196 722 km²
République présidentielle
Capitale : Dakar
Monnaie : franc CFA
19 millions de Sénégalais
Plus de 500 000 Sénégalais vivent à l’étranger et 1 million de Guinéens au Sénégal.
Ouvert sur l’Atlantique (avec un littoral de 531 km), le Sénégal partage 2 684 km de frontières terrestres avec cinq pays : 742 km avec la Mauritanie au nord (la frontière étant constituée par le cours du fleuve Sénégal), 489 km avec le Mali à l’est, 363 avec la Guinée et 341 avec la Guinée-Bissau au sud et 749 km avec la Gambie, qui est enclavée au sein du Sénégal. Le territoire gambien sépare la province méridionale séparatiste de Casamance (également frontalière de la Guinée-Bissau) du nord sénégalais.
Peu élevé (69 m de moyenne), le relief ne s’élève qu’au sud-est avec les contreforts du massif du Fouta Djalon (et un point culminant à près de 650 m). Le climat est tropical.
Aucune ethnie n’est majoritaire dans le pays, beaucoup étant présentes dans les pays voisins. La plus nombreuse est celle des Wolof (43 %), devant le groupe des Halpular (Peuls et sous-groupe des Toucouleurs 24 %, en Haute-Casamance et dans la vallée du Sénégal), les Sérères (15 %, dans l’ouest), les Diola ou Jola (4 % en Basse- Casamance, distincts des Dioula d’origine mandingue) et le groupe des Mandingues (5 % de Malinkés au sud-est, 2 % de Soninké dans le haut-Sénégal) auxquels s’ajoutent 1 % de Maures, ainsi que des Européens et des descendants de Libanais. La langue nationale est le français et vingt-deux parlers bénéficient du statut de langue nationale, avec une prédominance du wolof (parlé par plus de 90 % des habitants).
Plus de 97 % de la population est musulmane sunnite, souvent membre d’une des quatre confréries soufies (Tijaniyya, Qadiriyya, mouridisme et layénisme). Les chrétiens sont moins de 3 %.
En 1959, alors qu’elle prépare l’indépendance de ses anciennes colonies, la France projette de regrouper plusieurs de ses territoires d’Afrique occidentale au sein d’une Fédération qui prendrait le nom de Mali, comme le prestigieux royaume ayant régné sur la région au Moyen-Age. Mais la Haute-Volta (futur Burkina-Faso) et le Dahomey (futur Bénin) n’ayant pas donné suite, la Fédération du Mali voit le jour en juin 1960, dans un périmètre plus restreint : elle associe le Sénégal et ce qu’on appelle alors le Soudan français. Mais les divergences entre le Sénégalais Léopold Sédar Senghor – intellectuel libéral d’origine Sérère – et le Malien Modibo Keita – Malinké marxisant – sont telles que l’attelage rompt dès le mois d’août et que chacun des deux membres proclame sa propre indépendance.
Bien que catholique, Senghor s’appuie sur les marabouts des confréries soufies, comme l’avaient fait les autorités coloniales avant lui, tant leur pouvoir est important dans la société rurale. Politiquement, le chef de l’État s’avère beaucoup moins libéral qu’il ne l’est sur le plan économique. En 1962, il limoge et fait condamner son Premier ministre Mamadou Dia, représentant de l’aile gauche de l’Union progressiste sénégalaise (UPS), la formation présidentielle. Quatre ans plus tard, celle-ci devient de facto un parti unique, après avoir absorbé les autres organisations existantes. Après des troubles, notamment étudiants, à la fin des années 1960, le régime procède à une libéralisation progressive, sous l’égide du Premier ministre Abdou Diouf, lui aussi Sérère mais musulmans. Les dirigeants emprisonnés sont libérés et, en 1976, de nouveaux partis sont autorisés aux côtés de l’UPS devenue Parti socialiste ; parmi les nouveaux venus figure le Parti démocratique sénégalais (PDS) du Wolof Abdoulaye Wade.
Sur la scène régionale, Dakar se rapproche de la Gambie, territoire enclavé que son colonisateur britannique n’a jamais réussi à échanger avec la France. En 1967, Dakar et Banjul signent un accord de coopération économique, militaire et monétaire qui se matérialise, en 1980 et 1981, par l’intervention de troupes sénégalaises venues défendre le régime gambien contre des troubles, puis une tentative de coup d’État. Une Confédération de Sénégambie est même instaurée en 1982, mais elle sera dissoute sept ans plus tard, les deux pays n’ayant pas avancé dans leur processus d’intégration.
Entretemps, en 1981, Senghor a abandonné la présidence à Diouf, qui enchaîne les victoires électorales, mais dans un climat de fraudes de plus en plus prononcé. Au lendemain de Noël 1982, le régime voit également surgir le spectre du séparatisme Casamançais : une manifestation, sévèrement réprimée, secoue la capitale régionale, Ziguinchor.
