241 038 km²
République présidentielle
Capitale : Kampala
Monnaie : shilling ougandais
49 millions d’Ougandais
Totalement enclavé, l’Ouganda partage 2 729 km de frontières terrestres avec cinq pays : 475 km avec le Sud-Soudan au nord, 877 km avec la République démocratique du Congo (RDC) à l’ouest, 814 km avec le Kenya à l’est, 172 km avec le Rwanda et 391 km avec la Tanzanie au sud.
Le pays partage les lacs Albert et Édouard avec la RDC et le lac Victoria avec le Kenya et la Tanzanie. A ce sujet, il conteste la souveraineté kényane sur le minuscule îlot de Migingo (5000 m2), bien qu’une commission internationale ait confirmé, en 2009, qu’il était bien situé dans les eaux du Kenya.
Le relief de l’Ouganda est très majoritairement composé de hauts plateaux, souvent fertiles, surmontés de quelques rebords montagneux (le Pic Marguerite culmine à 5110 m au mont Stanley). Situé à cheval sur l’équateur, le pays a un climat de type tropical, à l’exception du Nord-Est semi-aride.
Les Ougandais sont répartis en une soixantaine de groupes ethniques. Les « gens du Sud » (70 % de la population) sont des Bantous : Baganda (17 %), Banyankole (ou Ankole, proches des Tutsi du Rwanda et du Burundi, 10 %), Basoga, Bakiga, Bagisu, Batoro… D’origine nilo-saharienne, les « gens du Nord » (30 %), comptent dans leurs rangs les Teso (7%), Langi, Acholi (4 %)… Les langues officielles du pays sont l’anglais et le swahili.
Environ 45 % de la population – qui pratique aussi des cultes traditionnels – est protestante (dont 32 % d’anglicans), 39 % catholique et 14 % musulmane.
L’Ouganda accède à l’indépendance en 1962, sous la forme d’un État fédéral réunissant quatre royaumes plus ou moins autonomes (Buganda, Bunyoro, Ankole et Toro), un territoire (Busoga) et des districts. Il bénéficie alors d’une des économies les plus développées et d’un des meilleurs systèmes scolaires d’Afrique. Mais ces atouts vont être dilapidés par les régimes rivaux qui se succèdent. En 1966, le Premier ministre Milton Obote, un Longo qui a fondé le Congrès du peuple ougandais (UPC) se retrouve mêlé à une affaire de contrebande d’or et d’ivoire. Prenant les devants, il suspend la Constitution, s’octroie les pleins pouvoirs et dépose le Président Mutesa, par ailleurs kabaka (roi) du Buganda. Le nouvel homme fort du pays fait ensuite adopter une loi qui abolit la structure fédérale établie par la Constitution et fait du pays une république unitaire. Au fil des ans, son régime devient de plus en plus autoritaire. Se détachant peu à peu des Occidentaux pour se rapprocher du camp socialiste, Obote cesse notamment de recourir aux services des Israéliens, qui formaient l’armée ougandaise, en particulier pour soutenir la guérilla des Anyanya au Soudan.
En 1971, alors qu’il est en déplacement à l’étranger, le chef de l’État est à son tour déposé, victime du putsch perpétré par Idi Amin Dada, son ancien complice dans le trafic d’or. Chef en titre de l’armée, ce musulman de la petite ethnie nordiste des Kakwa venait d’appendre qu’il allait être arrêté pour détournement de fonds. L’une de ses premières décisions, soi-disant dictée par la voix de Dieu, est d’expulser les Indo-Pakistanais et autres Asiatiques et de confisquer leurs biens. L’économie n’y résiste pas et s’effondre. Le régime sombre dans une dictature de plus en plus violente et paranoïaque, dont au moins 300 000 civils vont être victimes. Escadrons de la mort et forces spéciales traquent les tribus rivales, les partisans (réels ou supposés) de Obote et tout ce qui s’apparente à une intelligentsia : anciens ministres et hauts fonctionnaires, juges, enseignants, clergé, banquiers et hommes d’affaires, journalistes… Des villages entiers sont rasés et le Nil se charge de centaines de corps.
