L’animisme sous toutes ses formes

L’animisme sous toutes ses formes

La vénération de la nature, des animaux ou des ancêtres anime les pratiques de multiples communautés à travers le monde.

L’animisme (du latin animus, « esprit », puis « âme ») est la croyance en un esprit, une force vitale, qui anime les êtres vivants, mais aussi les objets et les éléments naturels, tels que les minéraux, le soleil ou le vent. En tant que manifestations de défunts ou de divinités animales, ces esprits peuvent avoir une influence, bénéfique ou pas, sur le monde tangible, ce qui nécessite de leur vouer un culte. Dans de nombreux cas, la médiation entre les êtres humains et ces forces spirituelles (esprits de la nature, âmes des animaux sauvages, ancêtres…) est assurée par des sacerdotes, dont les plus connus sont les chamans de Sibérie (le mot est d’origine toungouse) et d’Amérique du nord. L’intermédiation passe parfois par un état de transe, du sacerdote ou du disciple.

L’animisme concerne des sociétés extrêmement diverses, situées sur tous les continents : l’Afrique subsaharienne, qui concentre à elle seule plus des deux tiers des animistes, l’Amérique (Amazonie, bassin caraïbe), l’Océanie (aborigènes australiens…), l’aire arctique et circumpolaire (Sami de Scandinavie et Inuits), les forêts d’Asie du Sud-Est, le Japon (Aïnous), la Sibérie et la haute Asie (bön tibétain, tengrisme ou culte du ciel éternel des peuples turco-mongols). Dans certaines régions, les pratiques animistes ont engendré de véritables religions, comme le shintoïsme japonais (qui célèbre le culte des ancêtres).

Sur les rives africaines du golfe de Guinée, le vodou(n) – terme signifiant « mystère » en langue fon – est le fruit de la rencontre entre les cultes traditionnels des dieux yorubas (les Orisha) et ceux des divinités des peuples de langues gbe (Fon, Adja, Ewé) et kwa (Akan). Il reste largement répandu au Bénin, au Togo et au Ghana. Avec la traite atlantique des esclaves, les « religions traditionnelles » africaines ont donné naissance à plusieurs cultes syncrétiques en Amérique, en se mélangeant à des traditions amérindiennes, européennes, voire hindoues : santeria et autre vaudou dans les Antilles, umbanda et candomblé (qui vénèrent un panthéon de saints catholiques et d’entités associées aux « forces de la nature ») au Brésil et en Amérique latine…

Dans d’autres zones, les pratiques animistes se sont mélangées à des rites religieux, comme ceux du bouddhisme tibétain (« chamanisme jaune » de Sibérie et de Mongolie), de l’islam ou du christianisme. C’est particulièrement le cas au sein du protestantisme évangélique et des milliers d’Églises indépendantes africaines (African-initiated church), dont certaines comptent des millions d’adeptes, parfois loin de leur lieu d’origine. Cf. Protestantismes, dissidences catholiques et syncrétismes.

Photo : site chamanique en Mongolie. Crédit : jackmac34 / Pixabay