56 785 km²
République autoritaire
Capitale : Lomé
Monnaie : franc CFA
8,9 millions habitants à 95 % Togolais
Bien que francophone, le Togo est membre du Commonwealth depuis 2022.
Le Togo s’étire sur environ 550 km du nord au sud et au maximum 150 km d’est en ouest. Bordé par un étroit littoral (de 56 km) sur le golfe de Guinée au sud, il partage 1 880 km de frontières terrestres avec trois pays : 651 avec le Bénin à l’est, 131 avec le Burkina-Faso au nord et 1 098 avec le Ghana à l’ouest.
Le paysage togolais mélange une côte de sable, des collines, des vallées verdoyantes et de petites montagnes dans le centre du pays (point culminant à moins de 990 km), des plaines arides et de grandes savanes au nord du pays. Le climat est tropical.
Le pays compte officiellement 37 groupes ethniques, dont aucun n’est majoritaire. Le plus nombreux est celui des Ewé (42 %), dont la communauté la plus importante (6 millions) se trouve à l’est du Ghana, dans l’ex-Togo britannique, avec également 600 000 membres au Bénin. Suivent des peuples Gur ou Voltaïques (Kabye/Kabré et Tem/Kotokoli 26 %), puis des Para-Gourma, proches des Mossi et Gourmantché du Burkina (17 %). La langue officielle est le français, mais les plus usitées sont l’Ewe et le Mina (variante dialectale de Lomé) au sud, le Kabye et le Dagomba au nord.
La population est à 42 % chrétienne (un peu plus catholique que protestante), à 37 % adepte de religions traditionnelles et à 14 % musulmane (sunnite).
Connu comme un centre majeur du commerce triangulaire, du XVIe au XVIIIe siècle – au point d’avoir été baptisé Côte des esclaves – le littoral togolais est conquis en 1884 par les Allemands, qui s’emparent quatre ans plus tard des terres Ewe de l’intérieur et font de l’ensemble la colonie du Togoland. Sa frontière occidentale, avec les possessions britanniques de la Côte de l’Or, est fixée en 1886 dans un traité qui divise de facto en deux les territoires peuplés d’Ewé. La situation évolue au cours de la Première guerre mondiale : peu défendu, les 88 500 km² du Togoland allemand sont conquis par les Britanniques et les Français qui, en 1919, reçoivent chacun un mandat de la Société des Nations (ce qui est aussi le cas au Cameroun) : Paris hérite d’environ les deux tiers orientaux et Londres du tiers occidental, allant jusqu’aux rives du lac et du fleuve Volta, c’est-à-dire à la frontière de la Côte de l’Or ; administrativement, le Togo anglais est d’ailleurs rattaché à celle-ci, tandis que le Togo français demeure une colonie à part entière, après une tentative infructueuse de rattachement à la colonie du Dahomey (futur Bénin).
Lorsque la question de l’indépendance de la Côte de l’Or se profile, Londres obtient des Nations-Unies l’autorisation d’organiser un référendum sur le devenir de son territoire togolais. Le résultat de la consultation, tenue en 1956, est clair : à l’exception des Ewe du sud, plutôt favorables à une réunification des deux Togo, la majorité des votants se prononcent pour le rattachement à la Côte de l’Or. C’est chose faite au sein de la république qui, l’année suivante, devient indépendante sous le nom de Ghana.
De son côté, le Togo français, autonome depuis 1956, devient pleinement indépendant en 1960, sous la direction de Sylvanus Olympio, un Ewé de Lomé. Il instaure un régime présidentiel, de plus en plus autoritaire qui suscite un mécontentement croissant dans la population, en particulier dans le Nord délaissé par le pouvoir. Le vase déborde en 1963, quand le Président refuse d’intégrer dans l’armée des soldats, majoritairement nordistes, ayant combattu dans les rangs français lors des guerres d’Indochine et d’Algérie. Olympio est renversé et assassiné par un groupe de militaires, principalement Kabré, conduits par le sergent Gnassingbé Eyadéma. Toutefois, les putschistes ne conservent pas le pouvoir : ils le confient à Nicolas Grunitzky, un métis germano-ewé qui avait été Premier ministre du Togo autonome.
