27 830 km²
République autoritaire
Capitale : Gitega[1]
Monnaie : franc burundais
13,6 millions de Burundais
Totalement enclavé, le pays compte 1 140 km de frontières terrestres avec trois pays : 315 km avec le Rwanda au nord, 236 km avec la République démocratique du Congo (dont il est en partie séparé par le lac Tanganyika) à l’ouest, 589 km avec la Tanzanie (est et sud).
D’une altitude moyenne de 1 500 mètres, le relief de collines et de plateaux varie de près de 800 m sur les bords du lac Tanganyika à 2 685 m au point culminant. Le climat est de type tropical, avec alternance de saisons humides et sèches.
La répartition de la population est similaire à celle du Rwanda voisin : 84 % de Hutu, 15 % de Tutsi et 1 % de Twa. Les langues officielles sont le kirundi (langue bantoue proche du kyniarwanda et du giha parlé dans l’ouest de la Tanzanie), le français et l’anglais, avec des locuteurs du swahili.
86 % des Burundais sont chrétiens, majoritairement catholiques (62 %).
Établi dans les années 1600, le royaume du Burundi s’agrandit sous la houlette de monarques Tutsi, jusqu’à atteindre les frontières actuelles du pays au XIXe siècle. Il connaît alors le même destin colonial que le Rwanda : occupation allemande à la fin du XIXe, puis belge au lendemain de la Première guerre mondiale. Comme au Rwanda, la Belgique privilégie la minorité Tutsi, jugée plus éduquée, au détriment de la majorité Hutu (cf. Rwanda).
En 1962, le royaume devient indépendant, sous la forme – assez théorique –d’une monarchie parlementaire : le roi (mwami) Tutsi s’appuie sur une formation gouvernementale de la même origine, le parti de l’Unité et du progrès national (Uprona). Mais, comme au Rwanda (où les Hutu se sont livrés à une violente purge anti-Tutsi), cette écrasante domination de la minorité est de plus en plus contestée par la communauté majoritaire. En 1965, les élections envoient une majorité Hutu au Parlement, mais le mwami refuse d’en tenir compte et forme son propre gouvernement. Des officiers Hutu tentent alors un coup d’État, mais c’est un échec. La répression qui suit conduit à l’élimination de nombreux cadres de leur communauté et à la prise de pouvoir par des officiers Tutsi, qui renversent la monarchie et établissent une république à parti unique en 1966. Trois ans plus tard, de nouveaux massacres de Hutu font 50 000 morts.
En 1972, des Hutu se soulèvent dans le sud-ouest du pays, où ils fondent une éphémère république de Martyazo et tuent quelques milliers de civils de la communauté rivale. En représailles, l’armée à dominante Tutsi exécute entre 100 000 et 200 000 Hutu, éliminant les plus de 14 ans et ciblant en priorité ceux qui occupent des emplois dans l’éducation, les banques, l’armée, les affaires et les services publics. Plus de mille Hutu sont éliminés chaque jour, lors de cette opération de quatre mois connue sous le nom d’Ikiza (« fléau » en kirundi).
Unis dans leur traque des Hutu, les Tutsi sont en revanche divisée en clans qui se disputent violemment le pouvoir, en particulier ceux du sud du pays. En 1976, le tortionnaire Micombero est éliminé par son cousin, le lieutenant-colonel Bagaza, lequel est à son tour évincé en 1987 par le major Buyoya, à l’issue d’un coup d’État sanglant. Malgré les tentatives du nouveau Président d’associer davantage les Hutu au pouvoir, les tensions ne retombent pas : de nouveaux massacres se produisent dans le Nord l’année suivante, entraînant la fuite de 300 000 personnes, surtout en Tanzanie.
Sous la pression internationale, une nouvelle Constitution est promulguée en 1992 et des élections pluralistes organisées l’année suivante. Elles voient le succès des Hutu du Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu). Craignant de perdre leurs pouvoirs, des officiers Tutsi assassinent en 1993 le premier Président démocratiquement élu du pays, Melchior Ndadaye, alors qu’en seulement trois mois de mandat il avait associé à son gouvernement des membres de l’ancien parti unique Uprona et d’autres Tutsi modérés. Le drame déclenche une guerre civile, les tueries de 25 000 Tutsi étant suivies d’exécutions de Hutu. Ces derniers prennent les armes au sein de deux mouvements rivaux : les Forces de défense de la démocratie (FDD) et les Forces nationales de libération (FNL, bras armé du Palipehutu, le Parti pour la libération du peuple hutu).
