21 041 km²
République présidentielle
Capitale : San Salvador
Monnaie : dollar américain[1]
6,6 millions d’habitants (Salvadoriens)[2]
[1] Depuis 2001, à la place du colon. Adopté en 2021, le bitcoin a été abandonné en 2025.

[2] Au moins 20 % de Salvadoriens vivent à l’étranger.

Le Salvador est le seul à ne pas avoir d’ouverture sur la mer des Caraïbes mais seulement sur l’océan Pacifique (307 km de côtes au sud). Il partage 590 km de frontières terrestres avec deux pays : 199 avec le Guatemala à l’ouest et 391 avec le Honduras (dont le Salvador conteste la souveraineté sur l’île de Conejo, dans le golfe de Fonseca).
Le relief est constitué d’une étroite bande côtière, d’un plateau central et de montagnes largement volcaniques (culminant à 2730 m). Le climat est tropical.
86 % de la population est métisse et un peu moins de 13 % blanche. Amérindiens et Noirs en représentent moins d’1 %. La langue officielle est l’espagnol.
Sur 84 % d’habitants déclarant une religion, 44 % sont catholiques et 40 % protestants (très majoritairement évangéliques).

Issu, en 1839, de la dissolution des Provinces-Unies de l’Amérique centrale (cf. Amérique centrale), le Salvador assoit principalement son économie sur la culture du caféier, sous la domination politique de quatorze grandes familles de planteurs et de négociants. En 1859, un général libéral s’empare du pouvoir : Gerardo Barrios instaure une politique si anti-cléricale qu’elle indispose fortement son très conservateur homologue du Guatemala. La guerre qui éclate entre les deux pays en 1863 (avec le soutien respectif du Nicaragua et du Costa-Rica pour le Guatemala et du Honduras pour le Salvador) aboutit à la victoire des Guatémaltèques et au remplacement de Barrios par un président conservateur.
La mévente du café, due à la crise économique mondiale de 1929, entraîne l’arrivée au pouvoir du général Maximiliano Martinez, qui instaure une dictature et noie dans le sang une insurrection paysanne (30 000 morts). Le principal leader du mouvement, le communiste Farabundo Marti (formé à la guérilla auprès des sandinistes du Nicaragua), est capturé et fusillé en 1932. Déposé à la suite d’une grève générale, en 1944, Martinez est remplacé quatre ans plus tard par des colonels réformistes, qui proclament une nouvelle Constitution calquée sur le modèle mexicain : comme son grand voisin du nord, le Salvador est doté d’un parti officielle, le Parti révolutionnaire d’unification démocratique (PRUD). Deux nouveaux coups d’État, en 1961 et 1962, aboutissent à la promulgation d’une nouvelle Loi fondamentale et au remplacement du PRUD par le Parti de conciliation nationale (PCN) : la réalité du pouvoir est exercée par les militaires et les « quatorze familles ».
A l’été 1969, l’armée salvadorienne envahit le Honduras, après qu’un match de football entre les deux équipes nationales a dégénéré et provoqué l’expulsion par le gouvernement hondurien de milliers de travailleurs Salvadoriens vivant illégalement sur son sol. Cette « guerre du football » ne dure qu’une centaine d’heures, mais fait 3 000 morts, civils et militaires. L’Organisation des États d’Amérique (OEA) obtient rapidement un cessez-le-feu entre les deux belligérants, mais un traité de paix ne se sera signé qu’en 1980 (et le différend territorial entre les deux pays ne sera réglé qu’en 1992 par la Cour internationale de justice).
En 1972, l’élection frauduleuse du colonel Molina provoque des tensions entre le pouvoir et l’opposition, menée par Napoleón Duarte (chef du Parti démocrate-chrétien). En 1980, celui-ci est nommé à la tête de la junte que des militaires réformistes ont formée un an plus tôt. La paix ne revient pas pour autant. A droite, des escadrons de la mort sont apparus : ils sont notamment responsables de l’assassinat de l’archevêque de San Salvador, Mgr Romero. A gauche, plusieurs guérillas ont pris les armes : en 1981, la plus importante, le Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN), lance un appel à l’insurrection générale. Inquiets, les États-Unis fournissent une aide militaire importante au régime salvadorien qui, à partir de 1989, est dirigé par un nouveau parti de droite radical, l’Alliance républicaine et nationaliste (Arena), bras politique des milices paramilitaires du major Roberto D’Aubuisson. Malgré cette radicalisation, un accord de paix finit par être signé en 1992, sous l’égide de l’ONU, mettant fin à un conflit qui a fait 75 000 morts et provoqué la disparition de 8 000 personnes.