Jugé trop libéral, il est renversé en 1967 par un nouveau coup d’État militaire, toujours dirigé par Eyadéma, devenu lieutenant-colonel. Cette fois, le chef des conjurés garde le pouvoir et met en place une dictature à parti unique, le Rassemblement du peuple togolais (RPT). A la suite de violentes manifestations, en 1990, Eyadema doit accepter l’instauration du multipartisme et la tenue d’élections pluralistes, mais parvient à conserver le pouvoir avec l’aide de l’armée, majoritairement nordiste. Celle-ci réprime violemment des manifestations au début de l’année 1993. Cinq ans plus tard, le Président sortant frôle la défaite face à Gilchrist Olympio, fils du Président assassiné et chef de l’Union des forces du changement (UFC), mais des fraudes lui permettent d’être réélu. Retenant la leçon, il parvient à écarter son rival de l’élection présidentielle de 2003 qu’il parvient à disputer (et à remporter) grâce à une révision constitutionnelle (alors que le pays a déjà connu trois Constitutions depuis l’indépendance).
Lorsque Eyadema décède, début 2005, l’armée impose un de ses fils, Faure Gnassingbe, au mépris de la Constitution prévoyant que l’intérim soit exercé par le Président de l’Assemblée nationale. Pour donner un vernis démocratique à l’opération, le régime organise une élection que le fils Eyadema remporte avec plus de 60 %, au prix de fraudes manifestes : ainsi, dans le fief familial, le nombre de votants dépasse celui des inscrits. La répression des manifestations qui s’ensuivent font entre quatre et cinq cents morts. Pour essayer d’apaiser la situation, le Président signe, en 2006, un « accord politique global » avec les partis politiques et des représentants de la société civile. Il aboutit à la nomination comme Premier ministre d’un opposant historique, aussitôt désavoué par l’UFC.
Depuis, Faure et son parti remportent tous les élections, notamment grâce à un découpage électoral qui permet à un député (du RPT) d’être élu dans le nord avec 10 000 voix, quand il en faut dix fois plus à Lomé. Le Président doit en revanche compter avec une opposition intérieure : en 2009, il fait arrêter deux de ses demi-frères, hostiles à toute libéralisation, même minime, du régime. L’année suivante, le Président sortant est réélu avec près de 61 % des voix contre 34 % au principal candidat de l’opposition, qui dénonce des fraudes massives. Présents sur place, les observateurs de l’Union européenne constatent l’inégalité des moyens dont disposaient les candidats, la distribution de riz à très bas prix par les partisans du chef de l’État, ainsi que la panne de certains appareils numériques devant transmettre les résultats. L’élection est fatale à l’UFC : tandis que G. Olympio se rallie au régime, la majorité du parti fait sécession et fonde une nouvelle formation d’opposition, l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Son candidat, Jean-Pierre Fabre, arrive deuxième de la présidentielle de 2015, de nouveau remportée par le Président sortant, mais dans des conditions jugées correctes par les observateurs internationaux.
Au second semestre 2017, des manifestations – émanant d’une jeune formation d’opposition (le Parti national panafricain, PNP) – éclatent à Lomé et dans d’autres villes : elles réclament la restauration de la Constitution de 1992 qui, entre autres dispositions, limitait à deux le nombre mandats présidentiels. La revendication reste lettre morte et Faure peut obtenir un quatrième mandat en 2020. Elle resurgit toutefois, en avril 2024, sous la forme d’une pirouette : le Parlement sortant, qui n’est théoriquement plus en fonction depuis fin 2023, vote une nouvelle révision de la Constitution faisant de la Présidence de la république une fonction honorifique. La réalité du pouvoir reviendra au Président du Conseil, élu par le seul Parlement, sans limitation de la durée et du nombre de mandats, ce qui permettra à Eyadema fils de rester indéfiniment au pouvoir. Les législatives tenues dans la foulée accordent la quasi-totalité des sièges du nouveau Parlement à la formation présidentielle (l’Union pour la république, Unir, qui a succédé au RPT en 2012), l’opposition dénonçant une nouvelle fois des fraudes.
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Crédit photo : Muhammad Taha Ibrahim / Unsplash