d’une Assemblée nationale dont Lisbonne reconnaît la souveraineté en juillet 1975. Aristides Pereira, chef du PAIGC depuis l’assassinat de Cabral, devient le premier Président du pays.

Envisagée dès 1975, l’idée de réunir le Cap-Vert et la Guinée-Bissau est abandonnée après les troubles qui provoquent la chute du frère de Cabral à la tête de la république bisao-guinéenne. La branche cap-verdienne du PAIGC devient le Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert (PAICV), formation d’inspiration marxiste qui est la seule autorisée par le gouvernement de Praia. Comme dans beaucoup d’autres pays africains, le multipartisme apparait au début des années 1990. Tenues en janvier 1991, les premières élections libres voient le succès du candidat du Mouvement pour la Démocratie (MdP), une formation de centre-droit : António Mascarenhas Monteiro l’emporte avec plus de 73 % des voix face à Pereira.

Depuis, les deux partis se succèdent sans heurts au pouvoir. Cette alternance régulière, couplée à la liberté dont bénéficie la presse, font du Cap-Vert un des pays les plus démocratiques au monde. Depuis 2021, le pays est dirigé par un Président du PAICV, assisté d’un Premier ministre du MpD, celui-ci étant majoritaire à l’Assemblée. La situation économique est plus délicate, même si la diaspora alimente environ 10 % du PIB : l’archipel souffre des conséquences du dérèglement climatique (montée des eaux et sécheresses), conséquences d’autant plus importantes que l’eau douce y est rare.