Le pouvoir adopte aussi une politique expansionniste, revendiquant une partie du Kenya et du Soudan méridional. En 1978, avec le soutien militaire de la Libye, Amin Dada lance ses troupes à l’assaut du nord-ouest de la Tanzanie, accusée d’héberger des opposants. Mais l’opération tourne court. Appuyée par un regroupement d’opposants (le Front national de libération de l’Ouganda, UNLF), l’armée tanzanienne entre sans combats dans Kampala, en 1979. Elle bénéficie, entre autres, de la destruction de l’aviation ougandaise trois ans plus tôt, lors d’un raid israélien contre des preneurs d’otages palestiniens sur l’aéroport de Entebbe. Amin Dada s’enfuit et mourra en Arabie saoudite en 2003, sans avoir eu de comptes à rendre sur ses atrocités.
Le pays ne retrouve pas le calme pour autant. Ramenés au pouvoir par les Tanzaniens, les Baganda ne parviennent pas à s’imposer face aux autres ethnies. Obote revient même au pouvoir en 1980, à la faveur d’une élection dont l’irrégularité est dénoncée par l’opposition. Quand l’armée tanzanienne se retire, en 1981, plusieurs rébellions apparaissent, en plus de celles réunissant des partisans d’Amin Dada. La plus importante est l’Armée de résistance nationale (NRA), dirigée par Yoweri Museveni, un fils d’éleveur Banyankole formé aux armes par la Tanzanie (comme de nombreux chefs de mouvements de libération). Comme d’autres mouvements, elle est issue de l’UNLF, coalition s’est disloquée après la chute d’Amin Dada et le retour au pouvoir de l’UPC d’Obote. Face à la « guerre de brousse » déclenchée par la NRA, principalement au nord de Kampala, le Président enclenche l’opération Bonanza. Les combats vont faire quelque 300 000 morts.
Mais l’armée nationale se délite, les Acholi se plaignant d’être moins bien traités que les Langi. La nomination d’un chef d’État-major Lango pousse deux généraux Acholi à s’emparer du pouvoir en 1985. Mais le règne de Okello et de son partenaire est de courte durée. Six mois plus tard, en janvier 1986, la NRA entre dans la capitale, avec le soutien de réfugiés Tutsi du Rwanda et Museveni devient Président de la République. Largement élu aux premières élections présidentielles au suffrage universel en 1996 (seul le Nord ayant voté pour l’opposition), Museveni est réélu tous les cinq ans (avec au moins 58 % des voix) souvent face au même rival, Kizza Besigye, un ancien proche devenu opposant.
Dans le Nord, certains Acholi ne désarment pas et poursuivent un combat mystico-militaire. D’abord sous la direction de la prêtresse Alice Lakwena qui fonde en 1986 le Mouvement du Saint-Esprit, puis sous celle de son neveu Joseph Kony. Soutenue par le Soudan musulman – en représailles au soutien que Kampala apporte à certains rebelles chrétiens du sud-Soudan – son Armée de résistance du seigneur (LRA) se livre à de terribles exactions, telles que l’enlèvement de jeunes hommes et de jeunes femmes (reconvertis en soldats ou en esclaves) et l’amputation de tous ceux qui enfreignent ses règles. Surnommés « otontong » (coupeurs en acholi), les miliciens de Kony coupent les chevilles des cyclistes (pour les empêcher d’aller renseigner les forces gouvernementales) et sectionnent les lèvres, oreilles et nez des présumés collaborateurs du régime ougandais.