Un accord de partage du pouvoir est trouvé début 1994, sous l’égide de l’ONU, mais ne tient pas : le nouveau Président Hutu disparait brutalement, en 1994, victime du missile qui frappe l’avion de son homologue rwandais, aux côtés duquel il se déplaçait. Cet assassinat entraîne un génocide des Tutsi au Rwanda et intensifie le conflit ethnique au Burundi : des dizaines de milliers de personnes s’enfuient au Rwanda et en Tanzanie, tandis que 250 000 sont tuées entre 1992 et 1995. L’ONG Médecins sans frontières constate un phénomène qui en dit long sur la violence des affrontements : le nombre de morts est supérieur à celui des blessés, ce qui est rare dans les conflits. En 1996, l’armée – toujours majoritairement Tutsi – impose le retour de Buyoya au pouvoir, dans un paysage de plus en plus radicalisé, puisque de nombreux modérés du Frodebu ont rejoint les FDD. Aux victimes des violences ethniques (dont plus d’un million de déplacés et réfugiés) s’ajoutent les 800 000 Hutu que le pouvoir a regroupés dans plus de trois cents camps à travers le pays, afin de priver les rebelles de soutien dans la population. Les exactions et exécutions sommaires y sont telles que les médecins des ONG ironisent sur les soi-disant victimes de maladies et d’accidents (« la chute-de-vélo par balle » ou le « choléra-par-balle »).
En 2000, la pression internationale conduit à la signature d’un accord de paix à Arusha (Tanzanie), mais sans les deux principales rébellions Hutu, ni une demi-douzaine de milices Tutsi (dont celle formée par le Parti de la restauration nationale de l’ancien Président Bagaza). Malgré tout, de nouvelles Constitutions sont adoptées en 2001 et 2005, afin d’organiser un partage du pouvoir et d’éviter qu’une des deux communautés ne soit totalement exclue de la gouvernance du pays : ainsi, des quotas ethniques sont instaurés au sein du gouvernement et des forces armées. Au terme d’un conflit qui aurait fait plus de 250 000 morts, les rebelles finissent par déposer les armes entre 2002 et 2005, à l’exception de quelques factions des FNL qui poursuivent le combat.
De nouvelles élections pluralistes sont organisées en 2005. Elles sont remportées par le CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie, émanation politique du principal mouvement rebelle Hutu), loin devant le Frodebu et les formations Tutsi. Élu Président, Pierre Nkurunziza prête serment devant la Présidente de la Cour constitutionnelle qui, neuf ans plus tôt en tant que magistrate, l’avait condamné à mort par contumace à la suite d’attentats à Bujumbura. Réélu en 2010, le chef de l’État n’en a pas fini avec la violence : non seulement une partie des FNL, ennemie irréductible des FDD, continue de se battre depuis ses bases d’Uvira en RDC, mais au tournant des années 2014-2015, des combats entre les forces armées et un groupe indéterminé de rebelles fait plus d’une centaine de morts au nord de Bujumbura ; fait inédit, les assaillants étaient à la fois Hutu et Tutsi. Face à la situation, le régime distribue des armes aux dizaines de milliers de membres de sa ligue des jeunes, les Imbonerakure, suspectés d’exactions multiples contre les opposants de tous bords : ainsi, les ex-FNL, pourtant Hutu eux aussi, deviennent les premières victimes du régime. D’une manière générale, les ultras jouent un rôle croissant dans les allées du pouvoir, notamment les descendants des massacres anti-Hutus de 1972, catégorie à laquelle appartient le Président, dont le père, alors député, fut exécuté.
Nkurunziza est de nouveau réélu en 2015, à la faveur d’une décision controversée de la Cour constitutionnelle l’autorisant à briguer un troisième mandat. Il l’emporte devant le candidat du Conseil national de la liberté (CNL, bras politique des FNL ayant déposé les armes) qui, en la circonstance, s’était allié aux Tutsis de l’Uprona. Mais cette prolongation est contestée, en particulier par certains officiers Tutsi qui tentent un coup d’État. Ayant échoué, ils se réfugient au Rwanda où, depuis le génocide, le pouvoir est exercée par la minorité Tutsi. D’autres mutins fondent de nouveaux mouvements armés, tels que la RED-Tabara (Restauration de l’État de droit au Burundi) et les Forces populaires (ex-républicaines) du Burundi.
Selon le régime majoritairement Hutu du Burundi, ces rebelles Tutsi bénéficient du soutien de leurs congénères dirigeant le Rwanda : nombre de leurs combattants auraient été recrutés et formés dans des camps de réfugiés, puis acheminés dans la province congolaise du Sud-Kivu, qui partage une frontière poreuse de 243 km avec le Burundi. Inversement, le régime de Kigali accuse son homologue burundais d’entretenir des liens avec les génocidaires Hutu du Rwanda qui se sont enfuis en RDC. C’est pour combattre ces diverses insurrections que les deux pouvoirs rivaux interviennent dans l’Est congolais. Avec l’accord de Kinshasa, l’armée burundaise, devenue majoritairement Hutu, y combat ses rebelles Tutsi, mais aussi ceux (rwandais et congolais) que le Rwanda finance et armes pour lutter contre ses propres rebelles Hutu.
Décédé à la fin de son troisième mandat, Nkurunziza est remplacé par un général de la même formation qui l’emporte largement, en 2020, sur le candidat du CNL. En janvier 2024, le Burundi ferme sa frontière et suspend ses relations diplomatiques avec le Rwanda.
Photo de une : Chris Wade Ntezicimpa / Pexels