La mise en œuvre de l’accord se traduit par le limogeage d’une vingtaine de hauts gradés (dont le ministre de la Défense et le chef d’État-major), par la réduction de moitié des effectifs de l’armée et par le désarmement du FMLN, qui se transforme en parti politique. Victorieuse des municipales de 1997, notamment dans la capitale, l’ancienne guérilla remporte l’élection présidentielle de 2009 avec un candidat modéré, l’ancien journaliste Mauricio Funes. Cinq ans plus tard, le FMLN conserve le pouvoir, en faisant élire cette fois un ancien guérilléro. Les plaies de la guerre civile sont d’ailleurs loin d’être refermées : en 2016, la Cour suprême juge anti-constitutionnelle l’amnistie accordée, vingt-trois ans plus tôt, par les signataires des accords de paix aux auteurs de crimes de guerre.
En 2019, un trouble-fête met fin à trente ans de domination du FMLN et de l’Arena : ancien maire de la capitale et descendant d’immigrés palestiniens, Nayib Bukele (37 ans) est élu Président de la république avec 53 % des voix dès le premier tour. Exclu du FMLN, il a pris la tête d’un petit parti conservateur (Nuevas Ideas, issu d’une scission de l’Arena) et s’est fait le champion de la lutte contre la corruption (qui a touché trois de ses quatre prédécesseurs : un décédé avant son procès, un autre emprisonné et un troisième réfugié au Nicaragua). Bukele s’affiche également en adversaire résolu d’une violence qui atteint des sommets (4 000 meurtres en 2017, soit à peine moins que toute l’Union européenne). Elle est due à la difficulté des autorités à remplir leurs promesses (notamment de redistribution de terres) et au désœuvrement d’anciens guérilleros ou de soldats démobilisés (l’armée est passée de 60 000 à 30 000 hommes), dont certains sont attirés par les maras (ou pandillas) de la Salvatrucha et du Barrio 18, venues des Etats-Unis. S’y ajoute la réapparition d’escadrons de la mort, qui s’en prennent en particulier à d’anciens dirigeants de la guérilla. Face à eux, la sécurité a été confiée à une nouvelle police souvent inexpérimentée : elle est constituée de 60 % de recrues, aux côtés de 20 % d’anciens policiers et de 20 % d’anciens membres du FMLN.
Bénéficiant de ses premiers résultats positifs contre la violence et d’une gestion correcte d’une pandémie de coronavirus, Nuevas Ideas et ses alliés remportent les deux tiers des sièges aux législatives de 2021, donnant au Président – déjà dénoncé pour son autoritarisme – la majorité lui permettant d’avoir les coudées encore plus franches. En mai, les parlementaires démettent le procureur général et les magistrats du Tribunal constitutionnel de la Cour suprême, les accusant d’avoir annulé, sous de faux prétextes, des mesures présidentielles concernant la lutte contre le crime organisé ou la pandémie. En septembre, un tiers des magistrats (les plus âgés ou les plus anciens) sont mis à la retraite.
En mars 2022, après une série de meurtres (dont plus de soixante en une seule journée), le pouvoir instaure l’état d’exception et engage une lutte frontale contre les maras. La construction de prisons spéciales est évoquée et le code pénal amendé, afin de faire passer à quarante-cinq ans de prison la peine maximale pour les chefs de gang et à plus de vingt celle des simples membres. Au total 75 000 pandilleros sont arrêtés et privés de tous leurs droits. Le taux d’homicide chute de 103 pour 100 000 habitants en 2015 à 2,4 en 2023. En dépit d’articles constitutionnels lui interdisant de se représenter immédiatement, Bukele est réélu en février 2024 avec plus de 85 % des voix au premier tour. Son parti remporte la quasi-totalité des sièges parlementaires. L’élection avait été précédée de réformes réduisant le nombre de députés et de municipalités.
En 2025, alors que plus de 1,5 % de la population salvadorienne est déjà sous les verrous, Bukele propose aux États-Unis d’accueillir des délinquants que le nouveau Président conservateur américain ne veut plus garder sur son sol. Dans le même temps, les procès d’anciens responsables de la dictature continuent : l’ex-ministre de la Défense et deux colonels à la retraite sont condamnés à quinze ans de prison, pour le meurtre de journalistes hollandais commis en 1982. En juillet, le Parlement adopte une réforme constitutionnelle abolissant la limite du nombre de mandats du chef de l’État, ainsi que le second tour de scrutin, et allongeant le mandat présidentiel de cinq à six ans. Bukele pourrait donc se représenter indéfiniment.