Museveni rétablit malgré tout une certaine stabilité. Sur le plan économique, il réussit à faire revenir les Asiatiques chassés par Amin Dada. Sur le plan politique, l’essentiel du pouvoir est détenu par le Mouvement de résistance nationale (NRM), malgré la restauration du multipartisme en 2004. Le régime restaure aussi les anciens royaumes, mais seulement en tant qu’entités culturelles, ce qui est loin de satisfaire les Baganda. En 2009, des affrontements meurtriers les opposent aux Ankole à Kampala. La même année, le pouvoir accède à la demande des ethnies Bakonjo et Baamba de retrouver leur royaume du Rwenzururu (dans les monts Rwenzori), éphémèrement découpé du Toro en 1962. Ceci n’empêche pas les forces de l’ordre d’affronter des jeunes Bakonjo en 2014, puis la garde du roi deux ans plus tard, les heurts faisant des dizaines de morts. L’omusinga (souverain) est non seulement suspecté de séparatisme, mais aussi d’entretenir des liens avec un mouvement rebelle : nées en 1995, sous l’impulsion du Soudan, les Forces démocratiques alliées (ADF) résultent de la fusion de l’Armée nationale de libération de l’Ouganda (NALU, soutenue par le Zaïre et le Kenya contre Museveni), de l’Armée de libération musulmane de l’Ouganda et du Mouvement démocratique allié (monarchiste Baganda).
C’est notamment pour poursuivre ses rébellions armées – mais aussi piller certaines richesses minérales de son immense voisin congolais– que Museveni s’est fortement investi sur la scène régionale : d’abord pour aider son ancien allié Kagame à s’emparer du pouvoir au Rwanda en 1994, puis pour chasser le maréchal Mobutu du Zaïre (RDC) en 1996. Depuis, il y entretient des relations à géométrie variable : parfois brouillé avec son ancien protégé rwandais, il n’en est pas moins à ses côtés pour entretenir des rébellions destinées à gêner le régime de RDC, tout en combattant aux côtés de l’armée congolaise contre les ADF et la LRA. L’indépendance du sud-Soudan, en 2005, lui ayant fait perdre ses bases arrières, la rébellion de Kony s’est en effet repliée sur la RDC et la Centrafrique où elle poursuit ses pillages, enlèvements et horreurs diverses (fuyards crucifiés ou achevés à coups de gourdins, femmes obligées de tuer puis de manger leurs nouveau-nés…).
Refusant les appels à se retirer, Museveni fait supprimer, en 2017, tout âge limite pour se présenter aux élections. Âgé de 76 ans, il peut ainsi se présenter en janvier 2021 et remporter son sixième succès, face à un nouveau concurrent, le chanteur populaire « Bobi Wine », dont l’arrestation avait provoqué des émeutes mortelles à Kampala et dans plusieurs villes du pays, en novembre précédent. En juillet 2024, une trentaine de membres du Forum pour le changement démocratique (FDC) sont arrêtés au Kenya, où ils suivaient une formation, et condamnés en Ouganda pour terrorisme. Le mois suivant, plusieurs dizaines d’étudiants sont arrêtés, alors qu’ils s’apprêtaient à remettre une pétition au Parlement contre un projet gouvernemental contesté pour son impact environnemental : la construction d’un oléoduc de plus de 1 400 km entre les gisements pétroliers du lac Albert et la côte tanzanienne. En novembre, l’opposant historique Kizza Besigye est arrêté par les services ougandais dans la capitale kényane et traduit devant une cour martiale de Kampala : il est accusé d’atteinte à la sécurité nationale et d’activités subversives à l’étranger visant à déstabiliser l’Ouganda.
Photo : village à la frontière de la RDC. Crédit : KPC-Peter / Pixabay
Des violences islamistes ponctuelles
Comme ses voisins, l’Ouganda subit les contrecoups de la lutte que les shabab mènent en Somalie. En 2010, les islamistes somaliens revendiquent les deux attentats à la bombe qui font plus de plus de soixante-dix morts dans un bar et un club de sport de Kampala, qui retransmettaient la finale de la Coupe du monde de football, un sport « impie ». L’Ouganda est ciblé parce- que fournissant un important contingent à la force internationale africaine qui soutient le gouvernement de Somalie.
Le pays doit également faire face à ses propres fondamentalistes musulmans de l’Alliance des forces démocratiques (ADF) qui, en 2017, font allégeance à l’organisation État islamique, sous le nom de Madinat al-Tawhid wa-l-Muwahidin (MTM, « la ville du monothéisme et des monothéistes »). Renforcées par d’anciens soldats hutus rwandais et d’anciens militaires du régime zaïrois de Mobutu, les ADF sévissent essentiellement à la frontière de l’Ouganda et du nord-Kivu congolais.