En 2000, la victoire aux présidentielles finit par revenir à Wade, qui proclame une nouvelle Constitution l’année suivante. Réélu en 2007, le chef de l’État va amender une douzaine de fois la Loi fondamentale du pays, afin de renforcer ses pouvoirs et d’affaiblir toute forme d’opposition. Sous la pression de la rue, Wade renonce en 2011 à un projet instituant, notamment, un poste de vice-Président, destiné à son fils Karim. En revanche, il ne renonce pas à briguer, l’année suivante, un troisième mandat présidentiel, alors que la Constitution n’en autorise que deux ; pour se justifier, Wade argue que son premier mandat ne doit pas être compté puisqu’il a débuté un an avant la révision constitutionnelle. Cette annonce, ainsi que l’invalidation de la candidature du chanteur populaire Youssou N’Dour (faute d’un nombre suffisant de signatures citoyennes), provoquent de violentes manifestations à Dakar et dans plusieurs autres villes. Le scrutin se déroule en revanche dans le calme. Au second tour, le Président doit s’incliner devant Macky Sall, qui obtient 66 % des voix (avec un taux de participation de 55 %). Originaire d’une famille guerrière du Fouta, à la frontière de la Mauritanie, le nouveau chef d’État est un ancien Premier ministre ayant quitté le PDS pour fonder sa propre formation, l’Alliance pour la République (APR). Sall est réélu en 2019, avec 58 % dès le premier tour, non sans avoir écarté au préalable ses principaux opposants. Karim Wade et l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall (sans lien de parenté avec le chef de l’État), ont été emprisonnés pour malversations, avant d’être graciés ou de bénéficier d’une remise de peine, mais assortie d’inéligibilité.
En mars 2021, des scènes de guérilla urbaine font une dizaine de morts à Dakar et dans plusieurs autres villes ; les forces de l’ordre affrontent des jeunes qui réclament la libération du député panafricaniste et antisystème Ousmane Sonko, de père Diola et originaire de Casamance. Arrivé en troisième position lors de l’élection présidentielle, le chef du Pastef (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) a été arrêté à la suite d’accusations de viol. La tension reprend en juin 2023, lorsque Sonko, blanchi pour les faits qui lui étaient reprochés, est en revanche condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ». Ce verdict provoque des heurts qui font entre une quinzaine et une vingtaine de morts à Dakar et à Ziguinchor (dont Sonko a été élu maire). Le mois suivant, le chef du Pastef est arrêté et sa formation dissoute.
Macky Sall ayant finalement renoncé à briguer un troisième mandat, la Cour constitutionnelle publie une liste de candidats dans laquelle ne figurent ni Sonko, ni Karim Wade (puisque n’étant pas seulement Sénégalais, mais aussi de nationalité française). Voyant que, malgré cela, son dauphin a peu de chances de lui succéder, le chef de l’État essaie de reporter le scrutin, officiellement pour clarifier la situation. Mais la Cour constitutionnelle s’y oppose et fixe l’élection au mois de mars. Elle est largement remportée par le numéro deux du Pastef, tout juste libéré de prison : soutenu par le PDS, qui n’a pu présenter le fils Wade, le Sérère Bassirou Diomaye Faye obtient plus de 54 % des voix dès le premier tour (avec une participation de 61 %). Dès son entrée en fonctions, il nomme Sonko à la tête du gouvernement. En septembre suivant, il dissout le Parlement, en vue d’obtenir une majorité aux futures législatives. Quelques semaines avant le scrutin, le Premier ministre annonce un plan de développement de la Casamance. Sur le plan diplomatique, le panafricanisme de la nouvelle équipe – par ailleurs accusée de stricte orthodoxie musulmane et de méfiance vis-à-vis des confréries soufies – entend s’éloigner de la France et se rapprocher des pays de la pays de la région, dont un certain nombre sont en délicatesse avec l’ancienne puissance coloniale.
La campagne des législatives se déroule dans un climat tendu, marqué par le retour du gatsa gatsa, la version wolof de la loi du talion. Des affrontements suivis de représailles opposent des militants du Pastef à ceux de Samm Sa Kaddu, la coalition d’opposition menée par le maire de Dakar Barthélémy Dias. Tenu dans le calme et suivi par un peu moins de la moitié des électeurs, le scrutin est très largement remporté par le parti présidentiel : alors qu’il concourait sans allié, le Pastef rafle plus de trois-quarts des sièges, majorité qualifiée lui permettant de réviser éventuellement la Constitution. Victorieux dans la quasi-totalité des départements (sauf une poignée dans l’est), il devance très largement la coalition Takku Wallu Sénégal de l’ex-Président (réfugié au Maroc) et encore plus nettement celle d’un ancien Premier ministre de Macky Sall (Jam ak Njarin, Paix et prospérité en wolof) ainsi que Samm Sa Kaddu et le PDS de Karim Wade.